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Le dindon de la farce

le dindon de la farce

Pourquoi dit-on « le dindon de la farce » ?

Il existe plusieurs explications au sujet de cette expression signifiant « être la victime ridicule dans une affaire, se faire rouler » que l’on trouve dès 1790.

Selon la première hypothèse, l’expression serait une référence aux pères dindons des comédies bouffonnes du Moyen Âge. Le personnage traditionnel du père dindon était le père crédule, dupé par ses enfants qui lui manquaient de respect. Le dindon symbolisait alors le ridicule, et la farce était une pièce comique.

La seconde hypothèse est liée aux spectacles forains. Au 18ème et 19ème siècle, un spectacle à la mode dans les fêtes foraines consistait à placer des dindons sur une plaque métallique qui était chauffée progressivement. Les dindons se mettaient ainsi à sautiller sur un fond musical. Le spectacle c’est à dire la farce des dindons torturés faisait rire à l’époque.

En 1844, ce « ballet des dindons » fut interdit, en même temps que les combats d’animaux.

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Payer les violons

payer les violons

D’où vient l’expression « payer les violons » ?

« Payer les violons » signifie faire les frais d’une situation alors qu’une autre personne en tire les profits. Il s’agit donc d’une expression ironique pour dire que quelqu’un a eu tout l’embarras d’une situation quand des tiers en ont eu, eux, tous les bénéfices.

Elle trouve son origine dans la locution latine « Delirant reges, plectuntut archivi » dont la traduction littérale est : « les grands font des fautes et le peuple en porte la peine ».

Molière l’utilise dans sa pièce la « Comtesse d’Escabagnas ». Dans la scène II un des personnages dit : « Je ne sais de quelle façon M. Tibaudier a été avec vous, mais M. Tibaudier n’est pas un exemple pour moi et je ne suis pas d’humeur à payer les violons pour faire danser les autres. ».

La tradition à l’époque consistait à donner des sérénades sous les balcons de celle que l’on voulait conquérir. Or il arrivait bien sûr que celui qui payait les violons ne soit pas récompensé par la belle !

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En rang d’oignons

en rang d’oignons

Quelle est l’origine de l’expression « en rang d’oignons » ?

Quand des personnes ou des objets figurent sur une même ligne, on peut dire qu’ils sont  »en rangs d’oignons ».

L’expression semble avoir pour origine le patronyme du Baron d’Ognon, de son vrai nom Artus de La Fontaine-Solaro, qui au 16ème siècle fut en charge du protocole des Etats-Généraux à Blois. En 1576, dans le cadre de cette tâche d’organisation, il dû se prononcer sur la place à attribuer aux députés. Pour se faire il appliqua sa méthode selon des règles protocolaires très précises en fonction du rang de chacun. Le baron aurait alors acquis une certaine renommée dans l’art de placer les individus et l’expression serait née tout naturellement.

Quant à l’orthographe, les rangs d’Ognon seraient devenus rapidement les rangs d’oignon.

Cependant certains retiennent une autre explication. Pour eux l’expression viendrait plutôt de la façon dont les paysans assemblaient les oignons après les avoir ramassés, les plus gros devant, les autres à côté.

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Sourd comme un pot

sourd comme un pot

Pourquoi dit-on « sourd comme un pot » ?

Il n’existe malheureusement aucune certitude sur l’origine de l’expression « sourd comme un pot » qui date du 18ème siècle.

Certes un pot peut avoir des anses qui ressemblent à des oreilles. Et comme il s’agit d’un objet, il est bel et bien inerte et sourd. C’est d’ailleurs la théorie de Walter Gottschalk en 1930.

Pour d’autres il faut rapprocher cette expression du mot « pot » en argot dans lequel il signifie le derrière ou les fesses d’une personne. Par extension on serait donc « sourd comme un trou de balle ». Mais on peut fortement douter de cette explication puisque cette signification argotique ne serait apparue qu’au 19ème siècle.

Enfin on dit également qu’il s’agirait de la traduction très approximative de l’expression anglaise « to be as deaf as a post » qui signifie littéralement « être sourd comme un poteau ». Il semble bien que dans certaines régions méridionales de France, en tendant bien l’oreille, on entende utilisée cette dernière expression.

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à bon chat, bon rat

à bon chat, bon rat

Pourquoi dit-on “à bon chat, bon rat” ?

L’expression « à bon chat, bon rat » est utilisée pour désigner des adversaires de force égale. Elle fut employée largement dès les 16ème et 17ème siècles sous la forme suivante : « bon assailleur, bon défendeur » et ce dans le cas où les adversaires à un combat ou un conflit guerrier présentaient des forces similaires.

Le combat était donc équitable car les deux parties ayant les même atouts.

Dans l’expression qui nous occupe, le chat représente le chasseur face auquel le rat devra user de ruse et d’habileté pour échapper aux griffes du félin. Ainsi le rat sera amené à développer une aptitude certaine pour éviter de se faire attraper et l’élève finira par égaler le maître.

La fable de La Fontaine appelée Le Chat et le vieux Rat démontre la nécessité d’user de prudence pour déjouer la ruse : « la méfiance / Est mère de la sûreté ».

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Une mine de papier mâché

une mine de papier mâché

Quelle est l’origine de l’expression « une mine de papier mâché » ?

« Avoir une mine de papier mâché » signifie présenter un visage pâle, fatiguée, voire flétri et maladif.Cette expression remonte au milieu du XIXème siècle.

Mais le papier mâché fut inventé beaucoup plus tôt. On trouve déjà ce matériau de construction en Chine au 8ème siècle, mélange de papier mouillé, de colle, de plâtre et d’eau, à la couleur blanchâtre et à la texture granuleuse.

Un anglais, Henry Clay, déposa d’ailleurs à la fin du 18ème siècle un brevet pour son papier mâché. Utilisé pour réaliser des petits objets ou meubles on y eut également recours pour fabriquer des poupées avant que le plastique ne soit inventé. A voir ces figurines on comprend pourquoi une mine de papier mâché est une excellente métaphore de la fatigue physique comme morale. n effet les visages de ces figures présentent toutes des traits tirés dus à l’évaporation de l’eau laissant le papier et le plâtre sec et flétri.

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Belle lurette

belle lurette

D’où vient l’expression « belle lurette » ?

« Belle lurette » signifie « bien longtemps ». On peut ainsi dire « il y a belle lurette que je n’ai pas bu de vin ».

Il s’agit d’une déformation de « belle hurette », une expression dialectale originaire de Bourgogne qui signifiait « belle petite heure ». L’expression est donc un euphémisme. Par une « petite heure » il faut comprendre « bien plus » ! Un peu comme dans l’expression « un sacré bout de temps » où le « bout de temps » est démultiplié par l’adjectif « sacré ». Le mot « lurette » n’existe donc que dans cette expression.

Pour certains on en trouverait la première trace en 1877. Mais Jean maillet note qu’elle apparaît dans la scène X d’une comédie-vaudeville datant de 1841 (Un monsieur et une dame, de Xavier, Duvert et Lauzanne): « Et prêt à partir avec mon nourrisson qui l’a retenu il y a belle lurette ! »

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De l’eau dans le gaz

de l’eau dans le gaz

Pourquoi dit-on « de l’eau dans le gaz » ?

Quand il y a de l’eau dans le gaz, le désaccord est établi entre plusieurs personnes, souvent dans un couple, et la dispute est proche. Cette métaphore trouve son origine au début du 20ème siècle.

A cette époque la cuisine se fait au gaz. Aussi selon l’explication la plus communément admise est la suivante: lorsqu’une casserole posée sur le feu qui fonctionne au gaz déborde, l’eau qui s’y trouve et en sort peut faire vaciller la flamme. De la fumée peut même salors ’échapper. La situation est critique. Si la flamme s’éteint complètement le gaz peut faire courir un risque d’explosion dans l’habitation. Cet état de danger latent explique l’expression.

De plus l’eau qui s’évapore au contact du feu crépite et peut faire craindre l’explosion. On peut ainsi aisément assimiler ce crépitement au ton qui monte avant une franche dispute.

Quand il y a de l’eau dans le gaz la situation est vraiment dangereuse.

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Se faire de la bile

se faire de la bile

D’où vient l’expression « se faire de la bile » ?

« Se faire de la bile » consiste à s’inquiéter, se faire du souci. La bile est un liquide visqueux produit par le foie. L’usage de cette expression date de l’antiquité grecque.

Selon la théorie des quatre humeurs, participant aux bases de la médecine antique, la rate produit deux types de bile : la bile jaune associée à la colère et la bile noire correspondant à la tristesse et à la mélancolie. Aujourd’hui nous savons que seule la bile dite « jaune » existe. Mais à l’époque on attribue aux émotions négatives l’augmentation de la production de la bile noire.

La théorie des humeurs fut abandonnée au 18ème siècle mais l’expression a su traverser les siècles jusqu’à nous parvenir. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à faire référence à la sécrétion d’un liquide corporel. On peut par exemple citer « se faire un sang d’encre ».

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Porter des cornes

porter des cornes

Pourquoi dit-on « porter des cornes » ?

« Porter des cornes » signifie avoir été trompé par sa femme ou son mari. Cette référence péjorative aux cornes est étonnante car dans l’antiquité les cornes étaient un symbole positif, évoquant la dignité, la vigueur et la puissance. Il allait de même chez les souverains, comme les rois de Macédoine dont les casques étaient ornés de cornes de bélier.

Mais déjà au 13ème siècle apparait le mot  »cornart » utilisé pour évoquer un imbécile. Puis au 15ème siècle on note l’existence du verbe « escorner » signifiant « humilier ». Cette transformation du nom en verbe permet de signifier qu’une personne a été ridiculisée.

Etant donné que le port de cornes donne l’allure d’une chèvre ou d’un bouc, l’allusion sexuelle apparut naturellement. En effet cet animal porte depuis des temps immémoriaux une connotation sexuelle. La corne est donc à la fois la représentation symbolique du sexe masculin et une façon d’indiquer une infidélité faite à un conjoint, qu’il soit homme ou femme.