Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Tirer à boulets rouges

tirer à boulets rouges

Quelle est l’origine de l’expression « tirer à boulets rouges » ?

« Tirer à boulets rouges » consiste à critiquer de façon virulente quelqu’un ou quelque chose. Les reproches ont un tel degré de violence et ils sont si nombreux que toute défense est rendue difficile.

On doit cette expression à Frédéric-Guillaume Ier, roi de Prusse. Au XVIIIe siècle, il eut pour objectif d’augmenter la puissance et l’efficacité des canons de son armée. Pour y parvenir il fit chauffer les boulets dans une forge, avant de les utiliser contre les troupes ennemies. Le résultat fut à la hauteur de ses espérances. Les boulets ainsi rougis, envoyés à haute cadence, provoquaient non seulement des dégâts en raison de leur poids mais aussi des incendies dus à leur incandescence. L’extinction des feux mobilisaient alors une partie des combattants, affaiblissant les troupes. Cette technique était également très efficace en mer.

L’usage de cette expression au sens figuré se fit à la fin du XVIIIe siècle.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Un violon d’Ingres

un violon d’Ingres

Pourquoi dit-on « un violon d’Ingres » ?

Un « violon d’Ingres » est une passion souvent en lien avec les arts à laquelle on s’adonne en dehors de son activité principale.

On doit cette expression au peintre néo-classique français Jean-Auguste-Dominique Ingres né en 1780 qui exerça ses talents de grand portraitiste au 19ème siècle. Il peignit également des tableaux d’histoires et des nus féminins. Au-delà de la peinture, Ingres vouait une passion tout aussi artistique, pour la pratique du violon. Ses talents musicaux restent cependant l’objet d’’appréciations contradictoires.

Quel que fut son talent pour jouer du violon, au début du 20ème siècle on se mit à nommer naturellement un « violon d’Ingres », toute activité secondaire et non professionnelle exercée passionnément.

De nos jours on utilise aussi une autre expression au sens similaire, mais d’origine anglaise : un hobby.

A noter enfin que Le Violon d’Ingres est une célèbre photographie réalisée par Man Ray en 1924 qui représente Kiki de Montparnasse nue, de dos.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Voir midi à sa porte

voir midi à sa porte

D’où vient l’expression « voir midi à sa porte » ?

« Voir midi à sa porte » signifie considérer les choses selon ses propres intérêts, évaluer une situation de son seul propre point de vue et d’après des critères personnels.

Cette expression date de l’époque qui a précédé l’invention des horloges. Pour connaitre l’heure, il fallait alors consulter des cadrans solaires. Ceux qui habitaient les villages disposaient donc de tels cadrans chez eux, le plus souvent sur le mur au-dessus de la porte d’entrée.

Cependant toutes les habitations n’étaient pas orientées vers le soleil de façon identique, et les cadrans pouvaient avoir été réalisés avec plus ou moins de soin et de précision. Aussi leur consultation pouvait donner lieu à la lecture d’horaires différents d’une maison à l’autre. Alors qu’il était midi chez l’un il pouvait être midi et quelques minutes au-dessus d’une autre porte.

Mais chacun ne faisait bien entendu confiance qu’à son propre cadran, et voyait par conséquent midi à sa porte !

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Pendre la crémaillère

pendre la crémaillère

Quelle est l’origine de l’expression « pendre la crémaillère » ?

« Pendre la crémaillère » consiste à inviter des amis quand on s’installe dans un nouvelle maison ou un nouvel appartement. La pendaison célèbre donc un emménagement. Cette coutume tient sa source dans une pratique médiévale et un objet qui n’existe plus de nos jours.

Quand la construction d’une maison était achevée, la tradition consistait à inviter tous ceux qui avaient participé aux travaux à l’occasion d’un repas. Pour faire cuire ou réchauffer les aliments on utilisait alors un objet appelé « crémaillère », sorte de tige en métal dont les crans permettaient de placer la marmite à différentes hauteurs au-dessus du feu dans la cheminée et ainsi de maitriser la cuisson. Cet objet était mis en place ou « pendu » en dernier dans une maison nouvellement construite. « Pendue » elle autorisait l’installation et symbolisait l’activité du foyer.

Si l’objet en question a disparu de nos habitations l’expression est quant à elle bien restée dans le langage.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Mettre en quarantaine

mettre en quarantaine

D’où vient l’expression « mettre en quarantaine » ?

La quarantaine est une mesure sanitaire provisoire consistant à isoler des individus, des animaux ou des végétaux pendant un certain temps, dans le but de prévenir la contagion de maladies. Aujourd’hui cette expression est aussi utilisée au figuré pour exprimer l’idée de la mise à l’écart, l’exclusion contrainte d’une personne.

On trouve trace de ses premières utilisations dans le sens médical que nous lui connaissons au 17ème siècle. Afin d’éviter le développement d’épidémies on isolait alors notamment dans les ports et pendant 40 jours, les voyageurs que l’on pensait atteints et contagieux afin qu’ils ne puissent pas circuler librement.

L’isolement pouvait avoir lieu notamment à bord de navires et la période de 40 jours se justifiait parce que l’on pensait à l’époque qu’il s’agissait de la période d’incubation des maladies pouvant donner lieu à des épidémies. Réduit par la suite à 2 semaines, ce délai est aujourd’hui variable et varie en fonction de règles nationales, internationales et de la nature de ce qui nécessite l’isolement.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Une image d’Epinal

une image d’Epinal

Pourquoi dit-on “une image d’Epinal” ?

Utiliser « une image d’Epinal » consiste à enjoliver une réalité en ayant recours à une représentation simpliste et réductrice, naive et idéale. Elle relève du cliché. Celui qui souligne l’image d’Epinal décrite par un tiers déplore son emploi démesurément optimiste.

Epinal est une ville située dans les Vosges. A la fin du 18ème siècle, Jean-Charles Pellerin y créa une imprimerie qui produira des séries d’images aux couleurs saisissantes qui vont d’abord aborder des thèmes religieux puis participer à l’élaboration de la grandeur du personnage napoléonien par des images à sa gloire. Les scènes plus généralement militaires seront alors nombreuses. La gamme des sujets traités toujours de façon naive s’est ensuite rapidement élargie pour aborder des thèmes historiques, évènements de la vie quotidienne et illustrer des livres d’enfants ou de devinettes.

Ces images et le traitement de leurs sujets devinrent alors caractéristiques de la ville d’Épinal.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Huis clos

huis clos

Quelle est l’origine de l’expression « huis clos » ?

Quand un évènement est à huis clos, il se déroule discrètement, sans témoin, dans la plus grande inimité et toutes portes fermées.

Le recours à cette expression mystérieuse est souvent figuré et s’applique généralement à une confrontation entre plusieurs personnes. Elle est le titre d’une célèbre pièce de théâtre de Jean Paul Sartre, qui explique peut-être d’ailleurs son succès à la fois dans le monde artistique et dans le langage courant.

« Huis » vient du latin ostium qui signifie « entrée ». Un « Huis » désignait donc en ancien français une porte. Par conséquent un « huis clos » est depuis le XVIème siècle une porte fermée.

L’expression est largement utilisée dans le domaine judiciaire où elle sert à désigner un procès sans public. On retrouve d’ailleurs « huis » dans une profession juridique, celle d’ « huissier » dont les tâches à l’origine comprenaient celle de portier.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Cordon bleu

cordon bleu

Pourquoi dit-on un « cordon bleu » ?

De nos jours être un « cordon bleu » signifie être un bon cuisinier. Mais cela n’a pas toujours été le cas.

Au 16ème siècle, pendant les guerres de religion, Henri III fonda l’ordre du Saint-Esprit. Premier ordre de la monarchie française son objectif était la défense de la foi catholique et de la personne royale.

Or ses membres, les chevaliers, portaient la croix de Malte accrochée à un ruban bleu. Abolie par la Révolution française elle fit place à la Légion d’honneur, instaurée en 1802 par Napoléon Bonaparte. Mais le symbole du cordon bleu resta. Il continua à représenter une distinction suprême et prestigieuse.

Le qualificatif « cordon bleu » signifie alors « le plus remarquable » sans qu’il ne fasse plus référence à un ordre particulier ou une distinction officielle. Dès 1832 il est utilisé pour désigner les cuisiniers de grand talent. Venant achever de consacrer l’expression dans le domaine culinaire Marthe Distel publia en 1895 l’ouvrage à succès « La Cuisinière cordon bleu », suivie de l’ouverture d’écoles du même nom.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Parler à la cantonade

parler à la cantonade

D’où vient l’expression « parler à la cantonade » ?

« Parler à la cantonade » n’a rien à voir avec le célèbre ancien joueur de football au tempérament sanguin.

Cette expression signifie parler sans s’adresser à une personne en particulier, sans attendre de réponse en retour.

Elle remonte au 17ème siècle et trouve son origine dans le monde du théâtre. Le mot « cantonade » y désigne alors les côtés de la scène puis les coulisses, c’est-à-dire un endroit où aucun spectateur ne se trouve.

Dès lors, lorsqu’un personnage, par un jeu scénique, s’adresse à un personnage invisible on dit qu’il s’exprime à la cantonade.

Le mot « cantonade » lui-même aurait pour origine « cantonada » qui en occitan était utilisé pour parler des angles d’une maison. C’est pourquoi on dit que les premiers à utiliser cette expression furent les troupes de cirque qui travaillaient dans le sud du pays.

Aujourd’hui l’expression n’est plus circonscrite aux représentations artistiques ni à la scène.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Jeter l’éponge

jeter l’éponge

Pourquoi dit-on « jeter l’éponge » ?

« Jeter l’éponge » consiste à abandonner la réalisation d’une tâche. Cette expression a une origine sportive.

On la doit à un geste que l’on vit pour la première fois sur les rings de boxe, en Angleterre, au XIXe siècle. C’est à cette époque que naissent les règles auxquelles se soumettent les pratiquants du noble art. Dans ce sport, entre deux rounds, les boxeurs s’assoient dans leur coin. Face à eux leur entraineur les rafraîchissent et nettoient leur visage avec une éponge. Si pendant le combat un poulain prend trop de coups, l’entraineur peut jeter cette ‘éponge’ sur le ring pour indiquer son désir de mettre fin à la rencontre.

On voit apparaitre cette expression à la fin du 19ème siècle en Angleterre puis très rapidement en France au début du 20ème, pour un usage d’abord limité à la boxe, puis étendu à d’autres domaines dans lesquelles aucune éponge n’est d’ailleurs utilisée !