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De but en blanc

de but en blanc

Pourquoi dit-on «de but en blanc» ?

L’origine de cette expression signifiant « directement » ou « sans précaution » est militaire.

S’agissant de la dernière partie de l’expression, « le blanc » fait référence au centre des cibles à atteindre lors des tirs d’essai de canon de l’armée au 17ème siècle.

Quant au « but », il vient de la déformation de la « butte de tir », c’est-à-dire le point d’où l’on tire, un endroit surélevé permettant aux artilleurs de se placer légèrement au-dessus du canon.

Les tirs d’entrainement avaient pour objet de viser directement depuis la butte vers le blanc, c’est-à-dire le centre de la cible. De la butte au blanc, devenu progressivement « de but en blanc ».

Cette opération étant un tir de routine, elle pouvait être renouvelée instantanément. De plus la trajectoire du tir était directe, en ligne de droite. Aucun calcul savant ou orientation particulière du canon n’était nécessaire. Le sens de l’expression s’explique donc en raison tout  à la fois du caractère rapide et précis du tir.

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Être sous la férule

Etre sous la férule

D’où vient l’expression « être sous la férule » de quelqu’un ?

« Etre sous la férule » signifie être placé sous l’autorité d’une tierce personne, le plus souvent d’une grande sévérité.

Le mot « férule » vient de la ferula, une plante qui ressemble à un roseau et qui pousse autour de la méditerranée. Autrefois on se servait de sa tige extrêmement rigide une fois sèche, pour fabriquer des férules, ces règles d’école tant craintes par les élèves du siècle dernier. Elles étaient en effet utilisées par les professeurs pour taper sur les doigts des enfants récalcitrants. Certains pensent que les Romains déjà utilisaient des férules pour battre les écoliers ou les esclaves. Mais la faible résistance de cette plante ne semble pas plaider en faveur de cette hypothèse.

Dès 1694 le dictionnaire de l’Académie française valide le mot «férule» pour désigner cette règle de bois.

Naturellement dans le langage courant cet outil symbole de l’apprentissage dans la souffrance fut repris pour désigner une rude autorité. 

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Trois francs six sous

Trois francs six sous

Quelle est l’origine de l’expression « trois francs six sous » ?

« Trois francs six sous » est une somme d’argent ridicule.

Pour comprendre cette expression il faut remonter au temps des sous, nom donné à différentes monnaies depuis l’antiquité. Rapidement trois francs six sous s’est mis à ne représenter que très peu d’argent. A la fin du 19ème siècle, cette somme représentait une journée de travail d’un ouvrier dans une usine de production ou à la mine. Douze heures de dur labeur pour gagner une si petite somme permettant certes de d’acheter à manger mais guère plus.

Malgré les nouveaux francs successifs l’expression est restée. Mais de nos jours le passage à l’euro risque bien de mettre un coup fatal à son usage.

Le mot « sou » à donner lieu à un nombre incalculable d’expressions françaises. On peut notamment rapprocher trois francs six sous de la locution voisine « de quatre sous », visant elle aussi les choses sans valeur, et « sou par sou » signifiant petit à petit.

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Avoir maille à partir

avoir maille à partir

D’où vient l’expression « avoir maille à partir » avec quelqu’un ?

Avoir maille à partir avec quelqu’un signifie être engagé dans un vif débat ou désaccord avec quelqu’un. Il peut s’agir d’une dispute.

L’origine de cette expression date des Capétiens à partir du 11ème siècle. A cette époque il y a plusieurs monnaies. On peut citer la livre et le sou qui en est le vingtième, mais aussi le denier qui est le douzième d’un sou et enfin la maille qui est la moitié du denier. La maille était donc en bas de l’échelle des monnaies. Elle était au Moyen Âge la plus petite monnaie de bronze du système divisionnaire des monnaies. Elle avait très peu de valeur.

Tellement peu de valeur qu’elle ne pouvait pas être divisée, partagée. Pour se l’approprier il fallait se la disputer. Ainsi l’expression serait née. Avoir maille à partir avec une personne voulait dire dès l’origine avoir un désaccord.

A noter que jusqu’au 17ème siècle on disait plutôt « avoir maille à départir » car jusqu’à cette époque « départir » signifiait « partager ».

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Se tenir droit dans ses bottes

Se tenir droit dans ses bottes

Pourquoi dit-on « se tenir droit dans ses bottes » ?

Remise au goût du jour par Alain Juppé en 1995 cette expression n’a pas d’origine totalement attestée. Malgré cette incertitude il semble qu’elle vienne du monde militaire et en particulier des cavaliers qui avaient l’obligation d’adopter une posture droite sur leur selle et dans leurs bottes.

Avec le temps « se tenir droit dans ses bottes » a pris un sens figuré, presque moral, pour désigner une attitude déterminée, immuable et ferme, avec l’assurance d’avoir la morale de son côté.

Une autre origine a été soulevée par certains linguistes. Elle pourrait être ainsi en lien avec une autre expression d’origine flamande celle-là, « avoir une petite pièce dans ses bottes » utilisée pour désigner un état d’ébriété. La « petite pièce » empêchant de se tenir et de marcher droit. Donc à l’inverse en son absence on peut s’y tenir droit et avoir pleine possession de ses moyens et afficher de la détermination.

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Recevoir une avoinée

recevoir une avoinée

Quelle est l’origine de l’expression «recevoir une avoinée» ?

«Une avoinée» sert en argot à désigner une punition sévère, le plus souvent reçue par un enfant ayant une commis une bêtise.

L’expression date du 19ème siècle. A l’époque «l’avoine de cocher» désigne les coups de fouet administrés aux chevaux pour faire avancer de force un attelage.
La référence à l’avoine s’explique pour la raison suivante : pour faire avancer un cheval un coup de fouet avait la même efficacité que le fait de lui présenter de l’avoine à manger. En effet les graines d’avoine sont des céréales qui entrent depuis des siècles dans l’alimentation des chevaux et dont la promesse est pour eux une incitation efficace.

« Recevoir une avoinée » est donc une métaphore. Par extension l’avoine est devenue en langage familier «une série de coups ». Et le verbe « avoiner » désigne l’action de donner une correction à un individu.

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Faire du boucan

Faire du boucon

Pourquoi dit-on « faire du boucan » ?

L’action de « faire du boucan » consiste dans le langage familier à faire beaucoup de bruit.

Le mot « boucan » vient directement du mot « bouc » dont le verbe « boucaner » signifie en ancien français du 17ème siècle, imiter le cri du bouc. Et dans la Bible il est un animal maudit. Plus tard il prit un sens additionnel puisque le boucan devint synonyme de « bordel », lieu qui a son tour pouvait facilement évoquer le vacarme. La prostituée était la « boucanière » et « boucaner » consistait à fréquenter ces lieux de débauche.

En raison du bruit que pouvaient générer les maisons closes, faire du boucan signifia rapidement « faire un bruit excessif ».

On retrouve d’ailleurs le mot « boucan » dans un certain nombre d’autres expressions dans lesquelles il revêt une signification amplifiée comme « faire un boucan d’enfer ».

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Manger les pissenlits par la racine

Manger les pissenlits

Pourquoi dit-on « manger les pissenlits par la racine » ?

Ceux qui « mangent les pissenlits par la racine » sont morts et enterrés.

Née au milieu du XIXe siècle, l’expression cite expressément les pissenlits car cette plante a la particularité de pousser rapidement et naturellement notamment dans la terre fraichement labourée ou retournée. On trouvait donc souvent des pissenlits à l’endroit où la terre avait été creusée pour enterrer quelqu’un.

Rapidement on se mit à considérer qu’il devait s’agir de la nourriture des personnes décédées puisqu’elles poussaient sur leurs tombes.

Mais pourquoi « « par la racine » ? Tout simplement parce qu’il s’agit de la partie de la plante à laquelle les morts, de par leur position sous terre, ont accès en premier. Ils sont plus proches des racines que des feuilles. Ils mangent donc les pissenlits par la racine.

Victor Hugo utilisa le premier cette expression dans les Misérables : «être mort, cela s’appelle manger des pissenlits par la racine […] ».

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Le pot de terre contre le pot de fer

Pot de terre pot de fer

Quelle est l’origine de l’expression « le pot de terre contre le pot de fer » ?

L’expression figurée « pot de terre contre pot de fer » permet de caractériser les affrontements qui mettent en présence des parties de forces inégales et dont l’issue en faveur du plus fort semble inévitable. L’homme sans appui ni soutien a ainsi toutes les chances d’être vaincu par son adversaire plus puissant.

L’expression fut popularisée par la fable qui en porte le nom dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668. Dans cette fable dont la morale est qu’il ne faut s’associer qu’avec nos égaux, le pot de terre est réduit en morceau car il s’est laissé convaincre par le pot de fer, lequel l’entraina dans une aventure que seul celui-ci pouvait supporter.

Pour cette raison le proverbe nous pousse à nous associer uniquement avec les personnes qui nous ressemblent et qui sont de force égale. Sinon elles risquent de nous causer trop de dommage.

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Toucher le pactole

Toucher le pactole

Pourquoi dit-on « toucher le pactole » ?

Utilisée pour signifier gagner beaucoup d’argent cette expression trouve son origine dans la mythologie.

Le roi Midas, personnage à moitié légendaire, roi de Phyrgie ayant régné de l’an 715 à 676 avant JC, reçut de Dionysos le don de voir tout ce qu’il touchait se transformer en or.
Mais cette faculté si fabuleuse à première vue s’avéra être un véritable cadeau empoisonné. En effet Midas ne pouvait plus toucher ni sa nourriture ni ses enfants, sous peine de les voir eux aussi devenir or. Il implora donc Dionysos de le délivrer de ce don. Ce dernier lui indiqua qu’il devait se rouler dans le fleuve Paktolos, devenu par la suite Pactole. Ce dernier hérita de la faculté de tout transformer en or et ses eaux se mirent à rouler des sables aurifères.

Et c’est ainsi que ce fleuve fit plus tard la fortune du roi de la région dans laquelle il coulait. Un roi nommé… Crésus.