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Faire la cour

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Pourquoi dit-on «faire la cour» ?

L’expression «faire la cour» a d’abord eu une signification en lien avec la flatterie. Aucun rapport avec l’amour, en tous cas à l’origine. En effet on en trouve la première trace au 16ème siècle à la cour du roi. Elle désigne à cette époque le comportement de ceux qui entourent le monarque. Sa cour.

Du latin « curia », le terme de « «cour » est au sens premier un groupe d’hommes. Autour de la personne du roi, il adoptait des attitudes et précautions pour obtenir faveurs et avantages. Il fallait flatter et courtiser. La cour faisait donc la cour.

Puis dès lors que quelqu’un essayait de s’attirer la sympathie d’une autre personne le peuple s’est mis à utiliser la même expression. En dehors même du cadre royal.

Et enfin un siècle plus tard on a appliqué l’expression «faire la cour» aux rapports de séduction amoureuse.

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Une Épée de Damoclès

expression épée de Damoclès

Pourquoi dit-on «une Épée de Damoclès » ?

L’expression une « épée de Damoclès » signifie un danger permanent.

Elle tire son origine de l’Antiquité mais ne fut utilisée couramment qu’à partir du 19ème siècle. Damoclès était un artisan de la ville de Syracuse, en Sicile, roi des orfèvres et courtisan du monarque Denys. Ce tyran vivait dans un château sous haute protection et grande surveillance. Son inquiétude naturelle ne s’assagissait qu’au contact de courtisans généreux en flatteries.

Parmi eux figurait  Damoclès qui n’avait de cesse de flatter son maître sur la chance qu’il avait de tenir la position de tyran de Syracuse.

Cet excès de flatterie agaça le roi qui lui fit la proposition de monter sur le trône pour une journée. Pour lui faire comprendre la charge et le danger que représentait cette position il fit placer lors d’un festin, une épée suspendue et pointée vers le bas, retenue très fragilement par un crin de cheval, juste au dessus de la tête de Damoclès et faisant peser sur lui un risque mortel permanent.

Ainsi depuis le 19ème siècle on utilise l’expression une « épée de Damoclès » pour désigner une situation excessivement risquée.

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22 v’là les flics

Expression 22 vla la-es flics

Pourquoi dit-on «22 v’là les flics !» ?

On dit parfois que le « Vingt-deux » signifie « couteau » dans l’argot français du 19ème siècle. Et l’arme favorite des brigands était le « couteau d’arsouille » avec sa lame de 22 centimètres. 22 signifierait donc « tous à vos armes » face à un danger.

Mais c’est une autre explication, datant du 19ème siècle elle aussi qu’il est préférable de retenir car elle fait presque consensus. Dans les imprimeries de l’époque ceux dont le rôle était de composer les textes avant impression, les linotypistes, avaient mis en place un code typographique pour prévenir de l’arrivée d’un responsable

En imprimerie, la taille des lettres s’appelle le corps. Elle est désignée par des chiffres. Si les corps 9 et 10 sont de tailles ordinaires, le corps 11 commence déjà à être plus grand. Le corps 22 est donc très grand. Il convenait parfaitement pour signifier l’importance hiérarchique d’un arrivant. Si l’un des ouvriers criait «22», ses collègues comprenaient tout de suite que le contre maitre était en vue. Il semble même que le «44» fut un temps utilisé pour prévenir de l’arrivée d’un responsable encore plus important.

Mais c’est le 22 qui est resté pour désigner l’autorité puis la police.

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Sainte-nitouche

Expression sainte nitouche

Pourquoi parle-t-on d’une « sainte-nitouche » ?

Une sainte nitouche est une personne hypocrite. Elle prend des airs innocents et prudes alors qu’elle est en réalité tout l’inverse. Elle se donne l’apparence d’une femme chaste et innocente pour cacher sa véritable nature.

On en trouve la première trace dans Gargantua de Rabelais paru en 1534. Une déformation phonétique serait à l’origine de l’expression.

« Nitouche » est formé à partir de l’expression « n’y touche pas » qui est selon les interprétations, soit une remontrance adressée à quelqu’un qui désirerait effectuer une tentative de séduction, soit une façon d’indiquer à une tierce personne que telle jeune fille ne peut être convoitée car elle n’est pas dévergondée comme on le croit.

Il existe également une autre explication. Une sainte est une personne qui a fait voeu de chasteté avant le mariage. On ne peut donc pas y toucher, « on n’y touche pas » déformée avec le temps en « on nitouche pas ».

Dans tous les cas c’est le recours ironique à cette expression qui lui a permis de passer à la postérité.

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Boire à tire-larigot

A tire larigot

Quelle est l’origine de l’expression « boire à tire-larigot » ?

L’origine de cette expression se situe en Normandie. Au 13ème siècle, un archevêque du nom d’Odon Rigaud fit un cadeau, une cloche, à la ville de Rouen. Celle-ci fut installée à la cathédrale et prit le nom de La Rigaud.

Les dimensions et le calibre de l’objet étaient inédits pour l’époque. Elle pesait plus de 6 tonnes. Aussi, sonner la cloche nécessitait un effort considérable. Un effort qui mettait ceux qui s’y épuisaient dans un état de fatigue similaire à ceux qui avaient bu beaucoup d’alcool. Suivant la même idée ils devaient pour reprendre des forces boire énormément. Assoiffés par l’effort ils buvaient ‘à tire la Rigaud’. La Rigaud devenant progressivement larigot.

Il existe cependant une explication qui diffère totalement. Selon celle-ci l’expression serait née à la fin du 15ème siècle de l’association du verbe « tirer » c’est-à-dire aspirer un liquide et du nom d’une flûte appelée « larigot ». « Boire à tire larigot » aurait alors désigné le fait de siffler le vin des bouteilles à la manière de ceux qui jouaient de l’instrument.

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Steak tartare

steack tartare

Pourquoi dit-on un « steak tartare » ?



La recette du steak tartare consiste en un plat à base de viande de bœuf ou de viande de cheval crue, généralement hachée. Son origine est lointaine. Les tribus nomades des steppes de Mongolie, les Tatars ou Tartares, se déplaçaient à cheval entre l’est de la Mongolie et l’actuel Kazakhstan.



Pour se nourrir, cet ancien peuple turc découpait des morceaux de viande qu’ils salaient puis plaçaient juste sous la selle de leurs chevaux. Lorsqu’ils cavalaient, les mouvements de la monture malaxaient naturellement la viande et le poids du cavalier permettait d’évacuer l’excès de sang. Quelques heures suffisaient pour l’attendrir complètement. Pour la consommer il suffisait ensuite d’enlever l’excès de sel et de la hacher grossièrement, sans cuisson préalable.



Nous tenons ces informations de l’ingénieur et cartographe du XVIIe siècle Guillaume Levasseur de Beauplan, qui après avoir servi en Pologne-Lituanie, a publié un livre intitulé « Description de l’Ukranie » contenant des descriptions détaillées des pratiques des peuples nomades locaux.

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Avoir un Jules

Avoir un jules

Pourquoi dit-on “avoir un Jules” ?

Le « Jules » de l’expression a réellement existé. Il s’agit d’une référence directe à une véritable personne qui vécut au 18ème siècle dans l’entourage de Marie-Antoinette.

Contrairement à ce que laisse penser le prénom, Jules était une femme, proche de la reine et nommée Madame de Polignac. Femme de Jules de Polignac elle était parfois surnommée le « Jules de la reine ». Une intense amitié lia les deux femmes dès 1774. Avec sa confidente Marie Antoinette passait énormément de temps, y compris dans son château du Petit Trianon.



Madame de Polignac devient duchesse en 1780. Vite jalousée on fit courir la rumeur que les deux amies étaient amantes, en prenant soin de surnommer la confidente «Jules» pour ne pas insinuer trop clairement que la reine était homosexuelle.



Mais avec la Révolution la reine dut s’exiler. Elle quitta son amie avec tristesse. Madame de Polignac mourut cinquante jours seulement après la reine.

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De but en blanc

de but en blanc

Pourquoi dit-on «de but en blanc» ?

L’origine de cette expression signifiant « directement » ou « sans précaution » est militaire.

S’agissant de la dernière partie de l’expression, « le blanc » fait référence au centre des cibles à atteindre lors des tirs d’essai de canon de l’armée au 17ème siècle.

Quant au « but », il vient de la déformation de la « butte de tir », c’est-à-dire le point d’où l’on tire, un endroit surélevé permettant aux artilleurs de se placer légèrement au-dessus du canon.

Les tirs d’entrainement avaient pour objet de viser directement depuis la butte vers le blanc, c’est-à-dire le centre de la cible. De la butte au blanc, devenu progressivement « de but en blanc ».

Cette opération étant un tir de routine, elle pouvait être renouvelée instantanément. De plus la trajectoire du tir était directe, en ligne de droite. Aucun calcul savant ou orientation particulière du canon n’était nécessaire. Le sens de l’expression s’explique donc en raison tout  à la fois du caractère rapide et précis du tir.

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Être sous la férule

Etre sous la férule

D’où vient l’expression « être sous la férule » de quelqu’un ?

« Etre sous la férule » signifie être placé sous l’autorité d’une tierce personne, le plus souvent d’une grande sévérité.

Le mot « férule » vient de la ferula, une plante qui ressemble à un roseau et qui pousse autour de la méditerranée. Autrefois on se servait de sa tige extrêmement rigide une fois sèche, pour fabriquer des férules, ces règles d’école tant craintes par les élèves du siècle dernier. Elles étaient en effet utilisées par les professeurs pour taper sur les doigts des enfants récalcitrants. Certains pensent que les Romains déjà utilisaient des férules pour battre les écoliers ou les esclaves. Mais la faible résistance de cette plante ne semble pas plaider en faveur de cette hypothèse.

Dès 1694 le dictionnaire de l’Académie française valide le mot «férule» pour désigner cette règle de bois.

Naturellement dans le langage courant cet outil symbole de l’apprentissage dans la souffrance fut repris pour désigner une rude autorité. 

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Trois francs six sous

Trois francs six sous

Quelle est l’origine de l’expression « trois francs six sous » ?

« Trois francs six sous » est une somme d’argent ridicule.

Pour comprendre cette expression il faut remonter au temps des sous, nom donné à différentes monnaies depuis l’antiquité. Rapidement trois francs six sous s’est mis à ne représenter que très peu d’argent. A la fin du 19ème siècle, cette somme représentait une journée de travail d’un ouvrier dans une usine de production ou à la mine. Douze heures de dur labeur pour gagner une si petite somme permettant certes de d’acheter à manger mais guère plus.

Malgré les nouveaux francs successifs l’expression est restée. Mais de nos jours le passage à l’euro risque bien de mettre un coup fatal à son usage.

Le mot « sou » à donner lieu à un nombre incalculable d’expressions françaises. On peut notamment rapprocher trois francs six sous de la locution voisine « de quatre sous », visant elle aussi les choses sans valeur, et « sou par sou » signifiant petit à petit.