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Tirer à boulets rouges

tirer à boulets rouges

Quelle est l’origine de l’expression « tirer à boulets rouges » ?

« Tirer à boulets rouges » consiste à critiquer de façon virulente quelqu’un ou quelque chose. Les reproches ont un tel degré de violence et ils sont si nombreux que toute défense est rendue difficile.

On doit cette expression à Frédéric-Guillaume Ier, roi de Prusse. Au XVIIIe siècle, il eut pour objectif d’augmenter la puissance et l’efficacité des canons de son armée. Pour y parvenir il fit chauffer les boulets dans une forge, avant de les utiliser contre les troupes ennemies. Le résultat fut à la hauteur de ses espérances. Les boulets ainsi rougis, envoyés à haute cadence, provoquaient non seulement des dégâts en raison de leur poids mais aussi des incendies dus à leur incandescence. L’extinction des feux mobilisaient alors une partie des combattants, affaiblissant les troupes. Cette technique était également très efficace en mer.

L’usage de cette expression au sens figuré se fit à la fin du XVIIIe siècle.

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Se mettre martel en tête

se mettre martel en tête

D’où vient l’expression « se mettre martel en tête » ?

« Se mettre martel en tête » signifie s’inquiéter d’une situation ou au sujet d’une personne. A première vue il s’agirait d’une référence directe à Charles Martel, grand père de Charlemagne. Mais il n’en est rien. Ce « martel » est un ancien outil, une sorte de marteau.

A l’origine, c’est à dire au 16ème siècle, « avoir martel » signifiait « être perturbé par un sentiment de jalousie ». Mais rapidement l’expression prit le sens de « se faire du souci ».

La métaphore est claire et très parlante. Elle compare les tourments, les interrogations répétées et le questionnement ininterrompu, à des coups de marteaux dans la tête.

Au 18e siècle le sens de l’expression se fixa et désigna l’obsession de préoccupations diverses.

Le verbe « marteler » en découle. On peut ainsi lire sous la plume de Voltaire : « Je viens pour soulager le mal qui me martèle. »

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À tue-tête

à tue-tête

Pourquoi dit-on « à tue-tête » ?

Celui qui chante à tue-tête a une voix si forte et puissante que le son qu’il émet peut faire mal à la tête. Il est en tous cas le plus souvent dérangeant.

Dès le 12ème siècle « tuer » était utilisé dans diverses expressions afin d’exprimer l’idée d’évanouissement. Mais la locution « à tue-tête » trouve son origine bien plus tard, au XVIe siècle. A cette époque le terme « tuer » ne signifiait pas seulement enlever la vie. Il pouvait être également être utilisé pour exprimer l’idée de frapper le plus souvent à la tête ou bien signifier « fatiguer » ou « exténuer ». Cette dernière signification explique l’expression aujourd’hui disparue « à tue-chevaux » signifiant « très vite ».

Dès lors, le sens de l’expression qui nous intéresse est apparu naturellement et n’a pas évolué malgré les siècles. Quelqu’un qui chante ou crie à tue-tête a de fortes chances de fatiguer ceux qui l’entourent.

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Faire un pataquès

faire un pataquès

Quelle est l’origine de l’expression « faire un pataquès » ?

Faire un pataquès signifie donner une importance considérable à une situation ou un évènement qui ne le mérite pas.

Cette expression a pour origine une faute de liaison dans le langage oral. Ainsi selon le grammairien du 18ème siècle Domergue, par ailleurs journaliste et membre de l’Académie française de 1803 à 1810, le spectateur d’une pièce de théâtre assis à coté de deux dames peu instruites aurait trouvé un éventail. Il leur demanda s’il leur appartenait et se vit répondre : « Il n’est point-z-à moi » par l’une et « « il n’est pas-t-à moi » par l’autre. Face à cette erreur de liaison il aurait répondu  »alors je ne sais pas-t-à-qu’est-ce ! ».

Cette expression liée aux fautes grossières aurait ensuite été reprise dans le langage courant en se fixant, sans que l’on puisse réellement dire pourquoi, sur l’agitation et l’énervement en raison de choses sans grande importance.

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Ça fait des lustres

ça fait des lustres

D’où vient l’expression « ça fait des lustres » ?

« Ça fait des lustres » signifie « ça fait très longtemps ». L’expression date du 17ème siècle.

Les « lustres » en question ne sont pas des appareils d’éclairage suspendus au plafond des salons. Le lustre fait ici référence à l’unité de temps du même nom qui correspondait à une durée de 5 ans dans la Rome antique. A cette époque le lustre était plus précisément une cérémonie de purification effectuée avant les recensements réalisés tous les cinq ans. A cette occasion les censeurs, c’est à dire les hauts magistrats, le plus souvent choisis parmi les anciens consuls, étaient élus.

Mais le lustre désignait tout aussi bien la cérémonie que le laps de temps s’écoulant entre deux « lustres ». Par extension, utilisé au pluriel, « des lustres » ont pris le sens d’une période toute à la fois de étendue et imprécise.

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C’est là que le bât blesse

c’est là que le bât blesse

Pourquoi dit-on « c’est là que le bât blesse » ?

L’expression « c’est là que le bât blesse » qui est née au 15ème siècle, désigne la cause d’une difficulté ou d’une souffrance et sert à la pointer explicitement.

Pour saisir sa signification il faut en premier lieu nous attarder sur la définition d’un bât (et non d’un bas). Un bât était un dispositif en bois placé sur le dos des mulets ou des ânes. Il servait à accrocher des objets, le plus souvent de lourdes charges. Compte tenu du poids porté par l’animal, si le bât était mal fixé il pouvait souffrir. Le bât pouvait en effet le blesser et l’endroit de la blessure devenait son point faible.

Appliquée aux hommes l’expression revient ainsi à désigner la raison d’une souffrance, le plus souvent d’ordre psychologique.

A noter que l’adjectif « bâté » existe et se retrouve dans l’expression « un âne bâté » qui désigne un individu à la fois bête, ignorant et ridicule.

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La puce à l’oreille

la puce à l’oreille

Pourquoi dit-on « la puce à l’oreille » ?

« La puce à l’oreille » est un indice. «Avoir la puce l’oreille » signifie donc se douter de quelque chose, et « mettre la puce à l’oreille » éveiller les soupçons.

Cette expression est utilisée depuis de nombreux siècles mais sa signification a évolué. Au 13ème siècle, les puces sont répandues et en être porteur fort désagréable. Malgré ce, l’expression signifie alors provoquer ou avoir un désir amoureux notamment féminin.

Mais au XVIIe siècle elle revêt un sens différent, et sert désormais à signifier qu’une personne est inquiète ou que son comportement semble agité, comme si des puces la démangeaient.

Il semble ensuite que l’expression ait pris son sens actuel. A voir quelqu’un agité on avait un indice de ce qui causait son inconfort, les puces. Ainsi « avoir la puce à l’oreille » consistait bien à avoir un indice sur une situation donnée.

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L’affaire est dans le sac

l’affaire est dans le sac

D’où vient l’expression « l’affaire est dans le sac » ?

L’affaire qui est « dans le sac » est entendue. Elle est terminée, le problème est réglé, l’accord est trouvé. On ne reviendra plus dessus.

On doit cette expression au monde judiciaire de l’Ancien Régime. A cette époque, comme en grande partie de nos jours, toutes les pièces utilisées lors d’un procès étaient sous forme de papier. Les avocats à la fin de leurs plaidoiries ou les juges une fois le verdict rendu, rangeaient ces documents dans de grands sacs de toile ou de cuir. Le juge déclarait par ailleurs « l’affaire est dans le sac » lorsque l’affaire avait été jugée et ne serait pas réexaminée.

L’avocat persuadé qu’il n’aurait pas à les ressortir pour les utiliser compte tenu de la qualité de son travail, comme le juge eu égard au caractère définitif de sa décision, donnaient ainsi à cet acte une tonalité irrévocable.

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Pendre la crémaillère

pendre la crémaillère

Quelle est l’origine de l’expression « pendre la crémaillère » ?

« Pendre la crémaillère » consiste à inviter des amis quand on s’installe dans un nouvelle maison ou un nouvel appartement. La pendaison célèbre donc un emménagement. Cette coutume tient sa source dans une pratique médiévale et un objet qui n’existe plus de nos jours.

Quand la construction d’une maison était achevée, la tradition consistait à inviter tous ceux qui avaient participé aux travaux à l’occasion d’un repas. Pour faire cuire ou réchauffer les aliments on utilisait alors un objet appelé « crémaillère », sorte de tige en métal dont les crans permettaient de placer la marmite à différentes hauteurs au-dessus du feu dans la cheminée et ainsi de maitriser la cuisson. Cet objet était mis en place ou « pendu » en dernier dans une maison nouvellement construite. « Pendue » elle autorisait l’installation et symbolisait l’activité du foyer.

Si l’objet en question a disparu de nos habitations l’expression est quant à elle bien restée dans le langage.

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Mettre en quarantaine

mettre en quarantaine

D’où vient l’expression « mettre en quarantaine » ?

La quarantaine est une mesure sanitaire provisoire consistant à isoler des individus, des animaux ou des végétaux pendant un certain temps, dans le but de prévenir la contagion de maladies. Aujourd’hui cette expression est aussi utilisée au figuré pour exprimer l’idée de la mise à l’écart, l’exclusion contrainte d’une personne.

On trouve trace de ses premières utilisations dans le sens médical que nous lui connaissons au 17ème siècle. Afin d’éviter le développement d’épidémies on isolait alors notamment dans les ports et pendant 40 jours, les voyageurs que l’on pensait atteints et contagieux afin qu’ils ne puissent pas circuler librement.

L’isolement pouvait avoir lieu notamment à bord de navires et la période de 40 jours se justifiait parce que l’on pensait à l’époque qu’il s’agissait de la période d’incubation des maladies pouvant donner lieu à des épidémies. Réduit par la suite à 2 semaines, ce délai est aujourd’hui variable et varie en fonction de règles nationales, internationales et de la nature de ce qui nécessite l’isolement.