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Voir midi à sa porte

voir midi à sa porte

D’où vient l’expression « voir midi à sa porte » ?

« Voir midi à sa porte » signifie considérer les choses selon ses propres intérêts, évaluer une situation de son seul propre point de vue et d’après des critères personnels.

Cette expression date de l’époque qui a précédé l’invention des horloges. Pour connaitre l’heure, il fallait alors consulter des cadrans solaires. Ceux qui habitaient les villages disposaient donc de tels cadrans chez eux, le plus souvent sur le mur au-dessus de la porte d’entrée.

Cependant toutes les habitations n’étaient pas orientées vers le soleil de façon identique, et les cadrans pouvaient avoir été réalisés avec plus ou moins de soin et de précision. Aussi leur consultation pouvait donner lieu à la lecture d’horaires différents d’une maison à l’autre. Alors qu’il était midi chez l’un il pouvait être midi et quelques minutes au-dessus d’une autre porte.

Mais chacun ne faisait bien entendu confiance qu’à son propre cadran, et voyait par conséquent midi à sa porte !

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C’est là que le bât blesse

c’est là que le bât blesse

Pourquoi dit-on « c’est là que le bât blesse » ?

L’expression « c’est là que le bât blesse » qui est née au 15ème siècle, désigne la cause d’une difficulté ou d’une souffrance et sert à la pointer explicitement.

Pour saisir sa signification il faut en premier lieu nous attarder sur la définition d’un bât (et non d’un bas). Un bât était un dispositif en bois placé sur le dos des mulets ou des ânes. Il servait à accrocher des objets, le plus souvent de lourdes charges. Compte tenu du poids porté par l’animal, si le bât était mal fixé il pouvait souffrir. Le bât pouvait en effet le blesser et l’endroit de la blessure devenait son point faible.

Appliquée aux hommes l’expression revient ainsi à désigner la raison d’une souffrance, le plus souvent d’ordre psychologique.

A noter que l’adjectif « bâté » existe et se retrouve dans l’expression « un âne bâté » qui désigne un individu à la fois bête, ignorant et ridicule.

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Ça fait des lustres

ça fait des lustres

D’où vient l’expression « ça fait des lustres » ?

« Ça fait des lustres » signifie « ça fait très longtemps ». L’expression date du 17ème siècle.

Les « lustres » en question ne sont pas des appareils d’éclairage suspendus au plafond des salons. Le lustre fait ici référence à l’unité de temps du même nom qui correspondait à une durée de 5 ans dans la Rome antique. A cette époque le lustre était plus précisément une cérémonie de purification effectuée avant les recensements réalisés tous les cinq ans. A cette occasion les censeurs, c’est à dire les hauts magistrats, le plus souvent choisis parmi les anciens consuls, étaient élus.

Mais le lustre désignait tout aussi bien la cérémonie que le laps de temps s’écoulant entre deux « lustres ». Par extension, utilisé au pluriel, « des lustres » ont pris le sens d’une période toute à la fois de étendue et imprécise.

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Jeter l’éponge

jeter l’éponge

Pourquoi dit-on « jeter l’éponge » ?

« Jeter l’éponge » consiste à abandonner la réalisation d’une tâche. Cette expression a une origine sportive.

On la doit à un geste que l’on vit pour la première fois sur les rings de boxe, en Angleterre, au XIXe siècle. C’est à cette époque que naissent les règles auxquelles se soumettent les pratiquants du noble art. Dans ce sport, entre deux rounds, les boxeurs s’assoient dans leur coin. Face à eux leur entraineur les rafraîchissent et nettoient leur visage avec une éponge. Si pendant le combat un poulain prend trop de coups, l’entraineur peut jeter cette ‘éponge’ sur le ring pour indiquer son désir de mettre fin à la rencontre.

On voit apparaitre cette expression à la fin du 19ème siècle en Angleterre puis très rapidement en France au début du 20ème, pour un usage d’abord limité à la boxe, puis étendu à d’autres domaines dans lesquelles aucune éponge n’est d’ailleurs utilisée !

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Victoire à la Pyrrhus

victoire à la Pyrrhus

Quelle est l’origine de l’expression une « victoire à la Pyrrhus » ?

Une « victoire à la Pyrrhus » est une victoire qui donne lieu à de lourdes pertes pour le vainqueur.

Cette expression fait référence aux dommages considérables subies par l’armée du roi Pyrrhus d’Épire face aux Romains pendant les batailles d’Héraclée et d’Ausculum au 3ème siècle avant Jésus Christ. Pyrrhus était en effet un dangereux adversaire du temps de la Rome antique. Malgré ses victoires lors de ces affrontements, les batailles décimaient ses troupes.

Les Romains tombés au combat étaient remplacés alors que cela était plus difficile dans l’armée de Pyrrhus. A tel point que le roi eut prononcé ces mots : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus». Les victoires n’étaient donc pas susceptibles de le réjouir. Elles avaient un goût amer.

Malgré son origine militaire, l’expression est utilisée dans de nombreux autres domaines comme la politique ou encore le sport.

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Tout de go

tout de go

Pourquoi dit-on « tout de go » ?

L’expression « tout de go » signifie directement, sans préambule ni précaution. Elle est née au 17ème siècle.

«Go » n’a rien à voir avec le jeu de plateforme d’origine chinoise. Pas d’avantage avec le verbe anglais « aller ». Cette locution est en revanche en lien direct avec l’expression ancienne « avaler tout de gob » dont elle est la formule simplifiée. Le terme « gob », qui a donné le verbe « «gober », est cette technique d’ingestion des aliments. Or l’acte de gober est réalisé rapidement. Gober consiste donc précisément à s’alimenter de façon hâtive.

Il est donc logique que l’action réalisée tout de go le soit aussitôt, en un instant.

Au sens figuré le verbe « gober » prit naturellement le sens de « croire facilement sans réfléchir ». Celui qui gobe tout ce qu’on lui dit ne prend pas le temps de réfléchir et agit avec les informations comme avec un œuf !

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Faire du gringue

faire du gringue

Pourquoi dit-on « faire du gringue » ?



« Faire du gringue » consiste à draguer quelqu’un, chercher à le séduire. Si la drague était un filet de pêche, le terme « gringue » a lui désigné au 19ème siècle du pain.



Sa signification liée à la séduction viendrait, bien qu’il s’agisse d’une hypothèse, d’une transposition d’une autre expression, « faire des petits pains » dont le sens est « chercher à séduire », « faire la cour ».

Le langage français emprunte en effet très souvent au vocabulaire gastronomique pour exprimer l’idée de séduction ou de rapports amoureux, comme dans l’expression « dévorer du regard ». Ainsi on trouve « faire du gringue » dès 1905 dans L’argot au XXème siècle: Dictionnaire français-argot d’Artistide Bruant et Léon de Bercy.

Ne confondons pas celui qui « fait du gringue » de tel autre qui « fait la bringue ». Même s’il faut en convenir, les deux activités sont loin d’être incompatibles !

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Une voix de Stentor

une voix de Stentor

Pourquoi dit-on « une voix de Stentor » ?

Une voix de Stentor est une voix puissante. Elle est si forte qu’elle impressionne, couvre les sons existants et peut être perçue de très loin.

On note l’apparition de cette expression vers le 16ème siècle. Mais son origine date du 8ème siècle avant JC dans les écrits d’Homère. Pour être plus précis, la référence à un homme nommé Stentor se trouve dans l’Iliade, ce texte qui a pour thème la guerre mythologique de Troie qui voit s’affronter les Achéens et les Troyens.

Dans l’Iliade, Homère dit de Stentor qu’il est doté d’ « une voix de bronze, aussi forte que celle de cinquante hommes réunis ». Ce personnage n’est d’ailleurs utilisé dans l’œuvre qu’au titre de référence. La déesse Héra aurait pris son apparence et sa voix pour donner du courage aux soldats grecs. 

Selon la mythologie grecque Stentor perdit la vie vaincu par le dieu Hermès lors justement d’un combat… vocal.

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La puce à l’oreille

la puce à l’oreille

Pourquoi dit-on « la puce à l’oreille » ?

« La puce à l’oreille » est un indice. «Avoir la puce l’oreille » signifie donc se douter de quelque chose, et « mettre la puce à l’oreille » éveiller les soupçons.

Cette expression est utilisée depuis de nombreux siècles mais sa signification a évolué. Au 13ème siècle, les puces sont répandues et en être porteur fort désagréable. Malgré ce, l’expression signifie alors provoquer ou avoir un désir amoureux notamment féminin.

Mais au XVIIe siècle elle revêt un sens différent, et sert désormais à signifier qu’une personne est inquiète ou que son comportement semble agité, comme si des puces la démangeaient.

Il semble ensuite que l’expression ait pris son sens actuel. A voir quelqu’un agité on avait un indice de ce qui causait son inconfort, les puces. Ainsi « avoir la puce à l’oreille » consistait bien à avoir un indice sur une situation donnée.

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L’affaire est dans le sac

l’affaire est dans le sac

D’où vient l’expression « l’affaire est dans le sac » ?

L’affaire qui est « dans le sac » est entendue. Elle est terminée, le problème est réglé, l’accord est trouvé. On ne reviendra plus dessus.

On doit cette expression au monde judiciaire de l’Ancien Régime. A cette époque, comme en grande partie de nos jours, toutes les pièces utilisées lors d’un procès étaient sous forme de papier. Les avocats à la fin de leurs plaidoiries ou les juges une fois le verdict rendu, rangeaient ces documents dans de grands sacs de toile ou de cuir. Le juge déclarait par ailleurs « l’affaire est dans le sac » lorsque l’affaire avait été jugée et ne serait pas réexaminée.

L’avocat persuadé qu’il n’aurait pas à les ressortir pour les utiliser compte tenu de la qualité de son travail, comme le juge eu égard au caractère définitif de sa décision, donnaient ainsi à cet acte une tonalité irrévocable.