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Monter le bourrichon

Monter le bourrichon

Pourquoi dit-on « monter le bourrichon » ?

Le bourrichon est « la tête » en langage familier.

On doit les expressions « monter le bourrichon » et « se monter le bourrichon » (dont les sens sont légèrement différents) à Gustave Flaubert.

« Se monter le bourrichon » signifie « se monter la tête » ou encore « se faire des illusions ». On trouve cette expression pour la toute première fois dans la lettre de Gustave Flaubert à Louis Bouilhet : « Oh ! Comme il faut se monter le bourrichon pour faire de la littérature ! Et que bien heureux sont les épiciers ! »

Quant à « monter le bourrichon » à un tiers, cela consiste à lui donner des illusions. Flaubert encore en 1860 : « il faut que je monte joliment le bourrichon à mon public : il faut que je fasse baiser un homme, qui croira enfiler la lune, avec une femme qui croira être baisée par le soleil ».

A noter enfin que le bourrichon vient de la « bourriche », un panier sans anses servant à transporter différents produits.

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Avoir du foin dans ses bottes

Foin dans ses bottes

Pourquoi dit-on “avoir du foin dans ses bottes” ?

« Avoir du foin dans ses bottes » signifie avoir beaucoup d’argent.

L’expression trouve surtout application chez des personnes d’origine modeste qui ont réussi à atteindre un certain niveau de vie.

Dès le Moyen Age les paysans avaient pour habitude de fourrer avec de la paille leur sabots pour se protéger du froid. Ainsi ceux qui avaient non pas de vulgaires sabots mais des bottes étaient bien mieux lotis. Et ceux qui pouvaient y mettre du foin plutôt que la paille s’autorisaient un plus grand confort encore.

Au XVIIe siècle, Furetière utilise déjà l’expression « il a bien mis de la paille dans ses souliers » pour indiquer qu’une personne est riche, dans ce cas précis de manière illicite.

Signalons également que le mot « botte » peut également désigner une « meule » de foin. En posséder signifiait avoir de l’argent.

L’expression « avoir du foin dans ses bottes » semble donc être le résultat de ces différents usages et significations.

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A la six quatre deux

A la six quatre deux

Pourquoi dit-on « à la six quatre deux » ?

Quand un tâche est réalisée « à la six quatre deux » elle est bâclée, faite à la va vite.

Cette expression remonte au milieu du 19ème siècle mais son origine reste énigmatique.

Selon certains auteurs cette énumération dans le sens inverse des trois premiers chiffres pairs, correspondrait à la dénomination d’un jeu de hasard. Par extension une action réalisée sur le même mode, c’est-à-dire au hasard, serait réalisée de façon rapide et sans soin.

Selon une autre explication, cette expression viendrait du domaine de la peinture. Les trois chiffres superposés permettraient en effet de représenter schématiquement un visage. Un peintre peignant une toile à la six quatre deux travaillerait à son tour de façon schématique, sans détail.

Enfin certains affirment que l’origine de l’expression est à trouver dans le vocabulaire musical. Une mesure à six-quatre y est une mesure rapide à deux temps. On retrouve l’idée de rapidité et donc par extension d’absence de souci du travail bien fait.

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Avoir un poil dans la main

Un poil dans la main

D’où vient l’expression « avoir un poil dans la main » ?

« Avoir un poil dans la main » signifie être fainéant ou paresseux. L’image est aisément compréhensible. Tel individu est un si grand oisif qu’il utilise peu ses mains. A tel point que l’absence de frottements a permis à des poils d’y pousser.

L’origine exacte de l’expression n’est pas attestée. Mais il est certain que le poil y symbolise la paresse coupable. Même si la composition du corps humain empêche la réalisation physique de cette expression, elle a bel et bien vu le jour dès le 19ème siècle.

Depuis le langage parlé comme la littérature l’utilisent largement. Comme Catherine Challandes, dans L’escarlopette publié en 1990 : « Lui, on ne le voyait pour ainsi dire jamais, il devait avoir un poil dans la main, ce qui lui permettait d’écouter la radio à longueur de journée. ».

Dans certaines régions de France le poil est remplacé par un palmier pour accentuer l’effet comique.

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Au four et au moulin

Au four et au moulin

Pourquoi dit-on « au four et au moulin » ?

Le plus souvent utilisée dans sa forme négative cette expression signifie « ne pas pouvoir être partout en même temps », « être dans l’incapacité d’exécuter plusieurs tâches à la fois ».

Elle est apparue à l’époque féodale, quand les paysans utilisaient le moulin et le four du seigneur pour faire leur pain, contre paiement d’une redevance « sur fours, moulins et pressoirs » justement. Cette taxe fut abolie à la Révolution par l’Assemblée constituante le 15 mars 1790.

Les deux tâches, moudre le grain dans le moulin puis faire cuire le pain dans le four, devaient être exécutées successivement. Il était impossible de les réaliser en même temps. Puisque chaque opération devait être réalisée distinctement, il était impossible d’être à la fois au four et au moulin.

Malgré la tradition strictement orale de transmission de cette expression on sait aujourd’hui qu’elle apparut dans le langage courant à partir du 17ème siècle.

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En baver des ronds de chapeaux

En baver des ronds de chapeaux

Quelle est l’origine d’« en baver des ronds de chapeaux » ?

« En baver des ronds de chapeaux » signifie endurer quelque chose de difficile, subir une épreuve dure à surmonter et se donner beaucoup de mal pour y parvenir.

A l’origine, c’est à dire au 19ème siècle, « en baver » est utilisé pour exprimer une grande admiration. Puis au siècle suivant il désigne l’état de quelqu’un qui supporte malgré lui une situation pénible. Le sens de « en baver » se fixe alors sur cette une idée de peine et de souffrance subies.

Quant aux ronds de chapeaux, Claude Duneton propose une explication liée aux modistes, les personnes qui confectionnent ou vendent des chapeaux de femme. Les ronds de chapeau étaient des ronds de plomb lourds qui, disposés sur les chapeaux, leur donnaient leur forme.

L’expression ferait donc référence au poids de ces ronds. Il s’agirait non seulement d’en baver, mais de surcroit en baver lourdement.

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Habillé comme l’as de pique

habille-comme-l-as-de-pique

D’où vient l’expression « habillé comme l’as de pique » ?

D’une personne mal vêtue, on peut dire qu’elle est «habillée comme l’as de pique».

Au 17ème siècle on utilisait cette expression pour désigner quelqu’un d’idiot ou de ridicule. On la trouve par exemple chez Molière qui dans sa pièce Le dépit amoureux, utilise «as de pique» pour insulter, qualifier d’imbécile.

Mais pourquoi donc un as de pique ? Il semble que cette carte ait été retenue non pour sa valeur en cartomancie, c’est-à-dire la mort, mais parce que l’as de pique fait penser au croupion d’une volaille. C’est en tous cas ce qu’explique Delphine Gaston dans Nos 500 expressions préférées (éd. Larousse).

Comparer l’aspect physique de quelqu’un à un as de pique revient donc à le comparer métaphoriquement à un croupion. Il a l’air d’un imbécile qui ne ressemble à rien si ce n’est à un trou du cul.

De nos jours l’expression est surtout appliquée en lien avec des vêtements choisis sans goût.

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Bon pied bon œil

Bon pied bon oeil

Pourquoi dit-on « bon pied bon œil » ?

Celui qui est ainsi qualifié a l’air en bonne santé. Il est vif et fringant. Cette personne a « bon pied », elle marche donc sans difficulté. Elle a de surcroit « bon oeil » puisqu’elle a une bonne vue. Il s’agit le plus souvent d’une personne d’un certain âge.

Cette expression date du 17ème siècle. « De bon oeil » signifiait alors « avec franchise ». Et à la même époque « aller de bon pied » était utilisé pour désigner une marche à un bon rythme.

On trouve ainsi l’explication suivante dès 1694 dans le dictionnaire de l’Académie : « On dit au figuré « bon pied bon oeil » pour avertir un homme de prendre garde à lui. « Il faut avoir bon pied bon oeil avec quelqu’un » signifiant « il faut être extrêmement alerte pour s’empêcher d’en être surpris ». »

On trouve enfin « bon pied, bon œil » dans Les Fourberies de Scapin de Molière en 1671 quand un personnage donne l’impression de se donner du courage par la formule suivante: « Point de quartier. Donnons. Ferme. Poussons. Bon pied, bon œil ».

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Passer sur le billard

Passer sur le billard

Quelle est l’origine de l’expression « passer sur le billard » ?

Il s’agit d’une expression relativement récente. Dès le début du 20ème siècle le billard désigne une table d’opération. Monter dessus signifie donc « se faire opérer ».  Mais il existe d’autres explications. En voici quelques-unes sous réserve de leur exactitude.

Durant la première guerre mondiale, et déjà même pendant la guerre de 1870, certains affirment qu’en l’absence de tables d’opération pour traiter les blessés, les autorités auraient réquisitionnées des tables de billards.

D’autres pensent que le docteur Billard aurait donné son nom aux fauteuils de dentistes fabriqués à partir de 1875. Le « billard » se serait ensuite appliqué non seulement à ces fauteuils mais aux tables d’opérations chirurgicales.

Enfin il semblerait que dans l’argot des poilus de la première guerre, le billard désignait le terrain où se déroulaient les combats. Passer sur le billard aurait donc signifié à l’époque sortir d’une tranchée pour aller au combat direct.

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Être soupe au lait

être soupe au lait

Quelle est l’origine de l’expression « être soupe au lait » ?

Une personne est dite « soupe au lait » si elle s’emporte rapidement, change vite d’humeur, et de manière générale si elle est imprévisible face à une situation qui ne lui convient pas.

L’expression est donc descriptive d’un comportement humain caractéristique du coléreux qui s’emporte facilement puis se calme très rapidement.

Elle date du 19ème siècle et trouve son origine, de façon attendue, dans la cuisine. Le lait sur le feu bout en effet très brutalement et redescend tout aussi vite une fois retiré. Comme ce liquide la personne dite « soupe au lait », après s’être emportée, retrouve son état normal dans des délais très brefs.

L’analogie entre le caractère d’un individu et les caractéristiques chimiques du lait sur le feu est évidente. On a donc recours à cette expression par analogie avec le bouillonnement qui ne prévient pas.

Bien qu’elle semble dater du 19ème siècle, on trouve trace de la première utilisation de l’expression en 1919.