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Il n’y a pas le feu au lac

il n’y a pas le feu au lac

Pourquoi dit-on « il n’y a pas le feu au lac » ?

L’expression « il n’y a pas le feu au lac » s’utilise pour signifier que rien ne presse, qu’il n’y a pas lieu de se dépêcher.

Elle connut à l’origine, au milieu du 20ème siècle, une formulation plus courte. On disait à l’époque « il n’y a pas le feu ». Cette expression restreinte est d’ailleurs utilisée encore de nos jours. Elle est aisément compréhensible. S’il n’y a pas le feu rien n’oblige à se presser puisqu’aucun incendie ne doit être éteint. On peut donc prendre son temps.

Plus tard, l’extension « au lac » fut accolée à l’expression d’origine en référence au lac Léman, pour railler la lenteur légendaire du peuple suisse. Ce lac est en effet un des symboles du pays et l’absurdité de mentionner la possibilité qu’une étendue d’eau soit en feu participe grandement au caractère sarcastique de la référence à la Suisse.

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Être connu comme le loup blanc

être connu comme le loup blanc

Quelle est l’origine de l’expression « être connu comme le loup blanc » ?

La formule « être connu comme le loup blanc » signifie être très connu ou populaire.

Pendant des siècles le loup a terrorisé les populations, en raison du danger qu’il faisait courir aux hommes mais aussi à leurs bêtes. Aussi dès qu’un loup s’approchait d’un village les habitants en étaient vite informés et faisaient circuler la nouvelle de sorte que l’animal devenait très connu !

Si de nombreuses expressions ont fait référence au loup dès le 13ème siècle, comme par exemple « regarder comme le loup blanc », Le Dictionnaire de Trévoux au 18ème siècle fait référence à la formule « connu comme le loup » évoquant pour la première fois l’idée de célébrité.

Au siècle suivant son pelage prit une couleur blanche sans que l’on sache pourquoi. Cependant il est indéniable que cette teinte accroît le caractère mystérieux et inquiétant de l’animal et par voie de conséquence sa renommée.

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Frais comme un gardon

frais comme un gardon

Pourquoi dit-on « frais comme un gardon » ?

Celui qui est « frais comme un gardon » est en pleine forme. Cette métaphore date du XVIIème siècle. A une époque où ni le réfrigérateur ni le congélateur n’était encore disponible il fallait consommer les aliments peu de temps après les avoir achetés, chassés ou pêchés. Justement nous devons notre expression au domaine de la pêche.

Un poisson était particulièrement apprécié, le gardon. En effet par ces temps où les périodes de disette étaient assez fréquentes, il avait la particularité de pouvoir être conservé bien plus longtemps que les autres poissons. Il fallait le sécher certes mais ensuite il pouvait être conservé sur de longues périodes. Il restait donc « frais », c’est-à-dire comestible.

Ainsi en raison de sa conservation bien supérieure à la moyenne, il devint sur les marchés une référence pour vanter la fraicheur d’un produit.

L’expression s’appliqua ensuite progressivement aux individus dont on voulait souligner l’état de forme physique.

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Sous la houlette

sous la houlette

Pourquoi dit-on « sous la houlette » de quelqu’un ?

On peut dire de quelqu’un qui se trouve sous le commandement, la protection ou la conduite d’une autre personne, qu’elle est « sous sa houlette ». Ainsi par exemple des adolescents qui souhaitent devenir sportifs professionnels peuvent être placés pour la durée d’un stage « sous la houlette » d’un entraineur célèbre et respecté.

Cette expression est une métaphore pastorale datant du XIIIème siècle. La « houlette » est en effet un bâton de berger particulier utilisé depuis cette époque. Sa forme recourbée en son extrémité forme un crochet, un peu à la façon de la crosse des évêques. Grâce à cet appendice on peut attraper facilement les animaux par leurs pattes.

De plus à son extrémité se trouve une plaque métallique incurvée, qui permet aux bergers de saisir et de projeter des cailloux ou des mottes de terre sur les animaux, brebis, vaches ou moutons, qui sortiraient du troupeau.

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Battre la campagne

battre la campagne

Quelle est l’origine de l’expression « battre la campagne » ?

Au sens figuré « battre la campagne » signifie divaguer, avoir l’esprit ailleurs ou encore déraisonner.

Mais l’expression a longtemps été utilisée au sens propre. Elle permet d’en comprendre l’origine. Dans le langage militaire ou de la chasse, « battre » un terrain consiste à se rendre sur les positions ennemies ou sur le territoire d’un animal, afin de se faire une meilleure idée des lieux. Pour cela il faut le plus souvent parcourir de longues distances, sans parcours précis prédéfini.

Ainsi l’expression renvoie à cette marche incertaine et sans contrainte, et l’applique à l’esprit. Celui qui « bat la campagne » laisse ses pensées vagabonder, sans but précis ni sans réfléchir logiquement.

Par ailleurs la référence à la campagne dans l’imaginaire collectif accroit le caractère libre des pensées, en tant que lieu où l’esprit peut plus facilement se libérer des tracasseries liées au travail.

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Arlésienne

Arlésienne

Pourquoi dit-on une « Arlésienne » ?

Une « Arlésienne » désigne toute personne ou chose que l’on attend et qui ne vient jamais.

Elle n’a rien à voir avec la logeuse de Vincent van Gogh dont il peignit le portrait en 1888. L’Arlésienne de l’expression est tout comme elle une habitante de la ville d’Arles mais n’a jamais existé. On la trouve dans une nouvelle d’Alphonse Daudet, L’Arlésienne, figurant dans le recueil de nouvelles, Lettres de mon moulin paru dans la seconde moitié du XIXème siècle.

Un opéra avec la musique de Georges Bizet fut tiré de cette nouvelle en 1872. L’histoire est celle d’un jeune homme qui désire épouser une jeune Arlésienne rencontrée une seule fois. Mais malheureusement celle-ci ne se présenta pas le jour des fiançailles et l’amoureux finit par se suicider.

Le personnage de l’Arlésienne n’apparait donc jamais sur scène et cette absence inspira l’expression qui nous occupe pour désigner quelqu’un, une chose ou un événement que l’on espère, dont on parle, mais que l’on ne voit jamais.

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Avoir le béguin

avoir le béguin

Pourquoi dit-on « avoir le béguin » ?

« Avoir le béguin » pour quelqu’un consiste à en être amoureux, souvent de façon passagère.

Cette expression date du 18ème siècle. Mais pour en saisir l’origine il faut s’intéresser à la racine du mot « béguin » qui remonte au 12ème siècle. Un « béguin » était alors une coiffe portée par des femmes menant une vie religieuse sans être pour autant des nonnes, mais vivant tout de même leur foi en communauté et appelées les « béguines ». Elles se nommèrent ainsi car leur mouvement fut fondé en Belgique par Lambert le Bègue, dont on dit qu’il avait un grand talent pour faire naitre la foi chez les femmes.

Tiré du « béguin », le verbe « s’embéguiner » signifiait à l’origine « se coiffer d’un béguin ». Puis au 18ème siècle on l’utilisa en argot pour signifier au figuré « tomber amoureux » de façon rapide et un peu absurde, pour celle ou celui qui se laissait prendre soudainement par la passion.

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À cor et à cri

à cor et à cri

Pourquoi dit-on « à cor et à cri » ?

« A cor et à cri » signifie appeler à grand bruit et avec beaucoup d’insistance.

La phonétique est trompeuse car le « cor » dont il s’agit n’a rien à voir avec le « corps ».

Cette expression date du XVème siècle. On disait alors dans le langage de la chasse « à cry et à cor ». Le cor en question était l’instrument de musique de la famille des cuivres aujourd’hui utilisé le plus souvent dans les fanfares et musiques militaires. A l’époque l’expression désignait une pratique de chasse à courre; celle qui consistait à poursuivre le gibier, un cerf en général, en lui faisant peur grâce au bruit du cor et aux cris des chasseurs.

Cette traque bruyante et pressante donna naissance à l’expression qui dans le langage courant fut appliquée à toutes sortes de situations où un appel se fait de façon très appuyée.

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Faire un laïus

faire un laïus

Quelle est l’origine de l’expression « faire un laïus » ?

« Faire un laïus » est une expression péjorative qui désigne l’action de tenir un discours extrêmement long, au ton ampoulé et dont le contenu est terriblement ennuyeux.

Cette expression a pour origine à la fois l’Antiquité grecque et l’école Polytechnique.

Lors d’un combat mythologique, Laïus, roi de Thèbes, fut tué par son fils Œdipe sans que celui-ci ne le reconnaisse au moment de l’acte. Au début au XIXème siècle, l’école Polytechnique présenta lors de son concours d’entrée, une épreuve de rédaction ayant pour thème cet épisode. Parmi les étudiants le sujet laisse perplexe. Beaucoup se lancent alors dans des copies interminables, dans un style laborieux ou ampoulé, au contenu assommant.

En raison de ces copies ennuyeuses pour les correcteurs, le mot« Laïus » entra dans le langage argotique des polytechniciens. Puis il fut adopté dans le langage courant.

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Pour des prunes

pour des prunes

Quelle est l’origine de l’expression « pour des prunes » ?

Si telle action compte « pour des prunes », elle n’a eu aucun effet. Elle fut inutile et compte « pour rien ».

Si l’expression date du XVIème siècle, « des prunes » signifiait déjà quelque chose sans valeur trois siècles plus tôt. Au 12ème siècle les croisés français essuient un résultat déplorable. Lors de cette seconde croisade ils ne remportent en effet aucune bataille. A défaut de victoire ils revinrent avec des pieds de pruniers de Damas dont ils avaient adoré les fruits en Orient et qu’ils offrirent au souverain. Celui-ci leur aurait alors demandé, étonné et contrarié, s’ils étaient allés combattre pendant une si longue période « pour des prunes ».

Le fruit n’étant pas connu en Europe, la référence marqua les esprits et l’expression serait ainsi entrée dans le langage.

Les croisés n’avaient donc pas assez mis de « prunes » en Orient pour pouvoir en rapporter sans susciter le courroux de leur chef !