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C’est là que le bât blesse

c’est là que le bât blesse

Pourquoi dit-on « c’est là que le bât blesse » ?

L’expression « c’est là que le bât blesse » qui est née au 15ème siècle, désigne la cause d’une difficulté ou d’une souffrance et sert à la pointer explicitement.

Pour saisir sa signification il faut en premier lieu nous attarder sur la définition d’un bât (et non d’un bas). Un bât était un dispositif en bois placé sur le dos des mulets ou des ânes. Il servait à accrocher des objets, le plus souvent de lourdes charges. Compte tenu du poids porté par l’animal, si le bât était mal fixé il pouvait souffrir. Le bât pouvait en effet le blesser et l’endroit de la blessure devenait son point faible.

Appliquée aux hommes l’expression revient ainsi à désigner la raison d’une souffrance, le plus souvent d’ordre psychologique.

A noter que l’adjectif « bâté » existe et se retrouve dans l’expression « un âne bâté » qui désigne un individu à la fois bête, ignorant et ridicule.

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Ça fait des lustres

ça fait des lustres

D’où vient l’expression « ça fait des lustres » ?

« Ça fait des lustres » signifie « ça fait très longtemps ». L’expression date du 17ème siècle.

Les « lustres » en question ne sont pas des appareils d’éclairage suspendus au plafond des salons. Le lustre fait ici référence à l’unité de temps du même nom qui correspondait à une durée de 5 ans dans la Rome antique. A cette époque le lustre était plus précisément une cérémonie de purification effectuée avant les recensements réalisés tous les cinq ans. A cette occasion les censeurs, c’est à dire les hauts magistrats, le plus souvent choisis parmi les anciens consuls, étaient élus.

Mais le lustre désignait tout aussi bien la cérémonie que le laps de temps s’écoulant entre deux « lustres ». Par extension, utilisé au pluriel, « des lustres » ont pris le sens d’une période toute à la fois de étendue et imprécise.

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Faire un pataquès

faire un pataquès

Quelle est l’origine de l’expression « faire un pataquès » ?

Faire un pataquès signifie donner une importance considérable à une situation ou un évènement qui ne le mérite pas.

Cette expression a pour origine une faute de liaison dans le langage oral. Ainsi selon le grammairien du 18ème siècle Domergue, par ailleurs journaliste et membre de l’Académie française de 1803 à 1810, le spectateur d’une pièce de théâtre assis à coté de deux dames peu instruites aurait trouvé un éventail. Il leur demanda s’il leur appartenait et se vit répondre : « Il n’est point-z-à moi » par l’une et « « il n’est pas-t-à moi » par l’autre. Face à cette erreur de liaison il aurait répondu  »alors je ne sais pas-t-à-qu’est-ce ! ».

Cette expression liée aux fautes grossières aurait ensuite été reprise dans le langage courant en se fixant, sans que l’on puisse réellement dire pourquoi, sur l’agitation et l’énervement en raison de choses sans grande importance.

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Tout de go

tout de go

Pourquoi dit-on « tout de go » ?

L’expression « tout de go » signifie directement, sans préambule ni précaution. Elle est née au 17ème siècle.

«Go » n’a rien à voir avec le jeu de plateforme d’origine chinoise. Pas d’avantage avec le verbe anglais « aller ». Cette locution est en revanche en lien direct avec l’expression ancienne « avaler tout de gob » dont elle est la formule simplifiée. Le terme « gob », qui a donné le verbe « «gober », est cette technique d’ingestion des aliments. Or l’acte de gober est réalisé rapidement. Gober consiste donc précisément à s’alimenter de façon hâtive.

Il est donc logique que l’action réalisée tout de go le soit aussitôt, en un instant.

Au sens figuré le verbe « gober » prit naturellement le sens de « croire facilement sans réfléchir ». Celui qui gobe tout ce qu’on lui dit ne prend pas le temps de réfléchir et agit avec les informations comme avec un œuf !

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Faire du gringue

faire du gringue

Pourquoi dit-on « faire du gringue » ?



« Faire du gringue » consiste à draguer quelqu’un, chercher à le séduire. Si la drague était un filet de pêche, le terme « gringue » a lui désigné au 19ème siècle du pain.



Sa signification liée à la séduction viendrait, bien qu’il s’agisse d’une hypothèse, d’une transposition d’une autre expression, « faire des petits pains » dont le sens est « chercher à séduire », « faire la cour ».

Le langage français emprunte en effet très souvent au vocabulaire gastronomique pour exprimer l’idée de séduction ou de rapports amoureux, comme dans l’expression « dévorer du regard ». Ainsi on trouve « faire du gringue » dès 1905 dans L’argot au XXème siècle: Dictionnaire français-argot d’Artistide Bruant et Léon de Bercy.

Ne confondons pas celui qui « fait du gringue » de tel autre qui « fait la bringue ». Même s’il faut en convenir, les deux activités sont loin d’être incompatibles !

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Une voix de Stentor

une voix de Stentor

Pourquoi dit-on « une voix de Stentor » ?

Une voix de Stentor est une voix puissante. Elle est si forte qu’elle impressionne, couvre les sons existants et peut être perçue de très loin.

On note l’apparition de cette expression vers le 16ème siècle. Mais son origine date du 8ème siècle avant JC dans les écrits d’Homère. Pour être plus précis, la référence à un homme nommé Stentor se trouve dans l’Iliade, ce texte qui a pour thème la guerre mythologique de Troie qui voit s’affronter les Achéens et les Troyens.

Dans l’Iliade, Homère dit de Stentor qu’il est doté d’ « une voix de bronze, aussi forte que celle de cinquante hommes réunis ». Ce personnage n’est d’ailleurs utilisé dans l’œuvre qu’au titre de référence. La déesse Héra aurait pris son apparence et sa voix pour donner du courage aux soldats grecs. 

Selon la mythologie grecque Stentor perdit la vie vaincu par le dieu Hermès lors justement d’un combat… vocal.

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La puce à l’oreille

la puce à l’oreille

Pourquoi dit-on « la puce à l’oreille » ?

« La puce à l’oreille » est un indice. «Avoir la puce l’oreille » signifie donc se douter de quelque chose, et « mettre la puce à l’oreille » éveiller les soupçons.

Cette expression est utilisée depuis de nombreux siècles mais sa signification a évolué. Au 13ème siècle, les puces sont répandues et en être porteur fort désagréable. Malgré ce, l’expression signifie alors provoquer ou avoir un désir amoureux notamment féminin.

Mais au XVIIe siècle elle revêt un sens différent, et sert désormais à signifier qu’une personne est inquiète ou que son comportement semble agité, comme si des puces la démangeaient.

Il semble ensuite que l’expression ait pris son sens actuel. A voir quelqu’un agité on avait un indice de ce qui causait son inconfort, les puces. Ainsi « avoir la puce à l’oreille » consistait bien à avoir un indice sur une situation donnée.

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L’affaire est dans le sac

l’affaire est dans le sac

D’où vient l’expression « l’affaire est dans le sac » ?

L’affaire qui est « dans le sac » est entendue. Elle est terminée, le problème est réglé, l’accord est trouvé. On ne reviendra plus dessus.

On doit cette expression au monde judiciaire de l’Ancien Régime. A cette époque, comme en grande partie de nos jours, toutes les pièces utilisées lors d’un procès étaient sous forme de papier. Les avocats à la fin de leurs plaidoiries ou les juges une fois le verdict rendu, rangeaient ces documents dans de grands sacs de toile ou de cuir. Le juge déclarait par ailleurs « l’affaire est dans le sac » lorsque l’affaire avait été jugée et ne serait pas réexaminée.

L’avocat persuadé qu’il n’aurait pas à les ressortir pour les utiliser compte tenu de la qualité de son travail, comme le juge eu égard au caractère définitif de sa décision, donnaient ainsi à cet acte une tonalité irrévocable.

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Pendre la crémaillère

pendre la crémaillère

Quelle est l’origine de l’expression « pendre la crémaillère » ?

« Pendre la crémaillère » consiste à inviter des amis quand on s’installe dans un nouvelle maison ou un nouvel appartement. La pendaison célèbre donc un emménagement. Cette coutume tient sa source dans une pratique médiévale et un objet qui n’existe plus de nos jours.

Quand la construction d’une maison était achevée, la tradition consistait à inviter tous ceux qui avaient participé aux travaux à l’occasion d’un repas. Pour faire cuire ou réchauffer les aliments on utilisait alors un objet appelé « crémaillère », sorte de tige en métal dont les crans permettaient de placer la marmite à différentes hauteurs au-dessus du feu dans la cheminée et ainsi de maitriser la cuisson. Cet objet était mis en place ou « pendu » en dernier dans une maison nouvellement construite. « Pendue » elle autorisait l’installation et symbolisait l’activité du foyer.

Si l’objet en question a disparu de nos habitations l’expression est quant à elle bien restée dans le langage.

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Mettre en quarantaine

mettre en quarantaine

D’où vient l’expression « mettre en quarantaine » ?

La quarantaine est une mesure sanitaire provisoire consistant à isoler des individus, des animaux ou des végétaux pendant un certain temps, dans le but de prévenir la contagion de maladies. Aujourd’hui cette expression est aussi utilisée au figuré pour exprimer l’idée de la mise à l’écart, l’exclusion contrainte d’une personne.

On trouve trace de ses premières utilisations dans le sens médical que nous lui connaissons au 17ème siècle. Afin d’éviter le développement d’épidémies on isolait alors notamment dans les ports et pendant 40 jours, les voyageurs que l’on pensait atteints et contagieux afin qu’ils ne puissent pas circuler librement.

L’isolement pouvait avoir lieu notamment à bord de navires et la période de 40 jours se justifiait parce que l’on pensait à l’époque qu’il s’agissait de la période d’incubation des maladies pouvant donner lieu à des épidémies. Réduit par la suite à 2 semaines, ce délai est aujourd’hui variable et varie en fonction de règles nationales, internationales et de la nature de ce qui nécessite l’isolement.