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Reprendre du poil de la bête

reprendre du poil de la bête

Quelle est l’origine de l’expression « reprendre du poil de la bête » ?

« Reprendre du poil de la bête » signifie « aller mieux après avoir été malade ». De manière plus large cette expression s’emploie pour désigner une inversion de tendance, une prise d’avantage après avoir été en position de faiblesse.

A l’origine, le sens de l’expression est assez différent. Elle était utilisée pour indiquer qu’il fallait chercher le remède dans ce qui avait provoqué le mal. Elle se fondait sur la croyance ancienne et répandue que les poils des animaux qui venaient de mordre une personne pouvaient être appliqués sur la plaie à des fins de guérison. Ils pouvaient être utilisés tels quels, prélévés directement sur la bête ou bien réduits à l’état de cendre.

Il est encore possible de trouver trace de cette explication dans l’utilisation moderne de l’expression en ce qu’elle porte l’idée d’un ressaisissement, la nécessité de se confronter à la cause de ses problèmes pour en trouver l’issue.

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Tomber en quenouille

tomber en quenouille

Pourquoi dit-on « tomber en quenouille » ?

« Tomber en quenouille » signifie être laissé à l’abandon, perdre de sa valeur. Cette expression est marquée par une certaine misogynie.

La quenouille est un instrument utilisé autrefois par les femmes pour réaliser des travaux de couture ou de filage. Progressivement on s’est mis à désigner les femmes par ce terme. Dès le XVIème siècle on disait que quelque chose, généralement un bien immobilier, était tombé en quenouille quand par succession il était devenu la propriété d’une femme. Mais l’expression était péjorative. Le véritable sens était que le bien tombé en quenouille était tombé très bas puisqu’il était en possession d’une personne du sexe faibe. Celle-ci allait forcément faire dépérir la propriété.

La maxime s’appliqua également au royaume de France. Celui-ci ne pouvait échoir aux femmes.

L’expression s’applique aujourd’hui à tout type de bien et a conservé son caractère méprisant. En revanche la référence ouvertement misogyne s’est fort heureusement atténuée avec la disparition progressive des quenouilles.

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Tirer son épingle du jeu

tirer son épingle du jeu

Pourquoi dit-on « tirer son épingle du jeu » ?

« Tirer son épingle du jeu » consiste à bien se tirer d’affaire, à tirer un bénéfice d’une situation ou du moins à s’en retirer sans perte.

Cette expression remonterait au 15ème siècle. A cette époque les fillettes jouaient à un jeu dit « jeu des épingles ». Celui-ci consistait à l’aide d’une balle qu’elles envoyaient contre un mur, à déloger des épingles qui avaient été préalablement disposées dans un cercle sur le sol. L’objectif pour chaque joueuse était de récupérer au moins l’épingle mise en jeu. Dès lors on comprend aisément pourquoi « tirer son épingle du jeu » prit le sens de réussir à sauvegarder ses intérêts.

Cependant il faut souligner l’allusion érotique contenue dans l’expression. L’épingle y serait la représentation symbolique du sexe masculin. Puisqu’à l’époque il n’existait pas de moyen de contraception efficace, il convenait pour les hommes qui ne souhaitaient pas devenir père de retirer au bon moment leur épingle du jeu amoureux.

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Se mettre en quatre

se mettre en quatre

D’où vient l’expression « se mettre en quatre » ?

« Se mettre en quatre » signifie se donner beaucoup de mal, fournir des efforts considérables pour rendre service, la plupart du temps au bénéfice d’une personne. Cette expression date du XVIIe siècle.

La première hypothèse est l’idée qu’il s’agit de plier son corps en quatre pour parvenir à un résultat donné. L’image produite est explicite et évoque immédiatement un effort particulièrement prononcé, proche du sacrifice.

Mais une autre interprétation est possible. L’expression pourrait aussi provenir de l’idée qu’une tâche ardue est plus facile à réaliser si quatre personnes participent à son accomplissement, plutôt qu’une seule. Si malgré tout celle-ci se lance toute seule dans sa réalisation il faudra qu’elle se démultiplie pour venir à bout du travail. Elle se sera « mise en quatre personnes » et aura donc fourni un effort considérable.

Pour d’autres enfin, elle fait référence à l’expression « mettre en quatre quartiers » qui est une allusion directe aux efforts du bourreau pour écarteler un condamné.

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Prendre la mouche

prendre la mouche

Quelle est l’origine de l’expression « prendre la mouche » ?

Allons droit au but, « prendre la mouche » consiste à se vexer. Il existe deux explications sur l’origine de cette expression.

La première est animale. Au milieu du XVIIe siècle, date d’apparition de cette expression, une « mouche » désignait tous les insectes volants qui peuvent troubler le calme d’une existence ou d’un repos, tels les mouches elles-mêmes mais aussi les guêpes, les abeilles, les frelons ou encore les taons. Or quand un de ces insectes vient déranger une vache ruminant paisiblement dans un champ, celle-ci peut avoir une réaction brutale et soudaine. Elle se secoue et dans certains cas fuit. En l’observant on peut s’interroger sur la vivacité de son comportement et penser qu’il est quelque peu disproportionné.

La seconde hypothèse relève que la « mouche » désignait dès le 16ème siècle une pensée négative soudaine. Quand nous prenons la mouche, notre esprit prendrait ainsi ombrage d’un souci arrivé brusquement.

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Un secret de Polichinelle

un secret de Polichinelle

D’où vient l’expression « un secret de Polichinelle » ?

Un secret de Polichinelle est un faux secret car il est connu de tous. Mais les personnes placées dans la confidence ne savent pas avec précision quel est le degré de connaissance du secret de la part des autres.

Polichinelle est un personnage de la commedia dell’arte. Doublement bossu il est caricatural, débrouillard, fait preuve d’esprit et ne respecte pas les codes sociaux.

Dans une de ses aventures, il désire se venger d’un seigneur. Pour se faire il va révéler au roi, comme un secret, l’infirmité cachée du dit seigneur : il aurait le corps couvert de plumes. Mais il fait promettre au roi de garder le secret. Le problème est qu’il procède de la même manière avec tous les courtisans, leur demandant à tous de n’en dire mot. Toute la cour est alors au courant. Depuis ce secret mal gardé on appelle « secret de Polichinelle » les secrets qui n’en sont pas.

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Franchir le Rubicon

franchir le Rubicon

Quelle est l’origine de l’expression « franchir le Rubicon » ?

« Franchir le Rubicon » consiste à franchir une étape décisive et souvent irréversible. Il s’agit de prendre un chemin et d’assumer les conséquences de ce choix risqué.

Cette expression date de 49 avant J.-C. Il s’agit d’une référence directe à la révolte de César contre Rome. À cette époque le Rubicon était un cours d’eau qui marquait la frontière entre la Gaule et l’Italie romaine. Soucieux d’assurer la sécurité de Rome, le sénat romain avait interdit aux troupes militaires de passer le Rubicon armées. Aussi quand César se trouva face au Rubicon, il aurait dû déposer les armes. Mais il n’en fit rien. Jules César désobéit, viola la loi du Sénat romain et traversa le Rubicon avec ses légions en armes le 10 ou 12 janvier 49 av. J.-C.

A cette occasion il aurait prononcé la célèbre locution latine « Alea jacta est »signifiant « le sort en est jeté ».

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Parler français comme une vache espagnole

parler français comme une vache espagnole

Pourquoi dit-on « parler français comme une vache espagnole » ?

Ceux qui parlent français comme une vache espagnole le parlent très mal. L’expression est datée de 1640. Plusieurs explications ont cours quant à son origine.

Selon la première, le mot « vache » serait une déformation du mot « vasces » qui signifiait « basque ». La véritable expression serait donc « parler le français comme un Basque espagnol » (un basque qui se trouverait du côté espagnol de la frontière).

Pour les tenants de la deuxième hypothèse, le mot vache serait une altération de « basse » signifiant « servante ». En raison de la basse couche dont elle est issue sa maitrise de la langue serait médiocre.

Enfin selon la troisième explication proposée par Alain Rey et Sophie Chantreau, la référence à la vache était à l’époque systématiquement connotée péjorativement, comme dans « être sorcier comme une vache ». Et de la même façon, « espagnol » revêtait un caractère négatif. Ce serait donc l’utilisation cumulée de ces termes qui expliquerait le sens donné à l’expression.

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Un chèque en bois

Faire un chèque en bois

Pourquoi dit-on « un chèque en bois » ?

« Un chèque en bois » est un chèque sans provisions. Il ne permettra pas le paiement car il n’y a pas assez d’argent sur le compte bancaire auquel il est attaché.

La locution « de bois » est apparue au 13ème siècle. A cette époque le bois était très abondant. Sa valeur était faible et le prix de ce qui était réalisé en bois était bas. On y avait dès lors souvent recours pour réaliser des imitations d’objets, comme les jambes de bois. Cette fausseté se retrouve précisément dans l’expression qui nous occupe.

Puis progressivement « de bois » devint « en bois ».

Le chèque « en bois » est bel et bien un faux moyen de paiement. Il en a l’apparence sans permettre le transfert effectif de l’argent.

A noter qu’on retrouve le bois dans l’expression « langue de bois » qui exprime la même idée de la fausseté, cette fois dans le discours.

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Renvoyer aux Calendes grecques

renvoyer aux Calendes grecques

Pourquoi dit-on “renvoyer aux Calendes grecques » ?

Cette expression signifie repousser indéfiniment une action sans fixer de date précise pour sa réalisation. Renvoyer aux calendes grecques revient donc à remettre à la Saint Glinglin !

Les calendes étaient dans le calendrier romain le premier jour de chaque mois, correspondant à l’époque au jour de la nouvelle Lune. Ces jours là devait avoir lieu le remboursement des dettes. Mais chez les Grecs, rien de tel ! Point de calendes. Ils utilisaient une méthode différente pour compter le temps.

Donc renvoyer aux calendes grecques signifie renvoyer une action à un jour qui n’existe pas. Ce qui revient à ne jamais la réaliser.

A noter que le mot « calendrier » vient de de l’adjectif calendarium (« calendaire »), qui était un registre de comptes mentionnant les dettes remboursables le 1er du mois. Le calendrier est ainsi devenu le registre permettant d’associer un évènement à un jour.