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Une image d’Epinal

une image d’Epinal

Pourquoi dit-on “une image d’Epinal” ?

Utiliser « une image d’Epinal » consiste à enjoliver une réalité en ayant recours à une représentation simpliste et réductrice, naive et idéale. Elle relève du cliché. Celui qui souligne l’image d’Epinal décrite par un tiers déplore son emploi démesurément optimiste.

Epinal est une ville située dans les Vosges. A la fin du 18ème siècle, Jean-Charles Pellerin y créa une imprimerie qui produira des séries d’images aux couleurs saisissantes qui vont d’abord aborder des thèmes religieux puis participer à l’élaboration de la grandeur du personnage napoléonien par des images à sa gloire. Les scènes plus généralement militaires seront alors nombreuses. La gamme des sujets traités toujours de façon naive s’est ensuite rapidement élargie pour aborder des thèmes historiques, évènements de la vie quotidienne et illustrer des livres d’enfants ou de devinettes.

Ces images et le traitement de leurs sujets devinrent alors caractéristiques de la ville d’Épinal.

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Huis clos

huis clos

Quelle est l’origine de l’expression « huis clos » ?

Quand un évènement est à huis clos, il se déroule discrètement, sans témoin, dans la plus grande inimité et toutes portes fermées.

Le recours à cette expression mystérieuse est souvent figuré et s’applique généralement à une confrontation entre plusieurs personnes. Elle est le titre d’une célèbre pièce de théâtre de Jean Paul Sartre, qui explique peut-être d’ailleurs son succès à la fois dans le monde artistique et dans le langage courant.

« Huis » vient du latin ostium qui signifie « entrée ». Un « Huis » désignait donc en ancien français une porte. Par conséquent un « huis clos » est depuis le XVIème siècle une porte fermée.

L’expression est largement utilisée dans le domaine judiciaire où elle sert à désigner un procès sans public. On retrouve d’ailleurs « huis » dans une profession juridique, celle d’ « huissier » dont les tâches à l’origine comprenaient celle de portier.

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Faire du gringue

faire du gringue

Pourquoi dit-on « faire du gringue » ?



« Faire du gringue » consiste à draguer quelqu’un, chercher à le séduire. Si la drague était un filet de pêche, le terme « gringue » a lui désigné au 19ème siècle du pain.



Sa signification liée à la séduction viendrait, bien qu’il s’agisse d’une hypothèse, d’une transposition d’une autre expression, « faire des petits pains » dont le sens est « chercher à séduire », « faire la cour ».

Le langage français emprunte en effet très souvent au vocabulaire gastronomique pour exprimer l’idée de séduction ou de rapports amoureux, comme dans l’expression « dévorer du regard ». Ainsi on trouve « faire du gringue » dès 1905 dans L’argot au XXème siècle: Dictionnaire français-argot d’Artistide Bruant et Léon de Bercy.

Ne confondons pas celui qui « fait du gringue » de tel autre qui « fait la bringue ». Même s’il faut en convenir, les deux activités sont loin d’être incompatibles !

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Tout de go

tout de go

Pourquoi dit-on « tout de go » ?

L’expression « tout de go » signifie directement, sans préambule ni précaution. Elle est née au 17ème siècle.

«Go » n’a rien à voir avec le jeu de plateforme d’origine chinoise. Pas d’avantage avec le verbe anglais « aller ». Cette locution est en revanche en lien direct avec l’expression ancienne « avaler tout de gob » dont elle est la formule simplifiée. Le terme « gob », qui a donné le verbe « «gober », est cette technique d’ingestion des aliments. Or l’acte de gober est réalisé rapidement. Gober consiste donc précisément à s’alimenter de façon hâtive.

Il est donc logique que l’action réalisée tout de go le soit aussitôt, en un instant.

Au sens figuré le verbe « gober » prit naturellement le sens de « croire facilement sans réfléchir ». Celui qui gobe tout ce qu’on lui dit ne prend pas le temps de réfléchir et agit avec les informations comme avec un œuf !

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Victoire à la Pyrrhus

victoire à la Pyrrhus

Quelle est l’origine de l’expression une « victoire à la Pyrrhus » ?

Une « victoire à la Pyrrhus » est une victoire qui donne lieu à de lourdes pertes pour le vainqueur.

Cette expression fait référence aux dommages considérables subies par l’armée du roi Pyrrhus d’Épire face aux Romains pendant les batailles d’Héraclée et d’Ausculum au 3ème siècle avant Jésus Christ. Pyrrhus était en effet un dangereux adversaire du temps de la Rome antique. Malgré ses victoires lors de ces affrontements, les batailles décimaient ses troupes.

Les Romains tombés au combat étaient remplacés alors que cela était plus difficile dans l’armée de Pyrrhus. A tel point que le roi eut prononcé ces mots : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus». Les victoires n’étaient donc pas susceptibles de le réjouir. Elles avaient un goût amer.

Malgré son origine militaire, l’expression est utilisée dans de nombreux autres domaines comme la politique ou encore le sport.

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Jeter l’éponge

jeter l’éponge

Pourquoi dit-on « jeter l’éponge » ?

« Jeter l’éponge » consiste à abandonner la réalisation d’une tâche. Cette expression a une origine sportive.

On la doit à un geste que l’on vit pour la première fois sur les rings de boxe, en Angleterre, au XIXe siècle. C’est à cette époque que naissent les règles auxquelles se soumettent les pratiquants du noble art. Dans ce sport, entre deux rounds, les boxeurs s’assoient dans leur coin. Face à eux leur entraineur les rafraîchissent et nettoient leur visage avec une éponge. Si pendant le combat un poulain prend trop de coups, l’entraineur peut jeter cette ‘éponge’ sur le ring pour indiquer son désir de mettre fin à la rencontre.

On voit apparaitre cette expression à la fin du 19ème siècle en Angleterre puis très rapidement en France au début du 20ème, pour un usage d’abord limité à la boxe, puis étendu à d’autres domaines dans lesquelles aucune éponge n’est d’ailleurs utilisée !

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Cordon bleu

cordon bleu

Pourquoi dit-on un « cordon bleu » ?

De nos jours être un « cordon bleu » signifie être un bon cuisinier. Mais cela n’a pas toujours été le cas.

Au 16ème siècle, pendant les guerres de religion, Henri III fonda l’ordre du Saint-Esprit. Premier ordre de la monarchie française son objectif était la défense de la foi catholique et de la personne royale.

Or ses membres, les chevaliers, portaient la croix de Malte accrochée à un ruban bleu. Abolie par la Révolution française elle fit place à la Légion d’honneur, instaurée en 1802 par Napoléon Bonaparte. Mais le symbole du cordon bleu resta. Il continua à représenter une distinction suprême et prestigieuse.

Le qualificatif « cordon bleu » signifie alors « le plus remarquable » sans qu’il ne fasse plus référence à un ordre particulier ou une distinction officielle. Dès 1832 il est utilisé pour désigner les cuisiniers de grand talent. Venant achever de consacrer l’expression dans le domaine culinaire Marthe Distel publia en 1895 l’ouvrage à succès « La Cuisinière cordon bleu », suivie de l’ouverture d’écoles du même nom.

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Parler à la cantonade

parler à la cantonade

D’où vient l’expression « parler à la cantonade » ?

« Parler à la cantonade » n’a rien à voir avec le célèbre ancien joueur de football au tempérament sanguin.

Cette expression signifie parler sans s’adresser à une personne en particulier, sans attendre de réponse en retour.

Elle remonte au 17ème siècle et trouve son origine dans le monde du théâtre. Le mot « cantonade » y désigne alors les côtés de la scène puis les coulisses, c’est-à-dire un endroit où aucun spectateur ne se trouve.

Dès lors, lorsqu’un personnage, par un jeu scénique, s’adresse à un personnage invisible on dit qu’il s’exprime à la cantonade.

Le mot « cantonade » lui-même aurait pour origine « cantonada » qui en occitan était utilisé pour parler des angles d’une maison. C’est pourquoi on dit que les premiers à utiliser cette expression furent les troupes de cirque qui travaillaient dans le sud du pays.

Aujourd’hui l’expression n’est plus circonscrite aux représentations artistiques ni à la scène.

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Faire un carton

faire un carton

Pourquoi dit-on « faire un carton » ?

« Faire un carton » consiste à connaitre un vif succès. Le « carton » en question est celui utilisé comme cible sur les stands de tir dans les fêtes foraines. Pour gagner un prix, le joueur doit toucher le carton, si possible en son centre.

Si au milieu du 20ème siècle l’expression signifiait simplement tirer sur une cible inerte, elle prit quelques décennies plus tard le sens de marquer un maximum de points en atteignant le milieu de la cible le plus grand nombre de fois. La métaphore relative au succès de manière générale découle naturellement de cette signification initiale.

Le verbe « cartonner » peut également être utilisé avec un sens identique alors qu’il signifiait à l’origine « jouer aux cartes » ; de sorte que l’on peut « faire un carton » en faisant un carton ! Autrement dit avoir beaucoup de succès lors d’une partie de cartes.

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Être à l’affût

être à l’affût

D’où vient l’expression « être à l’affût » ?



« Etre à l’affût » consiste à guetter, attendre le moment favorable pour agir. Mais quel est ce mystérieux « affût » ? 



Dès le Moyen Âge ce mot fut utilisé pour désigner le support sur lequel le chasseur faisait reposer son arme alors qu’il était en train de guetter le passage d’une éventuelle proie. Encore aujourd’hui un « affût » est dans le jargon militaire une machine de bois ou de métal servant à supporter ou à transporter un canon.



Mais ce terme désigne également l’endroit où les chasseurs se positionnent en attendant que se présente le gibier. Il s’agit donc aussi d’un lieu d’attente et d’observation avant de tirer dès que le gibier parait. D’ailleurs la chasse « à l’affût » sert à qualifier ce type particulier de chasse où l’attente se fait dans un affût. Cette chasse est parfois considérée comme la moins noble en raison de l’immobilité du chasseur et de son attitude passive.