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Monter le bourrichon

Monter le bourrichon

Pourquoi dit-on « monter le bourrichon » ?

Le bourrichon est « la tête » en langage familier.

On doit les expressions « monter le bourrichon » et « se monter le bourrichon » (dont les sens sont légèrement différents) à Gustave Flaubert.

« Se monter le bourrichon » signifie « se monter la tête » ou encore « se faire des illusions ». On trouve cette expression pour la toute première fois dans la lettre de Gustave Flaubert à Louis Bouilhet : « Oh ! Comme il faut se monter le bourrichon pour faire de la littérature ! Et que bien heureux sont les épiciers ! »

Quant à « monter le bourrichon » à un tiers, cela consiste à lui donner des illusions. Flaubert encore en 1860 : « il faut que je monte joliment le bourrichon à mon public : il faut que je fasse baiser un homme, qui croira enfiler la lune, avec une femme qui croira être baisée par le soleil ».

A noter enfin que le bourrichon vient de la « bourriche », un panier sans anses servant à transporter différents produits.

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Treize à la douzaine

Treize à la douzaine

D’où vient l’expression «treize à la douzaine» ?

L’expression « treize à la douzaine » signifie en grand nombre. Elle est utilisée de nos jours souvent péjorativement dans le cas d’une trop grande quantité. Deux explications ont cours.

Selon la première, l’expression aurait une origine médiévale. Au 13ème siècle en Angleterre, pour lutter contre la fraude le roi Henri III décida que les boulangers auraient pour obligation d’ajouter un article supplémentaire pour toute douzaine vendue. L’objectif de cette loi nommée «The Baker’s Dozen » était de compenser une tromperie souvent pratiquée par les boulangers qui consistait à réduire la taille des pains sans en changer le prix ni en informer l’acheteur. Une pratique qu’il faut espérer révolue.

La seconde explication est beaucoup plus optimiste sur la nature humaine y compris marchande. L’expression daterait du milieu du 18ème siècle, une époque à laquelle les commerçants offraient souvent un treizième produit pour tout achat de douze.

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Un bouc émissaire

Bouc émissaire

Pourquoi dit-on un «bouc émissaire» ?

Un bouc émissaire est une personne à qui on attribue injustement la responsabilité d’une faute.

Les origines de cette expression sont religieuses.

Durant Yom Kippour, le jour du pardon chez les juifs, le grand prêtre d’Israël devait tirer au sort un bouc pour permettre à la population d’évacuer ses péchés. L’animal était alors envoyé dans le désert d’Azazel, portant symboliquement le fardeau de toutes les mauvaises actions.

Le nom de ce bouc en latin donna « caper emissarius » ou « le bouc envoyé ».

Dès lors celui qui porte la responsabilité pour les autres alors qu’il n’a rien fait subi le même sort que cet animal.

Georges Clemenceau dira dans le cadre de l’affaire Dreyfus : « Tel est le rôle historique de l’affaire Dreyfus. Sur ce bouc émissaire du judaïsme, tous les crimes anciens se trouvent représentativement accumulés. ».

On trouve cette expression dès le dictionnaire de Furetière au XVIIe siècle.

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Passer au crible

Passer au crible

D’où vient l’expression « passer au crible » ?

« Passer au crible » consiste à examiner avec soin pour distinguer le vrai du faux, analyser quelque chose en détail.

On trouve la première trace de cette expression dans la Bible. Lors de la Cène, dans le chapitre 22 de l’Evangile de Luc, Jésus utilise l’image du crible, c’est-à-dire un instrument de travail des paysans; une sorte de tamis permettant de trier la terre, la farine ou le blé. Le crible sert notamment à conserver à séparer les grains à conserver de tous les parasites et résidus comme la paille. Cette métaphore est utilisée pour rendre accessible la notion de bien et de mal.

Ainsi Jésus indique à Pierre, un des apôtres, que Satan allait «les passer au crible comme le froment». Il allait donc les examiner en détail avant de les soumettre à la tentation. Cette épreuve déterminerait quel type de grain est Pierre.

L’expression est progressivement sortie du seul domaine religieux pour gagner le langage courant.

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Faire du ramdam

Faire du ramdam

Pourquoi dit-on « faire du ramdam » ?

Faire du ramdam signifie faire beaucoup de bruit. Il s’agit d’une déformation du terme « ramadan », le mois pendant lequel les musulmans ont pour consigne de ne pas manger, boire, fumer, ou même avoir de relations sexuelles, entre le lever et le coucher du soleil.

A la fin du 19ème siècle en France on utilisa le terme déformé en « ramdam » pour désigner les réunions sonores des familles organisés par les musulmans une fois les journées d’abstinence achevées et que certains considéraient comme du « tapage nocturne ».

Pendant la Première Guerre mondiale, les soldats français utilisaient le terme pour désigner un grand désordre ou même un fait soudain.

A noter que dans l’argot des prostituées, « aller au ramdam » signifiait alors « faire l’amour ». Et dans la langue provençale le mot « ramdam » désigne le vacarme que peuvent faire les chats la nuit ou encore les plaintes des loups dans les forêts.

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Une douche écossaise

une-douche-ecossaise

Pourquoi dit-on « une douche écossaise » ?

Subir une «douche écossaise» consiste à être victime d’un changement brutal et contrasté. Comme une belle victoire suivie d’une défaite cinglante. L’expression peut également être utilisée s’agissant de comportements humains. Par exemple si un individu très chaleureux dans un premier temps adopte une attitude froide et distante quelques instants plus tard.

L’expression vit le jour au 19ème siècle dans le domaine de la santé et des traitements médicaux. Elle faisait alors référence à une hydrothérapie pratiquée en Ecosse dont l’objet était de faire succéder des jets d’eau de températures contrastées. Un jet d’eau très froide suivi d’un jet très chaud.

Le but était alors de stimuler la circulation sanguine dans le corps.

Cette pratique se rapproche de celle du sauna encore utilisée de nos jours dans certains pays nordiques et qui consiste à se rouler dans la neige ou à plonger dans l’eau glacée immédiatement après être sorti d’un sauna.

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Une arme blanche

Une arme blanche

Pourquoi dit-on « une arme blanche » ?

Contrairement aux armes qui utilisent une explosion pour causer des dégâts (comme les revolvers ou les fusils), l’arme blanche nécessite l’action de l’homme. Elle englobe toutes les armes dont l’action est due à la force humaine et sont composées d’une lame.

Mais les lames des couteaux ou des épées ne sont pas blanches. Elles ont la couleur de leur métal, brun, gris ou argenté.

Elles ne sont dites « blanches » que par opposition au 17ème siècle avec les armes à feu dites « bronzées », c’est à dire d’un métal doré. D’une part les lames étaient fabriquées en acier « blanc » et non dans un métal de couleur. Ensuite elles n’étaient pas enduites comme les armes à feu d’un produit foncé anti-rouille. L’oxydation générée aurait endommagé et abimé le tranchant. Enfin le terme « blanc » signifiait en ancien français « brillant » ce qui était le cas des lames astiquées.

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Un nom à coucher dehors

Coucher dehors

D’où vient l’expression «un nom à coucher dehors» ?

« Un nom à coucher dehors» est un patronyme très compliqué qu’il est difficile de garder en mémoire avec exactitude.

L’origine de cette expression se situe au Moyen Age. Quand les auberges étaient pleines, leurs propriétaires étaient contraints de choisir leurs clients sur le critère social. Le rang primait. Et pour le connaitre les aubergistes se fiaient aux noms des clients. Ceux qui étaient nobles (et qui portaient donc une particule) ou ceux dont le nom était celui d’une profession de haut rang social se voyaient plus facilement attribués une chambre. Il en allait de même pour ceux dont le nom avait clairement une résonance chrétienne.

Les autres dormaient avec les chevaux et ceux encore bien moins lotis en raison de leur nom n’avaient plus comme solution que de coucher dehors.

L’expression a traversé les siècles tout en conservant son caractère péjoratif.

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Cracher au bassinet

Cracher au bassinet

Quelle est l’origine de l’expression « cracher au bassinet » ?

Cracher au bassinet signifie payer à contrecœur.

Dès le 16ème siècle on note l’apparition de l’expression « cracher au bassin ». Le « bassin » était alors le récipient à aumône utilisé pendant les cérémonies religieuses. Plus simplement c’était le panier servant à recueillir l’argent lors de la messe. Y mettre de l’argent pouvait s’avérer une tâche effectuée sans enthousiasme.

Mais pourquoi donc utiliser le verbe « cracher » ? Certains soulignent qu’au 19ème siècle celui qui crache au bassinet a autant de mal à donner son argent dans le panier qu’un malade à expectorer ses mucosités. Si l’image semble satisfaisante elle est erronée. En réalité dès le 15ème siècle « cracher » signifie en argot « parler ». Puis il prend le sens de « passer aux aveux » sous la contrainte, pour enfin prendre le sens de « payer » de façon aussi pénible que si on devait avouer une faute.

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Être soupe au lait

être soupe au lait

Quelle est l’origine de l’expression « être soupe au lait » ?

Une personne est dite « soupe au lait » si elle s’emporte rapidement, change vite d’humeur, et de manière générale si elle est imprévisible face à une situation qui ne lui convient pas.

L’expression est donc descriptive d’un comportement humain caractéristique du coléreux qui s’emporte facilement puis se calme très rapidement.

Elle date du 19ème siècle et trouve son origine, de façon attendue, dans la cuisine. Le lait sur le feu bout en effet très brutalement et redescend tout aussi vite une fois retiré. Comme ce liquide la personne dite « soupe au lait », après s’être emportée, retrouve son état normal dans des délais très brefs.

L’analogie entre le caractère d’un individu et les caractéristiques chimiques du lait sur le feu est évidente. On a donc recours à cette expression par analogie avec le bouillonnement qui ne prévient pas.

Bien qu’elle semble dater du 19ème siècle, on trouve trace de la première utilisation de l’expression en 1919.