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Frais comme un gardon

frais comme un gardon

Pourquoi dit-on « frais comme un gardon » ?

Celui qui est « frais comme un gardon » est en pleine forme. Cette métaphore date du XVIIème siècle. A une époque où ni le réfrigérateur ni le congélateur n’était encore disponible il fallait consommer les aliments peu de temps après les avoir achetés, chassés ou pêchés. Justement nous devons notre expression au domaine de la pêche.

Un poisson était particulièrement apprécié, le gardon. En effet par ces temps où les périodes de disette étaient assez fréquentes, il avait la particularité de pouvoir être conservé bien plus longtemps que les autres poissons. Il fallait le sécher certes mais ensuite il pouvait être conservé sur de longues périodes. Il restait donc « frais », c’est-à-dire comestible.

Ainsi en raison de sa conservation bien supérieure à la moyenne, il devint sur les marchés une référence pour vanter la fraicheur d’un produit.

L’expression s’appliqua ensuite progressivement aux individus dont on voulait souligner l’état de forme physique.

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Sous la houlette

sous la houlette

Pourquoi dit-on « sous la houlette » de quelqu’un ?

On peut dire de quelqu’un qui se trouve sous le commandement, la protection ou la conduite d’une autre personne, qu’elle est « sous sa houlette ». Ainsi par exemple des adolescents qui souhaitent devenir sportifs professionnels peuvent être placés pour la durée d’un stage « sous la houlette » d’un entraineur célèbre et respecté.

Cette expression est une métaphore pastorale datant du XIIIème siècle. La « houlette » est en effet un bâton de berger particulier utilisé depuis cette époque. Sa forme recourbée en son extrémité forme un crochet, un peu à la façon de la crosse des évêques. Grâce à cet appendice on peut attraper facilement les animaux par leurs pattes.

De plus à son extrémité se trouve une plaque métallique incurvée, qui permet aux bergers de saisir et de projeter des cailloux ou des mottes de terre sur les animaux, brebis, vaches ou moutons, qui sortiraient du troupeau.

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Coincer la bulle

coincer la bulle

D’où vient l’expression « coincer la bulle » ?

« Coincer la bulle » consiste à ne rien faire.

Datée du XXème siècle, cette expression vit le jour dans le domaine des armées. Au cours d’exercices de tirs de mortiers à l’Ecole militaire de Saint-Cyr les soldats devaient s’assurer que cette arme était parfaitement à l’horizontale. Pour vérifier que tel était le cas, ils utilisaient un niveau, cet instrument connu en maçonnerie qui présente en son centre un petit réservoir de liquide et une bulle d’air coincée à l’intérieur. Quand la bulle est au milieu, exactement entre deux marques, cela signifie que le support sur lequel le niveau est posé est bien à l’horizontale.
Une fois que les artilleurs avaient constaté que tel était le cas sur le niveau posé sur l’arme, ils avaient « coincé la bulle » et n’avaient plus qu’à attendre les instructions.

Cette marque de passivité fut ensuite reprise dans le langage courant.

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Battre la campagne

battre la campagne

Quelle est l’origine de l’expression « battre la campagne » ?

Au sens figuré « battre la campagne » signifie divaguer, avoir l’esprit ailleurs ou encore déraisonner.

Mais l’expression a longtemps été utilisée au sens propre. Elle permet d’en comprendre l’origine. Dans le langage militaire ou de la chasse, « battre » un terrain consiste à se rendre sur les positions ennemies ou sur le territoire d’un animal, afin de se faire une meilleure idée des lieux. Pour cela il faut le plus souvent parcourir de longues distances, sans parcours précis prédéfini.

Ainsi l’expression renvoie à cette marche incertaine et sans contrainte, et l’applique à l’esprit. Celui qui « bat la campagne » laisse ses pensées vagabonder, sans but précis ni sans réfléchir logiquement.

Par ailleurs la référence à la campagne dans l’imaginaire collectif accroit le caractère libre des pensées, en tant que lieu où l’esprit peut plus facilement se libérer des tracasseries liées au travail.

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Arlésienne

Arlésienne

Pourquoi dit-on une « Arlésienne » ?

Une « Arlésienne » désigne toute personne ou chose que l’on attend et qui ne vient jamais.

Elle n’a rien à voir avec la logeuse de Vincent van Gogh dont il peignit le portrait en 1888. L’Arlésienne de l’expression est tout comme elle une habitante de la ville d’Arles mais n’a jamais existé. On la trouve dans une nouvelle d’Alphonse Daudet, L’Arlésienne, figurant dans le recueil de nouvelles, Lettres de mon moulin paru dans la seconde moitié du XIXème siècle.

Un opéra avec la musique de Georges Bizet fut tiré de cette nouvelle en 1872. L’histoire est celle d’un jeune homme qui désire épouser une jeune Arlésienne rencontrée une seule fois. Mais malheureusement celle-ci ne se présenta pas le jour des fiançailles et l’amoureux finit par se suicider.

Le personnage de l’Arlésienne n’apparait donc jamais sur scène et cette absence inspira l’expression qui nous occupe pour désigner quelqu’un, une chose ou un événement que l’on espère, dont on parle, mais que l’on ne voit jamais.

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Pour des prunes

pour des prunes

Quelle est l’origine de l’expression « pour des prunes » ?

Si telle action compte « pour des prunes », elle n’a eu aucun effet. Elle fut inutile et compte « pour rien ».

Si l’expression date du XVIème siècle, « des prunes » signifiait déjà quelque chose sans valeur trois siècles plus tôt. Au 12ème siècle les croisés français essuient un résultat déplorable. Lors de cette seconde croisade ils ne remportent en effet aucune bataille. A défaut de victoire ils revinrent avec des pieds de pruniers de Damas dont ils avaient adoré les fruits en Orient et qu’ils offrirent au souverain. Celui-ci leur aurait alors demandé, étonné et contrarié, s’ils étaient allés combattre pendant une si longue période « pour des prunes ».

Le fruit n’étant pas connu en Europe, la référence marqua les esprits et l’expression serait ainsi entrée dans le langage.

Les croisés n’avaient donc pas assez mis de « prunes » en Orient pour pouvoir en rapporter sans susciter le courroux de leur chef !

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Un soleil de plomb

un soleil de plomb

D’où vient l’expression « un soleil de plomb » ?

« Un soleil de plomb » désigne une chaleur extérieure écrasante.

En un endroit donné la chaleur dégagée par les rayons du soleil peut être telle qu’elle donne l’impression à celui qui la subit qu’elle supporte une lourdeur, un poids important sur ses épaules.

Or la forte densité du plomb est célèbre. Ce métal a donc logiquement été utilisé dès la première moitié du 19ème siècle pour exprimer métaphoriquement la pesanteur extrême que le soleil peut faire ressentir.

On retrouve la même idée de poids et de fatigue dans l’expression un « sommeil de plomb » apparue à la même époque. En revanche dans « avoir du plomb dans l’aile » ce n’est pas le poids du métal qui empêche métaphoriquement un projet de se réaliser mais bien celui utilisé très concrètement par les chasseurs pour tirer sur les proies volantes.

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Défrayer la chronique

défrayer la chronique

Pourquoi dit-on « défrayer la chronique » ?

« Défrayer la chronique » consiste à faire parler de soi, le plus souvent de façon négative en raison de ses actes ou de simples médisances.

Pourtant à l’origine au XVIIème siècle, l’expression ne comportait aucune charge péjorative. La formule exacte de l’époque, « défrayer la compagnie », signifiait l’art d’amuser des invités. « Défrayer » signifiait déjà « payer pour autrui » ou « faire les frais de ». Or celui qui entretenait l’amusement général était précisément celui qui alimentait la conversation avec ses nouvelles ou ragots. On riait donc à son propos, à ses frais. Il est donc logique qu’il ait « défrayé ».

Quant à la « chronique » elle fut d’abord un ouvrage listant des faits dans leur ordre chronologique. Puis au XVIIème siècle, le terme se mit à désigner en outre des informations sans grande importance que l’on s’échangeait à propos de tiers, à leur insu.

Il est ainsi devenu possible de « faire la chronique » de ceux qui la défraient régulièrement !

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Tête de linotte

tête de linotte

D’où vient l’expression « tête de linotte » ?

Une « tête de linotte » est une personne très étourdie, dotée de peu de mémoire. L’expression comprend la formule « tête de » qui dans la plupart des cas est péjorative.

En ornithologie, la « linotte » désigne un petit oiseau gris avec sur la tête et la gorge du rouge carmin. Par le passé la forme masculine « le linot » se rencontrait, mais aujourd’hui elle est désuète et le féminin l’a définitivement emporté.

La linotte présente la particularité anatomique d’être très petite. Notamment sa tête, et donc son cerveau, sont minuscules. De plus son caractère est depuis toujours réputé être léger et inconstant.

Dire de quelqu’un qu’il est une « tête de linotte » revient donc à comparer sa mémoire et son comportement à celui d’un adorable mais très étourdi petit passereau, dont on dit qu’il est peu futé tant il construit ses nids à portée des prédateurs.

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Rater le coche

rater le coche

Quelle est l’origine de l’expression « rater le coche » ?

Celui qui « rate le coche » manque une bonne occasion.

Au XVIème siècle un « coche » désignait deux moyens de transports distincts. Il pouvait tout d’abord s’agir d’un véhicule attelé de type hippomobile servant au transport en commun de personnes. Mais ce même mot était également utilisé pour les transports fluviaux, très prisés à l’époque.

Pour monter à bord de ces coches d’eau il fallait se positionner à des arrêts prédéfinis, aux heures précises de passage. Si on arrivait en retard, on perdait toute chance de monter à bord. « Rater le coche » consistait donc à l’époque à ne pas pouvoir utiliser ce moyen de transport pour se déplacer ; exactement comme on peut manquer de nos jours un avion ou un train.

Si les coches ont disparu de nos villes, l’expression a traversé les siècles comme une trace du temps où l’eau remplaçait le bitume sur certains trajets.