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Tomber en quenouille

tomber en quenouille

Pourquoi dit-on « tomber en quenouille » ?

« Tomber en quenouille » signifie être laissé à l’abandon, perdre de sa valeur. Cette expression est marquée par une certaine misogynie.

La quenouille est un instrument utilisé autrefois par les femmes pour réaliser des travaux de couture ou de filage. Progressivement on s’est mis à désigner les femmes par ce terme. Dès le XVIème siècle on disait que quelque chose, généralement un bien immobilier, était tombé en quenouille quand par succession il était devenu la propriété d’une femme. Mais l’expression était péjorative. Le véritable sens était que le bien tombé en quenouille était tombé très bas puisqu’il était en possession d’une personne du sexe faibe. Celle-ci allait forcément faire dépérir la propriété.

La maxime s’appliqua également au royaume de France. Celui-ci ne pouvait échoir aux femmes.

L’expression s’applique aujourd’hui à tout type de bien et a conservé son caractère méprisant. En revanche la référence ouvertement misogyne s’est fort heureusement atténuée avec la disparition progressive des quenouilles.

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Tirer son épingle du jeu

tirer son épingle du jeu

Pourquoi dit-on « tirer son épingle du jeu » ?

« Tirer son épingle du jeu » consiste à bien se tirer d’affaire, à tirer un bénéfice d’une situation ou du moins à s’en retirer sans perte.

Cette expression remonterait au 15ème siècle. A cette époque les fillettes jouaient à un jeu dit « jeu des épingles ». Celui-ci consistait à l’aide d’une balle qu’elles envoyaient contre un mur, à déloger des épingles qui avaient été préalablement disposées dans un cercle sur le sol. L’objectif pour chaque joueuse était de récupérer au moins l’épingle mise en jeu. Dès lors on comprend aisément pourquoi « tirer son épingle du jeu » prit le sens de réussir à sauvegarder ses intérêts.

Cependant il faut souligner l’allusion érotique contenue dans l’expression. L’épingle y serait la représentation symbolique du sexe masculin. Puisqu’à l’époque il n’existait pas de moyen de contraception efficace, il convenait pour les hommes qui ne souhaitaient pas devenir père de retirer au bon moment leur épingle du jeu amoureux.

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Se mettre en quatre

se mettre en quatre

D’où vient l’expression « se mettre en quatre » ?

« Se mettre en quatre » signifie se donner beaucoup de mal, fournir des efforts considérables pour rendre service, la plupart du temps au bénéfice d’une personne. Cette expression date du XVIIe siècle.

La première hypothèse est l’idée qu’il s’agit de plier son corps en quatre pour parvenir à un résultat donné. L’image produite est explicite et évoque immédiatement un effort particulièrement prononcé, proche du sacrifice.

Mais une autre interprétation est possible. L’expression pourrait aussi provenir de l’idée qu’une tâche ardue est plus facile à réaliser si quatre personnes participent à son accomplissement, plutôt qu’une seule. Si malgré tout celle-ci se lance toute seule dans sa réalisation il faudra qu’elle se démultiplie pour venir à bout du travail. Elle se sera « mise en quatre personnes » et aura donc fourni un effort considérable.

Pour d’autres enfin, elle fait référence à l’expression « mettre en quatre quartiers » qui est une allusion directe aux efforts du bourreau pour écarteler un condamné.

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Prendre la mouche

prendre la mouche

Quelle est l’origine de l’expression « prendre la mouche » ?

Allons droit au but, « prendre la mouche » consiste à se vexer. Il existe deux explications sur l’origine de cette expression.

La première est animale. Au milieu du XVIIe siècle, date d’apparition de cette expression, une « mouche » désignait tous les insectes volants qui peuvent troubler le calme d’une existence ou d’un repos, tels les mouches elles-mêmes mais aussi les guêpes, les abeilles, les frelons ou encore les taons. Or quand un de ces insectes vient déranger une vache ruminant paisiblement dans un champ, celle-ci peut avoir une réaction brutale et soudaine. Elle se secoue et dans certains cas fuit. En l’observant on peut s’interroger sur la vivacité de son comportement et penser qu’il est quelque peu disproportionné.

La seconde hypothèse relève que la « mouche » désignait dès le 16ème siècle une pensée négative soudaine. Quand nous prenons la mouche, notre esprit prendrait ainsi ombrage d’un souci arrivé brusquement.

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Parler français comme une vache espagnole

parler français comme une vache espagnole

Pourquoi dit-on « parler français comme une vache espagnole » ?

Ceux qui parlent français comme une vache espagnole le parlent très mal. L’expression est datée de 1640. Plusieurs explications ont cours quant à son origine.

Selon la première, le mot « vache » serait une déformation du mot « vasces » qui signifiait « basque ». La véritable expression serait donc « parler le français comme un Basque espagnol » (un basque qui se trouverait du côté espagnol de la frontière).

Pour les tenants de la deuxième hypothèse, le mot vache serait une altération de « basse » signifiant « servante ». En raison de la basse couche dont elle est issue sa maitrise de la langue serait médiocre.

Enfin selon la troisième explication proposée par Alain Rey et Sophie Chantreau, la référence à la vache était à l’époque systématiquement connotée péjorativement, comme dans « être sorcier comme une vache ». Et de la même façon, « espagnol » revêtait un caractère négatif. Ce serait donc l’utilisation cumulée de ces termes qui expliquerait le sens donné à l’expression.

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Un secret de Polichinelle

un secret de Polichinelle

D’où vient l’expression « un secret de Polichinelle » ?

Un secret de Polichinelle est un faux secret car il est connu de tous. Mais les personnes placées dans la confidence ne savent pas avec précision quel est le degré de connaissance du secret de la part des autres.

Polichinelle est un personnage de la commedia dell’arte. Doublement bossu il est caricatural, débrouillard, fait preuve d’esprit et ne respecte pas les codes sociaux.

Dans une de ses aventures, il désire se venger d’un seigneur. Pour se faire il va révéler au roi, comme un secret, l’infirmité cachée du dit seigneur : il aurait le corps couvert de plumes. Mais il fait promettre au roi de garder le secret. Le problème est qu’il procède de la même manière avec tous les courtisans, leur demandant à tous de n’en dire mot. Toute la cour est alors au courant. Depuis ce secret mal gardé on appelle « secret de Polichinelle » les secrets qui n’en sont pas.

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Franchir le Rubicon

franchir le Rubicon

Quelle est l’origine de l’expression « franchir le Rubicon » ?

« Franchir le Rubicon » consiste à franchir une étape décisive et souvent irréversible. Il s’agit de prendre un chemin et d’assumer les conséquences de ce choix risqué.

Cette expression date de 49 avant J.-C. Il s’agit d’une référence directe à la révolte de César contre Rome. À cette époque le Rubicon était un cours d’eau qui marquait la frontière entre la Gaule et l’Italie romaine. Soucieux d’assurer la sécurité de Rome, le sénat romain avait interdit aux troupes militaires de passer le Rubicon armées. Aussi quand César se trouva face au Rubicon, il aurait dû déposer les armes. Mais il n’en fit rien. Jules César désobéit, viola la loi du Sénat romain et traversa le Rubicon avec ses légions en armes le 10 ou 12 janvier 49 av. J.-C.

A cette occasion il aurait prononcé la célèbre locution latine « Alea jacta est »signifiant « le sort en est jeté ».

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Dorer la pilule

Dorer la pillule

Pourquoi dit-on « dorer la pilule » ?

« Dorer la pilule » consiste à embellir une réalité. On dore la pilule en présentant une situation sous un jour beaucoup plus favorable qu’elle ne l’est en réalité.

Cette expression originaire du 17ème siècle a pour origine une technique d’apothicaires. Ceux-ci mettaient au point des remèdes ayant très mauvais goût. Le « pilule » dont il est question vient du terme latin « pilula » que l’on peut traduire par petite boule. Il servait donc à désigner un médicament. Pour que les patients les avalent plus facilement les pharmaciens de l’époque les enrobaient d’une couche de sucre. On dit même que dans certains cas ils appliquaient une fine pellicule d’argent, ou d’or. L’aspect trompeur et le goût ainsi modifié rendait moins difficile leur ingestion.

L’expression « se dorer la pilule» qui de nos jours signifie bronzer ou être dans un état d’oisiveté avait au début du 20ème siècle le sens de « se faire des idées fausses ».

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Être dans de beaux draps

être dans de beaux draps

D’où vient l’expression « être dans de beaux draps » ?

« Etre dans de beaux draps » signifie se trouver dans une situation compliquée, incertaine voire dangereuse. Avec le temps l’expression a évolué.

Dès l’Antiquité les « draps » ont désigné les habits. Les vêtements blancs ont longtemps été utilisés pour habiller les personnes qui avaient commis des fautes. Ainsi au 18ème siècle l’expression exacte qui était alors « être dans de beaux draps blancs » indiquait que l’on était dans une situation honteuse puisqu’ « exposé avec tous ses défauts » ou que tous ses défauts étaient exposés. En effet les gens accusés d’adultère devaient pour en être pardonnés, assister à la messe vêtus de la tête aux pieds en blanc.

« Etre dans de beaux draps blancs » signifiait donc être l’objet de sarcasmes et moqueries en raison de la situation dans laquelle on se trouvait. Aujourd’hui le qualificatif « blanc » a disparu, le caractère honteux aussi mais le sens profond de l’expression relative à la situation inconfortable est resté.

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Une vie de patachon

une vie de patachon

Quelle est l’origine de l’expression « une vie de patachon » ?

Celui qui a une vie de patachon mène une vie de débauche. Au 18ème siècle une patache était un bateau navigant sur les fleuves dans le but de collecter l’impôt. Puis au siècle suivant il désigna les véhicules de mauvaise qualité, le plus souvent de vieilles diligences, inconfortables et désespérément lentes, transportant les moins fortunés.

Ses conducteurs, les patachons, étaient réputés pour leurs vies dissolues. Pour eux les haltes dans les tavernes étaient très fréquentes. Ils buvaient beaucoup et souvent, s’arrêtaient pour passer du bon temps avec les filles dites « de petite vertu ». L’expression « mener une vie de patachon » a ainsi survécu aux siècles et s’est fixée dans la langue française pour toute personne à la vie déréglée.

Mais le mot « patachon » est aussi utilisé dans certains domaines spécifiques avec un sens différent. Par exemple dans le monde du rail un patachon est un train de marchandise non prioritaire.