Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Poser un lapin

poser un lapin

Pourquoi dit-on « poser un lapin » ?

« Poser un lapin » consiste à ne pas se rendre à un rendez-vous sans prévenir la personne qui vous attend.

Signalons d’abord que durant l’Antiquité, le lapin était un symbole de fécondité. Celui qui n’en avait pas était donc mis dans la pauvreté.

Mais l’expression exacte remonte à la fin du 19ème siècle. Elle avait cependant à l’époque un sens différent. Elle signifiait ne pas rétribuer les faveurs d’une femme dite de « petite vertu ». Le « lapin » désignait donc le refus de payer. Et le « poseur de lapin » était celui qui faisait attendre la femme dont il avait profité.

Le sens que nous connaissons aujourd’hui serait apparu vers 1890 chez les étudiants et semble venir d’une autre locution, « laisser poser », qui signifiait « faire attendre quelqu’un ».

Mais il y a eu sans aucun doute un glissement progressif dans le langage courant d’une attente de paiement non honoré (la faveur sexuelle) vers une autre attente non satisfaite (la venue de la personne attendue).

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval

Quelle est l’origine de l’expression « ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval » ?

On dit d’une chose rare et le plus souvent de grande valeur, qu’elle « ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ».

Cette expression date du 18ème siècle. Peu avant, un siècle plus tôt pour être précis, on avait recours à l’expression approchante  »dans le pas d’un cheval ». Le « pas » étant la trace. Aujourd’hui le sabot a remplacé la trace mais le sens est resté le même.

Mais pourquoi ne peut-on pas trouver de choses rares sous le sabot d’un cheval ? Tout simplement parce qu’à cet endroit on trouve le plus souvent l’inverse, à savoir une matière sans grande valeur. Vous l’avez compris, on trouve dans la trace ou sous le sabot d’un cheval du crottin, c’est-à-dire quelque chose sans rareté ni valeur considérable (même si certains le ramassaient pour l’utiliser comme fumier). D’où le recours à la forme négative dans l’expression.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Envoyer à Dache

envoyer à Dache

D’où vient l’expression « envoyer à Dache » ?

« Envoyer à Dache » un individu signifie s’en défaire, s’en débarrasser ou encore l’envoyer promener. On pourrait même traduire l’expression par « envoyer au diable ». Et justement le diable n’y est pas étranger.

Cette expression qui date de 1866, utilise le mot « dache » qui est une altération de ‘diache’, venant de ‘diable’, et qui fut en particulier utilisée dans le nord de la France où elle faisait partie de l’argot courant des ouvriers.

Par extension « à dache » tout seul signifie « au diable », « très loin ». On retrouve l’usage de cette expression familière, chez de nombreux écrivains parmi lesquels Louis-Ferdinand Céline ou Paul de Sémant.

Et justement, Jean Maillet souligne qu’à la fin du 19ème siècle les militaires du Second Empire avaient recours à la formule : « à Dache, perruquier des zouaves ».

A noter que « diable » a donné lieu à de nombreuses altérations comme par exemple « diantre ».

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

kif-kif

kif kif

Quelle est l’origine de l’expression « kif-kif » ?

« Kif » est un dédoublement du mot arabe ‘kif’ qui signifie ‘comme’. Cette expression qui veut dire « la même chose » et dont la première trace remonte à la fin du 19ème siècle vient d’Algérie. Proche, « Kif-kif bourricot » se traduit littéralement par « pareil à l’âne ». Celle-ci nous serait parvenue grâce aux soldats engagés en Afrique du Nord.

Au début du 20ème siècle l’expression «c’est du kif» signifiant «c’est la même chose» voit le jour. Mais de nos jours elle peut prêter à confusion puisque  « kif » désigne aussi le cannabis. En réalité le kif-cannabis vient de l’arabe « kef », c’est-à-dire «béatitude». Le verbe « kiffer» en est dérivé.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Bête à bon Dieu

bête à bon Dieu

Pourquoi dit-on la « bête à bon Dieu » ?

La « bête à bon Dieu » est le nom populaire donné à la coccinelle.

Ce surnom trouve son origine au Moyen Âge. Selon une légende, un homme alors accusé à tort d’un crime était sur le point d’être décapité. Mais une fois sa tête sur le billot, on raconte qu’une coccinelle se posa sur son cou. Malgré les efforts du bourreau pour s’en débarrasser la coccinelle resta en place. On dit alors que le roi Robert II le Pieux qui assistait à l’exécution vit dans l’entêtement de l’insecte un signe divin. Il décida de gracier le condamné.

Mais certains voient plutôt dans cette histoire une simple légende. Ceux-là préfèrent retenir pour origine de l’expression, le travail bénéfique effectué par la coccinelle et ses larves dans la lutte contre les pucerons dans les jardins. Ce trvail parfaitement naturel ne demande aucun effort; il est « divin » !

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Langue de bois

langue de bois

Pourquoi dit-on une « langue de bois » ?

Pratiquer la langue de bois consiste à éviter d’énoncer une réalité par le recours à des tournures de phrase d’ordre général. La langue de bois permet ainsi de détourner une conversation pour éviter de répondre à des questions gênantes.

Cette expression date du XXe siècle en Russie. Avant la révolution on parlait en effet de « la langue de chêne » pour désigner la bureaucratie tsariste, et plus généralement une administration trop lente, trop codifiée et dure, justement tout comme l’arbre.

Ensuite la locution est passée en Pologne pendant le mouvement Solidarność qui la modifie à son tour. Elle devient ainsi « langue de bois » dans ce pays, où elle sert à critiquer le régime soviétique. Elle est ensuite reprise par les journaux français.

Il s’agit donc d’une expression très récente dans notre pays. Elle n’a que 30 ou 40 ans et s’utilise aujourd’hui le plus souvent dans le domaine du discours politique.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Pain béni

pain béni

Quelle est l’origine du « pain béni » ?

L’expression « pain béni » est d’origine chrétienne. Elle est le synonyme d’une opportunité inattendue.





Dans les tous premiers temps de l’église ce sont les fidèles eux-mêmes qui portaient à la fois le vin et le pain au prêtre avant la messe pour la communion. Au 7ème siècle cette tradition s’est codifiée et entra durablement dans la tradition.


 

Concrètement, chaque dimanche chaque famille devait apporter une grande quantité de pain afin que le prêtre le bénisse. Il était ensuite distribué à ceux qui ne communiaient pas. Il s’agissait donc d’une compensation de l’hostie pour ceux qui n’étaient pas là où était dans l’impossibilité de communier (comme les enfants par exemple).





Cette tradition perdura jusqu’au 20ème siècle notamment en Bretagne. Ensuite elle s’est éteinte progressivement en raison notamment d’abus de certains puissants qui s’appropriaient indûment de larges quantités de pain.





Au 20ème siècle l’expression prend le sens d’un cadeau divin, quelque chose qui arrive au bon moment et sans effort particulier.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

A la mode de Bretagne

à la mode de Bretagne

Pourquoi dit-on « à la mode de Bretagne » ?



Cette expression française sert à qualifier des parents très éloignés à qui l’on attribue un nom de parents proches. Aujourd’hui elle est utilisée pour qualifier un parent ou un ami afin de montrer qu’en fait il s’agit de quelqu’un de très éloigné. Mais elle s’applique également aux choses dès lors que l’on souhaite indiquer que de la distance les sépare. 



Comme on peut s’y attendre cette expression trouve son origine en Bretagne, où les habitants prirent par le passé l’habitude de nommer « cousin » des gens de leur famille mais à degré très éloigné. En effet dans cette région où les relations entre les membres d’une même famille ont toujours été forts, on affublaient parfois un ami ou un parent éloigné du nom de « «cousin ». Par exemple un neveu à la mode de Bretagne peut être le fils d’un cousin germain.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Portrait craché

Portrait craché

D’où vient l’expression « portrait craché » ?

Si quelqu’un est le portrait craché d’un tiers, cela signifie qu’il lui est très ressemblant, qu’il a une apparence similaire.

L’expression est étonnante car on ne crache pas un portrait ! Elle semble de surcroit porter une connotation péjorative. Ce qui n’est pas le cas.

Cette expression est apparue au 15ème siècle. Les linguistes avancent deux hypothèses.

Selon la première, il y aurait eu une assimilation progressive entre le crachat et la parole. Cracher serait parler. Et parler pour décrire une réalité c’est un peu la recréer à l’identique. En crachant par la parole, on reproduirait donc un fait.

La seconde hypothèse se base sur le fait que le crachat est parfois associé à la reproduction. Il existe en effet une analogie chez certains peuples entre la salive crachée et la semence. Or se reproduire consiste à générer un être qui est au moins partiellement identique à son géniteur. On se reproduit donc à la fois esthétiquement et génétiquement.

Catégories
AANL Autres Expressions NL04

Qui s’y frotte s’y pique

qui s’y frotte s’y pique

Quelle est l’origine de l’expression « qui s’y frotte s’y pique » ?

On peut résumer le sens de cette expression par : quand on s’attaque à quelqu’un ou un danger, il convient d’en mesurer les risques.

L’expression « Qui s’y frotte s’y pique » date de la fin du 16ème siècle. On l’attribue souvent aux ducs d’Orléans qui les premiers ont adopté le porc-épic comme emblème, mais aussi aux rois de France Louis XI et Louis XII qui l’utilisèrent et dont elle était la devise.


Mais « Qui s’y frotte s’y pique » peut également provenir de la devise historique très proche, de la ville de Nancy, qui est liée à l’image du chardon : Non inultus premor, ce qui signifie : Je ne suis pas attaqué sans tirer vengeance. Il s’agissait notamment de la devise de certains chevaliers qui par ces mots prévenaient leurs adversaires de la vigueur de leur riposte en cas d’attaque. Les armoiries présentaient par ailleurs un chardon.