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Au temps pour moi

au temps pour moi

Pourquoi dit-on « au temps pour moi » ?

Cette locution permet à une personne de reconnaître son erreur et d’adapter son avis en fonction de cette celle-ci. S’il est fréquent de voir écrit « autant pour moi », l’Académie française est formelle : l’orthographe à retenir est « au temps pour moi ». Et cette orthographe découle précisément de l’origine de l’expression.

Dans le langage militaire, l’injonction « au temps ! » est utilisée pour commander la reprise d’un mouvement depuis le commencement. L’idée est donc de reprendre pour corriger. Ainsi il est naturel que cette injonction appliquée à soi-même se traduise par « au temps pour moi ».

Quant à la version familière « autant pour moi », largement employée de nos jours, personne n’est capable de la dater avec précision. Certains comme Maurice Grevisse, avancent même qu’elle est antérieure à celle orthographiée « au temps » ; alors que pour d’autres linguistes les deux versions doivent être considérées comme distinctes.

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Joindre les deux bouts

joindre les deux bouts

Quelle est l’origine de l’expression « joindre les deux bouts » ?

Avoir des difficultés à joindre les deux bouts signifie avoir des fins de mois difficiles, se trouver dans une situation financière problématique.

Cette expression trouverait son origine dans une mode vestimentaire datant du XVIème siècle, la collerette. A cette époque la tendance des cols montants à dentelle pour les femmes gagne les hommes. Au milieu du siècle la collerette devient un accessoire distinct de la chemise et prend le nom de « fraise ». Elle devient rapidement un signe de réussite sociale et financière.

Aussi certains nobles peu fortunés se faisaient confectionnés des fraises démesurément grandes pour laisser croire à une immense richesse. Mais en conséquence cela élargissait considérablement la taille de leur tour de cou une fois habillé. Aussi durant les repas, leur serviette, dont il n’avait pas ajusté la taille proportionnellement à celle de la collerette, se trouvait être trop petite pour être nouée. Ils avaient donc au sens propre du mal à «joindre les deux bouts».

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De derrière les fagots

de derrière les fagots

Pourquoi dit-on « de derrière les fagots » ?

On dit que quelque chose sort de « derrière les fagots » pour souligner son caractère surprenant ou précieux. Cette expression est apparue au XVIIIème siècle au sujet du vin.

Les bouteilles des meilleurs crus étaient alors conservées derrière des fagots de bois afin de les protéger de la convoitise d’éventuels visiteurs, mais aussi pour maintenir les conditions optimales de leur conservation y compris durant les rudes mois d’hiver. Ces fagots servaient par ailleurs à faire démarrer les feux dans les cheminées.

Quant aux bouteilles elles étaient réservées aux grandes occasions ; idée d’excellence et de rareté que l’expression évoque parfaitement encore de nos jours. Mais progressivement le sens de cette expression s’est élargi et diversifié au point de ne plus être strictement limité au domaine viticole. Elle permet aujourd’hui de mettre en évidence la préciosité de toutes choses.

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De joyeux drilles

de joyeux drilles

Pourquoi dit-on « de joyeux drilles » ?

« De joyeux drilles » désignent d’heureux camarades.

Si l’adjectif « joyeux » ne pose pas de difficulté, « drille » semble plus énigmatique. Au 17ème siècle il sert à nommer les militaires quelque peu vagabonds. Rarement seuls ils se déplaçaient en groupe. Fréquemment éméchés, ils avaient la réputation d’être des fêtards qui se comportaient entre eux comme de bons camarades, s’aidant mutuellement quelles que soient les situations rencontrées.

Dès lors on comprend pourquoi l’image des joyeux drilles, ces compagnons rigolards, qui a traversé les siècles reste positive malgré leurs éventuels méfaits.

Aujourd’hui les « joyeux drilles » qui ne sont plus seulement des soldats, peuvent être parfois qualifiés de « joyeux lurons ». Certains affectionnent encore cette autre expression légèrement surannée au sens approchant, « Roger Bontemps », pour désigner plus spécifiquement une personne qui vit dans la bonne humeur, sans souci.

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De Charybde en Scylla

Charybde en scylla

Quelle est l’origine de l’expression « de Charybde en Scylla » ?

Aller ou tomber de « Charybde en Scylla » signifie depuis le 14ème siècle, n’éviter un mal ou danger que pour en rencontrer un autre de plus grande ampleur. Autrement dit « aller de mal en pis ». L’expression peut paraitre énigmatique.

Dans la mythologie grecque, Charybde et Scylla sont deux monstres marins. Ils se trouvent dans la zone du détroit de Messine, qui en mer Méditerranée sépare la péninsule italienne de la Sicile.

Charybde est un tourbillon, alors que Scylla est un écueil. Ils sont mentionnés dans l’Odyssée quand Circé décrit à Ulysse la route à suivre. Ces deux dangers menaçaient donc les marins qui utilisaient cette route. Ceux qui cherchaient à éviter le premier périssaient immanquablement en s’écrasant sur le second. Ulysse lui-même y perdit six de ses marins.

Aujourd’hui encore ce détroit constitue un réel danger pour les navigateurs en raison de puissants courants.

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Un mauvais coucheur

un mauvais coucheur

Pourquoi dit-on « un mauvais coucheur » ?

« Un mauvais coucheur » est une personne désagréable, difficile à vivre et dont la sociabilité est limitée. Cette expression date du début du XIXème siècle mais fait référence à une époque bien plus ancienne encore.

Au XVIème siècle dans les auberges, il était de coutume pour les quidams de dormir à plusieurs dans le même lit. On partageait ainsi sa couche de manière aléatoire avec d’autres voyageurs. Frappé de malchance, vous pouviez passer une nuit fort agitée si votre compagnon ronflait ou bougeait beaucoup. Ces personnes remuantes ou bruyantes furent appelées « mauvais coucheurs », et pouvaient par ailleurs montrer leur irascibilité si la remarque leur en était faite.

La pratique de partager son lit a bien disparu au cours des siècles suivants, mais le langage en a conservé la trace comme une marque de compassion à l’égard de ceux qui, il y a des siècles, eurent à subir le comportement nocturne de leurs semblables.

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Pleurer comme une Madeleine

pleurer comme une Madeleine

Quelle est l’origine de l’expression « pleurer comme une Madeleine » ?

Celui qui « pleure comme une madeleine », pleure abondamment sans pouvoir s’arrêter. On note la première utilisation de cette expression au XIXème siècle dans La Comédie Humaine d’Honoré de Balzac.

« Madeleine » n’est pas ici une référence au délicieux petit gâteau traditionnel lorrain mais à la personne de Marie-Madeleine dans la Bible.

Ancienne prostituée, elle se confessa à Jésus et pleura tant sur ses pieds qu’elle les lava avec ses larmes, avant de les sécher grâce à ses cheveux.

Par la suite, alors que Jésus avait disparu de son tombeau, elle pleura devant celui-ci et une fois à l’intérieur, encore en larmes, vit deux anges vêtus de blanc avant de voir apparaitre Jésus Christ lui-même qui l’interrogea sur la raison de ses sanglots.

Elle devint ainsi une référence naturelle pour qui désire souligner le caractère intarissable d’une crise de larmes.

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De la crotte de bique

de la crotte de bique

D’où vient l’expression « de la crotte de bique » ?

On dit de telle chose qu’il s’agit « de crotte de bique » pour souligner sa large insignifiance.

La « crotte » est synonyme d’excrément. Mais pourquoi celle de la bique serait-elle particulièrement sans valeur ? Il faut la comparer avec celle produite par d’autres animaux de la ferme comme les vaches ou encore les chevaux. Ceux-ci produisent des excréments dans des proportions bien plus importantes comparées au fin chapelet de minuscules boules dont la bique se contente.

Outre la quantité, la qualité est également bien moindre. Si le crottin de cheval ou les bouses de vaches peuvent être utilisés comme engrais naturel ou combustible, rien de tel n’est possible avec les crottes de bique.

Sans aucune utilité particulière et ridiculement petite, la crotte de bique traine tristement son caractère négligeable, tant sur les chemins de campagne que dans nos conversations.

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Bayer aux corneilles

bayer aux corneilles

Quelle est l’origine de « bayer aux corneilles » ?

« Bayer aux corneilles » désigne depuis le 16ème siècle le fait de ne rien faire d’utile, de regarder futilement en l’air, oisivement.

Le verbe « bayer » est à distinguer de « bâiller ». Il signifie ici être bouche bée, c’est à dire avoir la bouche ouverte. A l’époque de l’apparition de l’expression, « corneille » est employé pour les choses anodines, négligeables. On dit par exemple « voler pour corneille » pour indiquer d’une chasse qu’elle portait sur un gibier de médiocre qualité.

« Corneille » vient donc de façon presque redondante doubler l’idée d’absence d’importance et donner à l’expression la signification littérale suivante : rester bouche bée devant une chose ayant très peu d’intérêt.

Mais aux corneilles, gageons que certains préfèreront toujours « regarder les mouches voler » !

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Par monts et par vaux

par monts et par vaux

Pourquoi dit-on « par monts et par vaux » ?

« Par monts et par vaux » signifie « en de nombreux lieux » ou « partout ». On dit ainsi d’une personne qui est sans cesse en déplacement, dans tous les endroits possibles et imaginables, qu’elle est toujours « par monts et par vaux ».

Composée des pluriels de « mont » et « val », cette expression est apparue au 15ème siècle et désignait alors les montagnes et vallées dont la France était composée. Celui qui se déplaçait assidûment passait ainsi par de multiples reliefs. Elle porte donc la notion du déplacement géographique total, que ce soit en altitude ou en distance.

Si le pluriel de « mont » ne pose de difficulté, celui de « vallée » par la forme « vaux » mérite un mot. « Vau » est tout simplement la forme ancienne de « val », utilisée jusqu’au siècle d’apparition de l’expression.