Selon une étude parue le jeudi 06 avril 2017 dans la revue américaine Science, un virus habituellement inoffensif peut déclencher une allergie durable au gluten et provoquer aussi la maladie cœliaque, une maladie auto-immune qui attaque l’intestin grêle.
Cette découverte met en avant le rôle apparemment majeur des infections virales dans les maladies auto-immunes puisqu’un virus est aussi suspecté dans le diabète infantile de type 1. Chez les personnes souffrant de la maladie cœliaque, qui touche un Américain sur 133, la consommation de gluten issu du blé, du seigle ou de l’orge, provoque une réaction immunitaire anormale dans l’intestin grêle, créant une inflammation qui abîme la paroi intestinale. La seule solution est de ne pas consommer de gluten.
« Cette étude montre clairement qu’un virus qui n’est pas cliniquement pathogène peut être très néfaste pour le système immunitaire et créer des conditions favorisant un trouble auto-immune, la maladie cœliaque en particulier », explique Bana Jabri, directrice de recherche à l’Université de Chicago, principale auteure de ces travaux.
L’étude révèle que ces virus intestinaux dénommés « réovirus » peuvent faire sur-réagir le système immunitaire au gluten, une protéine qui est déjà difficile à digérer. Le réovirus provoque une forte augmentation des anticorps dans l’intestin, ce qui peut « affecter de manière permanente le système immunitaire et ouvrir la voie à une réaction excessive au gluten », expliquent ces chercheurs.
Chez des souris, ces réovirus humains déclenchent une réaction inflammatoire et la perte de la tolérance orale au gluten. Mais l’étude montre qu’une autre souche de ce virus, qui est proche mais génétiquement différente, n’a aucun effet.
Un vaccin possible ?
La plupart des enfants mangent leurs premières céréales contenant du gluten vers l’âge de six mois, quand leur système immunitaire est encore très vulnérable aux virus et autres agents pathogènes. « Pendant la première année de vie, le système immunitaire continue à se former, laissant certains enfants avec des caractéristiques génétiques particulières, plus sensibles à ces virus qui peuvent laisser des séquelles intestinales durables, c’est la raison pour laquelle nous pensons qu’avec davantage d’études, il serait peut-être judicieux de penser à vacciner des enfants ayant un risque élevé de développer la maladie cœliaque » explique la Dr Jabri.