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Se tenir droit dans ses bottes

Se tenir droit dans ses bottes

Pourquoi dit-on « se tenir droit dans ses bottes » ?

Remise au goût du jour par Alain Juppé en 1995 cette expression n’a pas d’origine totalement attestée. Malgré cette incertitude il semble qu’elle vienne du monde militaire et en particulier des cavaliers qui avaient l’obligation d’adopter une posture droite sur leur selle et dans leurs bottes.

Avec le temps « se tenir droit dans ses bottes » a pris un sens figuré, presque moral, pour désigner une attitude déterminée, immuable et ferme, avec l’assurance d’avoir la morale de son côté.

Une autre origine a été soulevée par certains linguistes. Elle pourrait être ainsi en lien avec une autre expression d’origine flamande celle-là, « avoir une petite pièce dans ses bottes » utilisée pour désigner un état d’ébriété. La « petite pièce » empêchant de se tenir et de marcher droit. Donc à l’inverse en son absence on peut s’y tenir droit et avoir pleine possession de ses moyens et afficher de la détermination.

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Avoir maille à partir

avoir maille à partir

D’où vient l’expression « avoir maille à partir » avec quelqu’un ?

Avoir maille à partir avec quelqu’un signifie être engagé dans un vif débat ou désaccord avec quelqu’un. Il peut s’agir d’une dispute.

L’origine de cette expression date des Capétiens à partir du 11ème siècle. A cette époque il y a plusieurs monnaies. On peut citer la livre et le sou qui en est le vingtième, mais aussi le denier qui est le douzième d’un sou et enfin la maille qui est la moitié du denier. La maille était donc en bas de l’échelle des monnaies. Elle était au Moyen Âge la plus petite monnaie de bronze du système divisionnaire des monnaies. Elle avait très peu de valeur.

Tellement peu de valeur qu’elle ne pouvait pas être divisée, partagée. Pour se l’approprier il fallait se la disputer. Ainsi l’expression serait née. Avoir maille à partir avec une personne voulait dire dès l’origine avoir un désaccord.

A noter que jusqu’au 17ème siècle on disait plutôt « avoir maille à départir » car jusqu’à cette époque « départir » signifiait « partager ».

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Trois francs six sous

Trois francs six sous

Quelle est l’origine de l’expression « trois francs six sous » ?

« Trois francs six sous » est une somme d’argent ridicule.

Pour comprendre cette expression il faut remonter au temps des sous, nom donné à différentes monnaies depuis l’antiquité. Rapidement trois francs six sous s’est mis à ne représenter que très peu d’argent. A la fin du 19ème siècle, cette somme représentait une journée de travail d’un ouvrier dans une usine de production ou à la mine. Douze heures de dur labeur pour gagner une si petite somme permettant certes de d’acheter à manger mais guère plus.

Malgré les nouveaux francs successifs l’expression est restée. Mais de nos jours le passage à l’euro risque bien de mettre un coup fatal à son usage.

Le mot « sou » à donner lieu à un nombre incalculable d’expressions françaises. On peut notamment rapprocher trois francs six sous de la locution voisine « de quatre sous », visant elle aussi les choses sans valeur, et « sou par sou » signifiant petit à petit.

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Être sous la férule

Etre sous la férule

D’où vient l’expression « être sous la férule » de quelqu’un ?

« Etre sous la férule » signifie être placé sous l’autorité d’une tierce personne, le plus souvent d’une grande sévérité.

Le mot « férule » vient de la ferula, une plante qui ressemble à un roseau et qui pousse autour de la méditerranée. Autrefois on se servait de sa tige extrêmement rigide une fois sèche, pour fabriquer des férules, ces règles d’école tant craintes par les élèves du siècle dernier. Elles étaient en effet utilisées par les professeurs pour taper sur les doigts des enfants récalcitrants. Certains pensent que les Romains déjà utilisaient des férules pour battre les écoliers ou les esclaves. Mais la faible résistance de cette plante ne semble pas plaider en faveur de cette hypothèse.

Dès 1694 le dictionnaire de l’Académie française valide le mot «férule» pour désigner cette règle de bois.

Naturellement dans le langage courant cet outil symbole de l’apprentissage dans la souffrance fut repris pour désigner une rude autorité. 

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De but en blanc

de but en blanc

Pourquoi dit-on «de but en blanc» ?

L’origine de cette expression signifiant « directement » ou « sans précaution » est militaire.

S’agissant de la dernière partie de l’expression, « le blanc » fait référence au centre des cibles à atteindre lors des tirs d’essai de canon de l’armée au 17ème siècle.

Quant au « but », il vient de la déformation de la « butte de tir », c’est-à-dire le point d’où l’on tire, un endroit surélevé permettant aux artilleurs de se placer légèrement au-dessus du canon.

Les tirs d’entrainement avaient pour objet de viser directement depuis la butte vers le blanc, c’est-à-dire le centre de la cible. De la butte au blanc, devenu progressivement « de but en blanc ».

Cette opération étant un tir de routine, elle pouvait être renouvelée instantanément. De plus la trajectoire du tir était directe, en ligne de droite. Aucun calcul savant ou orientation particulière du canon n’était nécessaire. Le sens de l’expression s’explique donc en raison tout  à la fois du caractère rapide et précis du tir.

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Un gros bonnet

Un gros bonnet

Pourquoi dit-on « un gros bonnet » ?

Un gros bonnet est quelqu’un d’importance, socialement ou financièrement.
 
L’origine de la locution remonte au 17ème siècle. A cette époque les clercs de justice comme les docteurs de la Sorbonne portaient des bonnets carrés ou ronds. Mais pas seulement eux. Portaient également des bonnets les ecclésiastiques et les juges entre autre. Bref tous les gens qui avaient atteint un certain rang social.

Puis l’usage de l’expression a glissé des personnes « respectables » à tous les individus riches, quel qu’ait été par ailleurs la moralité ou la légitimité de leur parcours.

Cette expression est à rapprocher de cette autre née également au 17ème siècle : « bonnet blanc, blanc bonnet » pour désigner deux choses d’apparence différentes mais qui sont en réalité à peu près identiques. Malheureusement pour cette dernière expression l’origine reste inconnue.

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A la queue leu leu

A la queue leu leu

Quelle est l’origine de l’expression « à la queue leu leu » ?

Cette expression date du Moyen Âge. En français médiéval un «leu» signifie un « loup ». Ces animaux sont alors beaucoup plus fréquents que de nos jours dans les forêts. Il n’est pas rare d’en croiser dans les campagnes de France. Le loup comme le renard tiennent ainsi une place importante dans l’imaginaire des peuples vivant à cette époque.

Dès le 11ème siècle on utilise le terme « leu », dérivé du latin « lupus », pour parler d’un loup. Or quand ils se déplacent, les loups sont souvent les uns derrière les autres.  Ainsi on a vu naitre naturellement l’expression «à la queue du leu, un leu» pour dire que « c’est à la queue d’un leu qu’on trouve un autre leu » ou en français moderne que c’est derrière un loup que l’on trouve un autre loup.

Avec le temps l’expression a été simplifiée par l’abandon des articles.On en trouve la première trace écrite au XVIe siècle pour désigner un jeu dans Gargantua de Rabelais

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Être de mèche

être de mêche

Pourquoi dit-on «être de mèche» ?

« Etre de mèche » marque la complicité, la connivence d’une personne avec une autre dans l’accomplissement d’un acte le plus souvent répréhensible.

Dans la langue provençale le terme «mech» signifie « moitié ». Et en italien on dit « mezzo ». De la même racine latine, le terme de « mèche » fut utilisé dès le 18ème siècle dans le monde du banditisme. L’expression « être de mèche » signifiait alors faire « moitié moitié » sur l’argent d’un coup, être de moitié dans une affaire. Ainsi les voleurs ou les criminels qui étaient de mèche faisaient 50/50.

Le langage courant a ensuite retenu la complicité au détriment du partage équitable des fruits lors d’une action illégale.

A noter enfin qu’on retrouve le mot « mèche » dans l’expression « vendre la mèche », c’est-à-dire vendre sa moitié. Mais il ne s’agit pas de la même mèche puisque celle-ci est celle qui à la fin du 16ème siècle permettait de faire exploser des mines.

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Travailler du chapeau

Travailler du chapeau

Pourquoi dit-on « travailler du chapeau » ?

De nos jours beaucoup pensent simplement que le chapeau de l’expression est une métaphore de la tête et que le fait de travailler de cette partie du corps signifie être trop agité, comme dans l’expression « travailler de la toiture ». Mais en réalité l’expression a une toute autre origine.

« Travailler du chapeau » c’est à dire souffrir de troubles mentaux ou tout simplement ne plus avoir toute sa tête, trouve son origine dans les chapelleries du 19ème siècle. Dans ces ateliers de confection on utilisait le feutre comme matière de base pour fabriquer les chapeaux. Le feutre était lui-même obtenu à partir de poils d’animaux et de nitrate de mercure en guise de forte colle. Or ce produit chimique intoxiquait les ouvriers qui le manipulaient ou le respiraient. Car le nitrate pouvait rester en suspension dans l’air de l’atelier tout en s’évaporant. Et ces vapeurs étaient ensuite facilement assimilées par les organismes, causant des dommages cérébraux.

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Faire du boucan

Faire du boucon

Pourquoi dit-on « faire du boucan » ?

L’action de « faire du boucan » consiste dans le langage familier à faire beaucoup de bruit.

Le mot « boucan » vient directement du mot « bouc » dont le verbe « boucaner » signifie en ancien français du 17ème siècle, imiter le cri du bouc. Et dans la Bible il est un animal maudit. Plus tard il prit un sens additionnel puisque le boucan devint synonyme de « bordel », lieu qui a son tour pouvait facilement évoquer le vacarme. La prostituée était la « boucanière » et « boucaner » consistait à fréquenter ces lieux de débauche.

En raison du bruit que pouvaient générer les maisons closes, faire du boucan signifia rapidement « faire un bruit excessif ».

On retrouve d’ailleurs le mot « boucan » dans un certain nombre d’autres expressions dans lesquelles il revêt une signification amplifiée comme « faire un boucan d’enfer ».