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Un chèque en bois

Faire un chèque en bois

Pourquoi dit-on « un chèque en bois » ?

« Un chèque en bois » est un chèque sans provisions. Il ne permettra pas le paiement car il n’y a pas assez d’argent sur le compte bancaire auquel il est attaché.

La locution « de bois » est apparue au 13ème siècle. A cette époque le bois était très abondant. Sa valeur était faible et le prix de ce qui était réalisé en bois était bas. On y avait dès lors souvent recours pour réaliser des imitations d’objets, comme les jambes de bois. Cette fausseté se retrouve précisément dans l’expression qui nous occupe.

Puis progressivement « de bois » devint « en bois ».

Le chèque « en bois » est bel et bien un faux moyen de paiement. Il en a l’apparence sans permettre le transfert effectif de l’argent.

A noter qu’on retrouve le bois dans l’expression « langue de bois » qui exprime la même idée de la fausseté, cette fois dans le discours.

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Tomber des nues

tomber des nues

Pourquoi dit-on « tomber des nues » ?

« Tomber des nues » signifie être très étonné voire extrêmement surpris par un événement ou une situation à laquelle on ne s’attendait pas.

Malgré les apparences cette expression n’a rien à voir avec la nudité. Si selon certains elle trouverait ses origines dans la mythologie il semble que l’explication soit plus simple. Une nue est un terme qui n’est plus utilisé de nos jours mais qui désignait par le passé un nuage ou un groupe de nuages. Or les nuages ont longtemps revêtu un caractère mystérieux. Que s’y cachait-il ? Quelle forme de vie y trouvait refuge ? Tomber des nues consistait donc à tomber des nuages, provenir de ce mystère, émaner du surnaturel.

Au 17ème siècle l’expression prend le sens d’« arriver à l’improviste ». Puis rapidement elle eut son sens actuel. On tombe désormais des nues devant un évènement venu de nulle part, comme tombé d’un nuage et qui nous prend par surprise.

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Dorer la pilule

Dorer la pillule

Pourquoi dit-on « dorer la pilule » ?

« Dorer la pilule » consiste à embellir une réalité. On dore la pilule en présentant une situation sous un jour beaucoup plus favorable qu’elle ne l’est en réalité.

Cette expression originaire du 17ème siècle a pour origine une technique d’apothicaires. Ceux-ci mettaient au point des remèdes ayant très mauvais goût. Le « pilule » dont il est question vient du terme latin « pilula » que l’on peut traduire par petite boule. Il servait donc à désigner un médicament. Pour que les patients les avalent plus facilement les pharmaciens de l’époque les enrobaient d’une couche de sucre. On dit même que dans certains cas ils appliquaient une fine pellicule d’argent, ou d’or. L’aspect trompeur et le goût ainsi modifié rendait moins difficile leur ingestion.

L’expression « se dorer la pilule» qui de nos jours signifie bronzer ou être dans un état d’oisiveté avait au début du 20ème siècle le sens de « se faire des idées fausses ».

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Être dans de beaux draps

être dans de beaux draps

D’où vient l’expression « être dans de beaux draps » ?

« Etre dans de beaux draps » signifie se trouver dans une situation compliquée, incertaine voire dangereuse. Avec le temps l’expression a évolué.

Dès l’Antiquité les « draps » ont désigné les habits. Les vêtements blancs ont longtemps été utilisés pour habiller les personnes qui avaient commis des fautes. Ainsi au 18ème siècle l’expression exacte qui était alors « être dans de beaux draps blancs » indiquait que l’on était dans une situation honteuse puisqu’ « exposé avec tous ses défauts » ou que tous ses défauts étaient exposés. En effet les gens accusés d’adultère devaient pour en être pardonnés, assister à la messe vêtus de la tête aux pieds en blanc.

« Etre dans de beaux draps blancs » signifiait donc être l’objet de sarcasmes et moqueries en raison de la situation dans laquelle on se trouvait. Aujourd’hui le qualificatif « blanc » a disparu, le caractère honteux aussi mais le sens profond de l’expression relative à la situation inconfortable est resté.

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Une vie de patachon

une vie de patachon

Quelle est l’origine de l’expression « une vie de patachon » ?

Celui qui a une vie de patachon mène une vie de débauche. Au 18ème siècle une patache était un bateau navigant sur les fleuves dans le but de collecter l’impôt. Puis au siècle suivant il désigna les véhicules de mauvaise qualité, le plus souvent de vieilles diligences, inconfortables et désespérément lentes, transportant les moins fortunés.

Ses conducteurs, les patachons, étaient réputés pour leurs vies dissolues. Pour eux les haltes dans les tavernes étaient très fréquentes. Ils buvaient beaucoup et souvent, s’arrêtaient pour passer du bon temps avec les filles dites « de petite vertu ». L’expression « mener une vie de patachon » a ainsi survécu aux siècles et s’est fixée dans la langue française pour toute personne à la vie déréglée.

Mais le mot « patachon » est aussi utilisé dans certains domaines spécifiques avec un sens différent. Par exemple dans le monde du rail un patachon est un train de marchandise non prioritaire.

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Avoir la poisse

Avoir la poisse

D’où vient l’expression « avoir la poisse » ?

« Avoir la poisse » signifie être frappé de grande malchance avec une connotation de récurrence. Celui qui a la poisse n’est pas seulement malchanceux. Il manque de réussite sur le long terme. Il a des souvent des ennuis et parfois de façon consécutive.

Le terme « poisse » vient du mot « poix », une sorte de colle épaisse et gluante fabriquée au Moyen Âge avec de la résine de pin ou de goudron de bois. Elle était si visqueuse et gênante qu’elle était déversée brulante sur les assaillants des châteaux.

Cette substance donna le verbe « poisser » signifiant « enduire de poix ». Puis « la poisse » se mit naturellement à désigner quelque chose qui colle et dont on n’arrive pas à se défaire, une malchance.

« Avoir la poisse » devint ainsi synonyme d’avoir de la malchance sur une longue période.

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Se faire du mouron

se faire du mouron

Quelle est l’origine de l’expression « se faire du mouron » ?

L’expression  »se faire du mouron » signifie qu’une personne se fait beaucoup de souci.

Le mot « mouron » est pour le moins énigmatique. Il désigne des herbes de très petite taille que l’on trouve à la campagne. Or depuis le 19ème siècle on utilise ce mot en argot pour parler d’une touffe de poils, de la chevelure.

L’expression signifie donc littéralement « se faire des cheveux » qui n’est que la forme simplifiée d’une autre expression « se faire des cheveux blancs ». Par ricochet, « se faire du mouron » s’est mis à signifier au 20ème siècle « se faire de la bile », autre expression au sens équivalent.

On remarque que ces expressions qui ont toutes la même signification, font toute référence à une production involontaire du corps humain. Comme si l’impossibilité ou l’incapacité à en contrôler le surgissement ou la transformation (dans le cas de la couleur blanche des cheveux) était source d’une grande inquiétude pour les hommes.

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Des noms d’oiseaux

pigeon

Pourquoi dit-on des « noms d’oiseaux » ?

Donner des noms d’oiseaux à quelqu’un consiste à l’injurier en utilisant des qualificatifs insultants. Cependant le terme est souvent moins brutal qu’une véritable insulte.

On « donne des noms d’oiseaux » depuis la fin du 19ème siècle. Le sens de cette expression a une explication très simple. Depuis des siècles l’homme utilise le nom de véritables oiseaux comme autant d’insultes. Il pratique précisément l’exercice de donner des noms d’oiseaux. En voici quelques exemples : avoir une cervelle de « moineau » pour quelqu’un de limité intellectuellement, une « bécasse » ou une « dinde » pour une femme idiote, une « pie » pour un individu trop bavard, une « buse » pour un ignorant, une «autruche » pour qui refuse de voir la vérité en face, un « corbeau » pour l’auteur de dénonciations anonymes, une « grue » pour une prostituée ou encore une « poule » mouillée pour désigner celui qui est peureux.

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Être au taquet

être au taquet

Quelle est l’origine de l’expression « être au taquet » ?

Une personne qui est « au taquet » est très motivée, à la fois prête, agissante ou impatiente d’entrer en action. Elle peut également être à la limite de ses capacités et ne pouvoir plus assurer aucune tâche supplémentaire.

Le taquet fut dans l’histoire le nom de différents objets qui partagent une idée commune, celle de bloquer, d’être une limite.

Au 15ème siècle on utilisait ce mot pour désigner une loquet, un morceau de bois permettant de maintenir une porte fermée. En mer dès le 17ème siècle, le taquet désigna par ailleurs une pièce utilisée sur les bateaux pour maintenir un cordage dans une certaine position. Enfin plus récemment il servait à bloquer le chariot des machines à écrire.

Le taquet est donc en toute hypothèse synonyme de limite physique. Il fut tout naturellement utilisé pour exprimer l’idée de toute limite, quelle que soit sa nature. On dit d’ailleurs parfois « je suis à fond » pour dire « au taquet ».

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Trainer des casseroles

trainer des casseroles

Pourquoi dit-on « trainer des casseroles » ?

« Avoir des casseroles » ou « trainer des casseroles » signifie être mêlé à des affaires qui ont des conséquences sur la réputation.

Il s’agit d’une métaphore qui exprime le fait de subir les effets négatifs d’un acte commis antérieurement. Cette expression date du 20ème siècle et se trouve être très utilisée dans le monde politique où les casseroles peuvent peser lourd lors d’une campagne électorales.

Elle trouverait son origine dans un jeu d’enfants qui consisterait à attacher des récipients métalliques, comme des casseroles, à la queue d’un chien qui, effrayé par leur bruit sur le sol, se mettrait à courir à toute allure et dans tous les sens. Ces casseroles sont donc devenues naturellement le symbole de l’embarras, de la gêne mais aussi d’évènements ou de faits dont il est devenu difficile de se débarrasser. La métaphore appliquée à la politique est ainsi particulièrement explicite.