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Un mauvais coucheur

un mauvais coucheur

Pourquoi dit-on « un mauvais coucheur » ?

« Un mauvais coucheur » est une personne désagréable, difficile à vivre et dont la sociabilité est limitée. Cette expression date du début du XIXème siècle mais fait référence à une époque bien plus ancienne encore.

Au XVIème siècle dans les auberges, il était de coutume pour les quidams de dormir à plusieurs dans le même lit. On partageait ainsi sa couche de manière aléatoire avec d’autres voyageurs. Frappé de malchance, vous pouviez passer une nuit fort agitée si votre compagnon ronflait ou bougeait beaucoup. Ces personnes remuantes ou bruyantes furent appelées « mauvais coucheurs », et pouvaient par ailleurs montrer leur irascibilité si la remarque leur en était faite.

La pratique de partager son lit a bien disparu au cours des siècles suivants, mais le langage en a conservé la trace comme une marque de compassion à l’égard de ceux qui, il y a des siècles, eurent à subir le comportement nocturne de leurs semblables.

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C’est coton

c’est coton

Pourquoi dit-on « c’est coton » ?

On peut dire d’une situation qu’elle est « coton » pour indiquer à quel point elle est difficile, pénible.

Dans l’argot du XIXe siècle le mot « coton » signifie « difficile ». Pour comprendre pourquoi cette fibre végétale a acquis cette signification, il faut rappeler le caractère extrêmement fastidieux de sa production, notamment si l’on voulait fabriquer du coton de bonne qualité. Il fallait dans ce cas que les ouvriers soient particulièrement attentifs à leurs gestes afin de tisser sans irrégularité ni imperfection. Application à laquelle s’ajoutait des risques en terme de santé pour ceux qui travaillaient dans les locaux de filature ou de tissage dont l’air pouvait être saturé de poussières.

Au départ cantonné au domaine industriel, l’expression « c’est coton » s’en est émancipé au cours du XIXème siècle pour s’appliquer au sens figuré à toute activité contraignante ou déplaisante.

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Par monts et par vaux

par monts et par vaux

Pourquoi dit-on « par monts et par vaux » ?

« Par monts et par vaux » signifie « en de nombreux lieux » ou « partout ». On dit ainsi d’une personne qui est sans cesse en déplacement, dans tous les endroits possibles et imaginables, qu’elle est toujours « par monts et par vaux ».

Composée des pluriels de « mont » et « val », cette expression est apparue au 15ème siècle et désignait alors les montagnes et vallées dont la France était composée. Celui qui se déplaçait assidûment passait ainsi par de multiples reliefs. Elle porte donc la notion du déplacement géographique total, que ce soit en altitude ou en distance.

Si le pluriel de « mont » ne pose de difficulté, celui de « vallée » par la forme « vaux » mérite un mot. « Vau » est tout simplement la forme ancienne de « val », utilisée jusqu’au siècle d’apparition de l’expression.

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Bayer aux corneilles

bayer aux corneilles

Quelle est l’origine de « bayer aux corneilles » ?

« Bayer aux corneilles » désigne depuis le 16ème siècle le fait de ne rien faire d’utile, de regarder futilement en l’air, oisivement.

Le verbe « bayer » est à distinguer de « bâiller ». Il signifie ici être bouche bée, c’est à dire avoir la bouche ouverte. A l’époque de l’apparition de l’expression, « corneille » est employé pour les choses anodines, négligeables. On dit par exemple « voler pour corneille » pour indiquer d’une chasse qu’elle portait sur un gibier de médiocre qualité.

« Corneille » vient donc de façon presque redondante doubler l’idée d’absence d’importance et donner à l’expression la signification littérale suivante : rester bouche bée devant une chose ayant très peu d’intérêt.

Mais aux corneilles, gageons que certains préfèreront toujours « regarder les mouches voler » !

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De la crotte de bique

de la crotte de bique

D’où vient l’expression « de la crotte de bique » ?

On dit de telle chose qu’il s’agit « de crotte de bique » pour souligner sa large insignifiance.

La « crotte » est synonyme d’excrément. Mais pourquoi celle de la bique serait-elle particulièrement sans valeur ? Il faut la comparer avec celle produite par d’autres animaux de la ferme comme les vaches ou encore les chevaux. Ceux-ci produisent des excréments dans des proportions bien plus importantes comparées au fin chapelet de minuscules boules dont la bique se contente.

Outre la quantité, la qualité est également bien moindre. Si le crottin de cheval ou les bouses de vaches peuvent être utilisés comme engrais naturel ou combustible, rien de tel n’est possible avec les crottes de bique.

Sans aucune utilité particulière et ridiculement petite, la crotte de bique traine tristement son caractère négligeable, tant sur les chemins de campagne que dans nos conversations.

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Pleurer comme une Madeleine

pleurer comme une Madeleine

Quelle est l’origine de l’expression « pleurer comme une Madeleine » ?

Celui qui « pleure comme une madeleine », pleure abondamment sans pouvoir s’arrêter. On note la première utilisation de cette expression au XIXème siècle dans La Comédie Humaine d’Honoré de Balzac.

« Madeleine » n’est pas ici une référence au délicieux petit gâteau traditionnel lorrain mais à la personne de Marie-Madeleine dans la Bible.

Ancienne prostituée, elle se confessa à Jésus et pleura tant sur ses pieds qu’elle les lava avec ses larmes, avant de les sécher grâce à ses cheveux.

Par la suite, alors que Jésus avait disparu de son tombeau, elle pleura devant celui-ci et une fois à l’intérieur, encore en larmes, vit deux anges vêtus de blanc avant de voir apparaitre Jésus Christ lui-même qui l’interrogea sur la raison de ses sanglots.

Elle devint ainsi une référence naturelle pour qui désire souligner le caractère intarissable d’une crise de larmes.

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Sous la houlette

sous la houlette

Pourquoi dit-on « sous la houlette » de quelqu’un ?

On peut dire de quelqu’un qui se trouve sous le commandement, la protection ou la conduite d’une autre personne, qu’elle est « sous sa houlette ». Ainsi par exemple des adolescents qui souhaitent devenir sportifs professionnels peuvent être placés pour la durée d’un stage « sous la houlette » d’un entraineur célèbre et respecté.

Cette expression est une métaphore pastorale datant du XIIIème siècle. La « houlette » est en effet un bâton de berger particulier utilisé depuis cette époque. Sa forme recourbée en son extrémité forme un crochet, un peu à la façon de la crosse des évêques. Grâce à cet appendice on peut attraper facilement les animaux par leurs pattes.

De plus à son extrémité se trouve une plaque métallique incurvée, qui permet aux bergers de saisir et de projeter des cailloux ou des mottes de terre sur les animaux, brebis, vaches ou moutons, qui sortiraient du troupeau.

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Frais comme un gardon

frais comme un gardon

Pourquoi dit-on « frais comme un gardon » ?

Celui qui est « frais comme un gardon » est en pleine forme. Cette métaphore date du XVIIème siècle. A une époque où ni le réfrigérateur ni le congélateur n’était encore disponible il fallait consommer les aliments peu de temps après les avoir achetés, chassés ou pêchés. Justement nous devons notre expression au domaine de la pêche.

Un poisson était particulièrement apprécié, le gardon. En effet par ces temps où les périodes de disette étaient assez fréquentes, il avait la particularité de pouvoir être conservé bien plus longtemps que les autres poissons. Il fallait le sécher certes mais ensuite il pouvait être conservé sur de longues périodes. Il restait donc « frais », c’est-à-dire comestible.

Ainsi en raison de sa conservation bien supérieure à la moyenne, il devint sur les marchés une référence pour vanter la fraicheur d’un produit.

L’expression s’appliqua ensuite progressivement aux individus dont on voulait souligner l’état de forme physique.

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Être connu comme le loup blanc

être connu comme le loup blanc

Quelle est l’origine de l’expression « être connu comme le loup blanc » ?

La formule « être connu comme le loup blanc » signifie être très connu ou populaire.

Pendant des siècles le loup a terrorisé les populations, en raison du danger qu’il faisait courir aux hommes mais aussi à leurs bêtes. Aussi dès qu’un loup s’approchait d’un village les habitants en étaient vite informés et faisaient circuler la nouvelle de sorte que l’animal devenait très connu !

Si de nombreuses expressions ont fait référence au loup dès le 13ème siècle, comme par exemple « regarder comme le loup blanc », Le Dictionnaire de Trévoux au 18ème siècle fait référence à la formule « connu comme le loup » évoquant pour la première fois l’idée de célébrité.

Au siècle suivant son pelage prit une couleur blanche sans que l’on sache pourquoi. Cependant il est indéniable que cette teinte accroît le caractère mystérieux et inquiétant de l’animal et par voie de conséquence sa renommée.

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Il n’y a pas le feu au lac

il n’y a pas le feu au lac

Pourquoi dit-on « il n’y a pas le feu au lac » ?

L’expression « il n’y a pas le feu au lac » s’utilise pour signifier que rien ne presse, qu’il n’y a pas lieu de se dépêcher.

Elle connut à l’origine, au milieu du 20ème siècle, une formulation plus courte. On disait à l’époque « il n’y a pas le feu ». Cette expression restreinte est d’ailleurs utilisée encore de nos jours. Elle est aisément compréhensible. S’il n’y a pas le feu rien n’oblige à se presser puisqu’aucun incendie ne doit être éteint. On peut donc prendre son temps.

Plus tard, l’extension « au lac » fut accolée à l’expression d’origine en référence au lac Léman, pour railler la lenteur légendaire du peuple suisse. Ce lac est en effet un des symboles du pays et l’absurdité de mentionner la possibilité qu’une étendue d’eau soit en feu participe grandement au caractère sarcastique de la référence à la Suisse.