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Se mettre martel en tête

se mettre martel en tête

D’où vient l’expression « se mettre martel en tête » ?

« Se mettre martel en tête » signifie s’inquiéter d’une situation ou au sujet d’une personne. A première vue il s’agirait d’une référence directe à Charles Martel, grand père de Charlemagne. Mais il n’en est rien. Ce « martel » est un ancien outil, une sorte de marteau.

A l’origine, c’est à dire au 16ème siècle, « avoir martel » signifiait « être perturbé par un sentiment de jalousie ». Mais rapidement l’expression prit le sens de « se faire du souci ».

La métaphore est claire et très parlante. Elle compare les tourments, les interrogations répétées et le questionnement ininterrompu, à des coups de marteaux dans la tête.

Au 18e siècle le sens de l’expression se fixa et désigna l’obsession de préoccupations diverses.

Le verbe « marteler » en découle. On peut ainsi lire sous la plume de Voltaire : « Je viens pour soulager le mal qui me martèle. »

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À tue-tête

à tue-tête

Pourquoi dit-on « à tue-tête » ?

Celui qui chante à tue-tête a une voix si forte et puissante que le son qu’il émet peut faire mal à la tête. Il est en tous cas le plus souvent dérangeant.

Dès le 12ème siècle « tuer » était utilisé dans diverses expressions afin d’exprimer l’idée d’évanouissement. Mais la locution « à tue-tête » trouve son origine bien plus tard, au XVIe siècle. A cette époque le terme « tuer » ne signifiait pas seulement enlever la vie. Il pouvait être également être utilisé pour exprimer l’idée de frapper le plus souvent à la tête ou bien signifier « fatiguer » ou « exténuer ». Cette dernière signification explique l’expression aujourd’hui disparue « à tue-chevaux » signifiant « très vite ».

Dès lors, le sens de l’expression qui nous intéresse est apparu naturellement et n’a pas évolué malgré les siècles. Quelqu’un qui chante ou crie à tue-tête a de fortes chances de fatiguer ceux qui l’entourent.

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Voir midi à sa porte

voir midi à sa porte

D’où vient l’expression « voir midi à sa porte » ?

« Voir midi à sa porte » signifie considérer les choses selon ses propres intérêts, évaluer une situation de son seul propre point de vue et d’après des critères personnels.

Cette expression date de l’époque qui a précédé l’invention des horloges. Pour connaitre l’heure, il fallait alors consulter des cadrans solaires. Ceux qui habitaient les villages disposaient donc de tels cadrans chez eux, le plus souvent sur le mur au-dessus de la porte d’entrée.

Cependant toutes les habitations n’étaient pas orientées vers le soleil de façon identique, et les cadrans pouvaient avoir été réalisés avec plus ou moins de soin et de précision. Aussi leur consultation pouvait donner lieu à la lecture d’horaires différents d’une maison à l’autre. Alors qu’il était midi chez l’un il pouvait être midi et quelques minutes au-dessus d’une autre porte.

Mais chacun ne faisait bien entendu confiance qu’à son propre cadran, et voyait par conséquent midi à sa porte !

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Un violon d’Ingres

un violon d’Ingres

Pourquoi dit-on « un violon d’Ingres » ?

Un « violon d’Ingres » est une passion souvent en lien avec les arts à laquelle on s’adonne en dehors de son activité principale.

On doit cette expression au peintre néo-classique français Jean-Auguste-Dominique Ingres né en 1780 qui exerça ses talents de grand portraitiste au 19ème siècle. Il peignit également des tableaux d’histoires et des nus féminins. Au-delà de la peinture, Ingres vouait une passion tout aussi artistique, pour la pratique du violon. Ses talents musicaux restent cependant l’objet d’’appréciations contradictoires.

Quel que fut son talent pour jouer du violon, au début du 20ème siècle on se mit à nommer naturellement un « violon d’Ingres », toute activité secondaire et non professionnelle exercée passionnément.

De nos jours on utilise aussi une autre expression au sens similaire, mais d’origine anglaise : un hobby.

A noter enfin que Le Violon d’Ingres est une célèbre photographie réalisée par Man Ray en 1924 qui représente Kiki de Montparnasse nue, de dos.

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Tirer à boulets rouges

tirer à boulets rouges

Quelle est l’origine de l’expression « tirer à boulets rouges » ?

« Tirer à boulets rouges » consiste à critiquer de façon virulente quelqu’un ou quelque chose. Les reproches ont un tel degré de violence et ils sont si nombreux que toute défense est rendue difficile.

On doit cette expression à Frédéric-Guillaume Ier, roi de Prusse. Au XVIIIe siècle, il eut pour objectif d’augmenter la puissance et l’efficacité des canons de son armée. Pour y parvenir il fit chauffer les boulets dans une forge, avant de les utiliser contre les troupes ennemies. Le résultat fut à la hauteur de ses espérances. Les boulets ainsi rougis, envoyés à haute cadence, provoquaient non seulement des dégâts en raison de leur poids mais aussi des incendies dus à leur incandescence. L’extinction des feux mobilisaient alors une partie des combattants, affaiblissant les troupes. Cette technique était également très efficace en mer.

L’usage de cette expression au sens figuré se fit à la fin du XVIIIe siècle.

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Faire du gringue

faire du gringue

Pourquoi dit-on « faire du gringue » ?



« Faire du gringue » consiste à draguer quelqu’un, chercher à le séduire. Si la drague était un filet de pêche, le terme « gringue » a lui désigné au 19ème siècle du pain.



Sa signification liée à la séduction viendrait, bien qu’il s’agisse d’une hypothèse, d’une transposition d’une autre expression, « faire des petits pains » dont le sens est « chercher à séduire », « faire la cour ».

Le langage français emprunte en effet très souvent au vocabulaire gastronomique pour exprimer l’idée de séduction ou de rapports amoureux, comme dans l’expression « dévorer du regard ». Ainsi on trouve « faire du gringue » dès 1905 dans L’argot au XXème siècle: Dictionnaire français-argot d’Artistide Bruant et Léon de Bercy.

Ne confondons pas celui qui « fait du gringue » de tel autre qui « fait la bringue ». Même s’il faut en convenir, les deux activités sont loin d’être incompatibles !

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Victoire à la Pyrrhus

victoire à la Pyrrhus

Quelle est l’origine de l’expression une « victoire à la Pyrrhus » ?

Une « victoire à la Pyrrhus » est une victoire qui donne lieu à de lourdes pertes pour le vainqueur.

Cette expression fait référence aux dommages considérables subies par l’armée du roi Pyrrhus d’Épire face aux Romains pendant les batailles d’Héraclée et d’Ausculum au 3ème siècle avant Jésus Christ. Pyrrhus était en effet un dangereux adversaire du temps de la Rome antique. Malgré ses victoires lors de ces affrontements, les batailles décimaient ses troupes.

Les Romains tombés au combat étaient remplacés alors que cela était plus difficile dans l’armée de Pyrrhus. A tel point que le roi eut prononcé ces mots : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus». Les victoires n’étaient donc pas susceptibles de le réjouir. Elles avaient un goût amer.

Malgré son origine militaire, l’expression est utilisée dans de nombreux autres domaines comme la politique ou encore le sport.

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Jeter l’éponge

jeter l’éponge

Pourquoi dit-on « jeter l’éponge » ?

« Jeter l’éponge » consiste à abandonner la réalisation d’une tâche. Cette expression a une origine sportive.

On la doit à un geste que l’on vit pour la première fois sur les rings de boxe, en Angleterre, au XIXe siècle. C’est à cette époque que naissent les règles auxquelles se soumettent les pratiquants du noble art. Dans ce sport, entre deux rounds, les boxeurs s’assoient dans leur coin. Face à eux leur entraineur les rafraîchissent et nettoient leur visage avec une éponge. Si pendant le combat un poulain prend trop de coups, l’entraineur peut jeter cette ‘éponge’ sur le ring pour indiquer son désir de mettre fin à la rencontre.

On voit apparaitre cette expression à la fin du 19ème siècle en Angleterre puis très rapidement en France au début du 20ème, pour un usage d’abord limité à la boxe, puis étendu à d’autres domaines dans lesquelles aucune éponge n’est d’ailleurs utilisée !

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Parler à la cantonade

parler à la cantonade

D’où vient l’expression « parler à la cantonade » ?

« Parler à la cantonade » n’a rien à voir avec le célèbre ancien joueur de football au tempérament sanguin.

Cette expression signifie parler sans s’adresser à une personne en particulier, sans attendre de réponse en retour.

Elle remonte au 17ème siècle et trouve son origine dans le monde du théâtre. Le mot « cantonade » y désigne alors les côtés de la scène puis les coulisses, c’est-à-dire un endroit où aucun spectateur ne se trouve.

Dès lors, lorsqu’un personnage, par un jeu scénique, s’adresse à un personnage invisible on dit qu’il s’exprime à la cantonade.

Le mot « cantonade » lui-même aurait pour origine « cantonada » qui en occitan était utilisé pour parler des angles d’une maison. C’est pourquoi on dit que les premiers à utiliser cette expression furent les troupes de cirque qui travaillaient dans le sud du pays.

Aujourd’hui l’expression n’est plus circonscrite aux représentations artistiques ni à la scène.

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Cordon bleu

cordon bleu

Pourquoi dit-on un « cordon bleu » ?

De nos jours être un « cordon bleu » signifie être un bon cuisinier. Mais cela n’a pas toujours été le cas.

Au 16ème siècle, pendant les guerres de religion, Henri III fonda l’ordre du Saint-Esprit. Premier ordre de la monarchie française son objectif était la défense de la foi catholique et de la personne royale.

Or ses membres, les chevaliers, portaient la croix de Malte accrochée à un ruban bleu. Abolie par la Révolution française elle fit place à la Légion d’honneur, instaurée en 1802 par Napoléon Bonaparte. Mais le symbole du cordon bleu resta. Il continua à représenter une distinction suprême et prestigieuse.

Le qualificatif « cordon bleu » signifie alors « le plus remarquable » sans qu’il ne fasse plus référence à un ordre particulier ou une distinction officielle. Dès 1832 il est utilisé pour désigner les cuisiniers de grand talent. Venant achever de consacrer l’expression dans le domaine culinaire Marthe Distel publia en 1895 l’ouvrage à succès « La Cuisinière cordon bleu », suivie de l’ouverture d’écoles du même nom.