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République bananière

république bananière

Pourquoi dit-on une « république bananière » ?

On utilise l’expression « république bananière » pour désigner depuis plus d’un siècle de manière satirique toute forme de régime politique en apparence démocratique mais en réalité dictatorial et corrompu.

Depuis le Honduras, la société United Fruit Company, producteur américain de bananes, détenait dès le début du 20ème siècle un quasi-monopole sur ce secteur en Amérique latine et aux Caraïbes. Elle aurait financé et manipulé de très nombreuses dictatures et financé différents coups d’Etat dans cette zone de la planète, pour le compte des Etats Unis. La corruption de ces pays, par ailleurs des producteurs de bananes, est à l’origine de l’expression. 

En 1904, l’écrivain américain O. Henry dans son ouvrage Choux et Rois, traite d’un pays imaginaire situé en Amérique centrale, dans lequel un dictateur dirige aux côtés d’une multinationale du fruit, une « petite république bananière maritime ».

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La chasse aux sorcières

la chasse aux sorcières

D’où vient l’expression « la chasse aux sorcières » ?

Une « chasse aux sorcières » désigne les poursuites organisées, parfois injustes, par un régime contre leurs opposants. 

Cette expression vient de l’anglais américain. Elle fut utilisée par l’écrivain Arthur Miller au sujet des persécutions maccarthystes aux États-Unis au milieu du 20ème siècle, dont le but était d’éradiquer les communistes. Pour traiter de cette situation l’écrivain la compara avec l’épisode des sorcières de Salem au XVIIe siècle. A l’époque dans le Massachusetts, des filles avaient accusé certains concitoyens de les avoir envoûtées et d’être des sorciers ou des magiciens, alliés de Satan. 

Dominée par le puritanisme la communauté prêta foi aux accusations. Elles entraînèrent des condamnations et l’exécution pour sorcellerie de vingt-cinq personnes en 1692.

De nos jours, l’expression s’applique à toute organisation qui cherche à se débarrasser de certains de ses membres en raison de leurs opinions. 

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C’est la panique

c’est la panique

D’où vient l’expression « c’est la panique » ?

La « panique » désigne une terreur soudaine et irraisonnée qui envahit une ou plusieurs personnes. On peut ainsi « être pris de panique », y succomber, ou au contraire la semer.

Son origine remonte à l’Antiquité. En grec ancien le mot « panikos » signifiait « relatif à Pan ». Pan était une divinité protectrice des bergers et des pâturages. Elle était effrayante à double titre. D’abord son apparence était hybride, avec des cornes sur la tête, un torse d’homme et des pattes de bouc. Si laid que sa mère l’abandonna à sa naissance. Ensuite Pan pouvait crier de façon à faire peur aux voleurs comme aux soldats lors de batailles.

Vu ou simplement entendu, il semait la peur. Il est donc normal que son nom soit aujourd’hui associé à une de ses formes les plus aiguës, la panique !

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Boute-en-train

boute-en-train

Pourquoi dit-on un « boute-en-train » ?

Un « boute-en-train » est une personne enjouée qui communique aisément sa bonne humeur à son entourage.

Plusieurs hypothèses existent quant à son origine. 

D’abord selon le Dictionnaire de l’Académie Française de 1762 ce terme désignait un oiseau, sorte de passereau, « qui servait à faire chanter les autres ». 

Mais on également fait remarquer que le verbe « bouter » signifiait en ancien français « mettre ». Au XVIIe siècle, pour dire « en action » on utilisait la formule « en train ». Donc « bouter » « en train » signifiait « mettre en action ». Or le boute-en-train est précisément celui qui sort un groupe de la passivité pour l’encourager à être joyeux et animé.

Enfin on évoque l’expression « boute en train » pour désigner un cheval stérile utilisé pour trouver des juments fertiles, destinées à la reproduction avec un étalon. 

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Être sur la sellette

être sur la sellette

Pourquoi dit-on « être sur la sellette » ?

Une personne « sur la sellette » est en mauvaise position. Elle est exposée à la critique et au jugement d’autrui.

La « sellette » n’est pas une petite selle de cheval. Il s’agissait en revanche d’un petit siège; une sorte de chaise qui se trouvait dans les Cours de justice au XIIIe siècle. Les accusés y étaient assis pour être interrogés avec les fers aux pieds, dans une position inconfortable.

Ainsi en contrebas par rapport aux juges ils étaient placés physiquement en situation d’infériorité, de dominés. Cette mesure humiliante avait pour objectif d’obtenir plus rapidement des aveux. La référence à cet objet est donc pertinente pour évoquer une position malaisée.

Après la Révolution la pratique dégradante de la sellette disparut des tribunaux. Cependant le terme traversa les siècles par le langage.

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Être mis à pied

être mis à pied

Quelle est l’origine de l’expression « être mis à pied » ?

Une personne « mise à pied » est tout simplement renvoyée de son travail car elle a commis une faute. Il peut s’agir d’une mesure temporaire, préventive ou définitive. La durée d’une mise à pied s’exprime en jours.

Cette expression a une origine militaire. Au XVème siècle, un soldat « mis à pied » était privé de ses chevaux car il avait commis une faute. Cette mesure punitive pouvait durer quelques jours voire quelques semaines. Il était par ailleurs contraint d’effectuer des tâches ingrates, notamment nettoyer les écuries.

Il est également possible que l’expression ait été utilisée en dehors de l’armée, dans le domaine purement civil. En effet à l’époque celui qui possédait un cheval avait nécessairement une certaine richesse. L’en déposséder revenait à le déclasser tout autant qu’à amputer sa fortune.

Il faut attendre le XIXème siècle pour que l’expression soit reprise dans le langage courant.

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Après moi le déluge

après moi le déluge

D’où vient l’expression « après moi le déluge » ?

Celui qui s’exclame « après moi le déluge » désire faire connaitre son indifférence pour ce qui adviendra après sa mort. 

Certains attribuent ces mots à Louis XV qui, pressentant la fin de la monarchie, se serait exprimé ainsi pour faire savoir qu’il se moquait de ce que pourrait faire son dauphin, Louis XVI, après sa disparition: « Au reste, les choses comme elles sont dureront autant que moi ; après moi le déluge ». Elle est donc le propos d’une personne ayant peu de souci de ses héritiers et de son pays.

Le mot « déluge » est une référence directe au Déluge de la Bible dont seul Noé sortit vivant avec sa famille et toutes les espèces animales montés à bord de son arche, ce navire construit sur l’ordre de Dieu afin de les sauver du Déluge.

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Vernissage

vernissage

Pourquoi dit-on le « vernissage » d’une exposition ?

Un « vernissage » est une réception organisée par un artiste afin d’inaugurer une exposition. Il s’agit donc d’une fête destinée aux proches et critiques d’art.

On utilise ce terme avec cette signification précise depuis le 18ème siècle en raison d’une pratique particulière. Le jour de l’inauguration d’une exposition, l’artiste lui-même passait une dernière couche de vernis sur ses œuvres, le plus souvent réalisées à la peinture à l’huile, afin qu’elles soient les plus belles possibles.

Il faut distinguer cette pratique de l’acte de « bonnarder », du nom du célèbre peintre Pierre Bonnard, qui consiste à retoucher une œuvre déjà exposée dans un musée ou une galerie, y compris à l’insu de ses nouveaux propriétaires.

De nos jours les artistes ne mettent plus de couche de vernis sur leurs œuvres lors des vernissages, mais le terme perdure dans le langage courant. 

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Battre sa coulpe

battre sa coulpe

D’où vient l’expression « battre sa coulpe » ?

« Battre sa coulpe » consiste à avouer sa culpabilité, reconnaitre ses torts. Le terme « coulpe » vient de « culpa » que l’on trouve dans l’expression « mea culpa ».

Cette expression date du XIIème siècle. A cette époque, les moines devaient périodiquement avouer publiquement leurs péchés, appelés «coulpes», pour les voir réparés. Lors de séances d’aveux, ils devaient se frapper la poitrine avec le poing. Tout en effectuant ce geste de pénitence, le religieux devait dire à voix haute « mea culpa », c’est-à-dire « ma faute ». Cet acte de repentance pouvait être également pratiqué par la population afin de montrer sa foi.

Aujourd’hui cette locution est la seule survivance du terme « coulpe ». Tout comme le mot, la pratique a disparu au fil des siècles. Seule reste l’expression « battre sa coulpe » qui a quitté le domaine religieux.

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L’avocat du diable

l’avocat du diable

Pourquoi dit-on « l’avocat du diable » ?

Se faire « l’avocat du diable » consiste à défendre une opinion contraire à celle partagée par la majorité. Cette attitude revient souvent à défendre l’indéfendable, par goût de la contradiction ou par simple plaisir intellectuel.

En droit religieux, dans le processus de canonisation d’un saint, l’« advocatus diaboli » était le clerc chargé de l’étude préalable durant laquelle son rôle était d’enquêter pour trouver dans la vie du candidat les faits qui pourraient être attribués à l’œuvre du diable; et qui seraient donc susceptibles de plaider en sa défaveur. En effet pour accéder à la sainteté il fallait avoir mené une vie absolument irréprochable. Cette personne avait donc bien pour rôle de défendre le diable, jusqu’à ce que son intervention soit supprimée par le pape Jean-Paul II en 1983. 

Depuis le siècle des Lumières l’expression est sortie du domaine strictement religieux, pour s’appliquer à toute personne qui défend, y compris contre ses propres convictions, une opinion condamnée par l’évidence.