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Faire chou blanc

faire chou blanc

Quelle est l’origine de l’expression « faire chou blanc » ?

« Faire chou blanc » consiste à ne pas réussir, essuyer un échec. Deux hypothèses existent quant à son origine.

Elles considèrent toutes les deux que « chou blanc » vient d’un « coup blanc », mais pas le même. Le première explication semble la plus probable. Au 16ème siècle le jeu de quilles était très apprécié. Or dans le Berry, un coup se disait un « choup ». Quand un des joueurs ratait la quille, ou bien ne marquait aucun point, on disait qu’il avait fait un « coup blanc », c’est à dire un « choup blanc » en langage berrichon.

Cette explication semble plus pertinente que la seconde selon laquelle le « coup blanc » serait celui qui désigne un coup de feu. En effet les anciennes armes à feu produisaient une fumée blanche lors de chaque tir. Car même si la cible n’était pas atteinte une fumée blanche s’en échappait.

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Manger sur le pouce

manger sur le pouce

D’où vient l’expression « manger sur le pouce » ?

On mange sur le pouce quand on déjeune ou dine dans la hâte, sans prendre le temps de profiter du repas. On trouve la première trace de cette expression au 19ème siècle. Elle est directement liée à une pratique particulièrement développée à cette époque, à la guerre ou sur les chantiers, mais qui existe encore de nos jours.

Quand le temps manque pour s’assoir confortablement et manger dans des assiettes avec fourchettes et couteaux, on peut tout simplement couper une tranche de pain et se faire des tartines ou un sandwich. Pour couper le pain on utilise le pouce comme appui. Il sert également à maintenir la nourriture ainsi coupée entre la lame et la main pour pouvoir la porter à la bouche. Ce doigt a donc un rôle particulièrement important quand on mange rapidement. En réalité on ne mange pas « sur » le pouce mais plutôt « grâce » à lui.

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Faire un tabac

faire un tabac

Pourquoi dit-on « faire un tabac » ?

« Faire un tabac » signifie rencontrer un succès considérable. Il semblerait que cette expression trouve son origine dans le vocabulaire utilisé par les marins du 19ème siècle.

A l’époque un « coup de tabac » est une tempête brusque, intense, avec de forts vents et du tonnerre. Elle fait par conséquent beaucoup de bruit. Par extension on a utilisé cette expression dans le milieu artistique quand un spectacle se concluait par des applaudissements nourris. Ainsi au début du 20ème siècle on disait « avoir le gros tabac » quand un artiste était chaleureusement et bruyamment salué par les spectateurs, comme un coup de tonnerre lors d’une tempête en mer.

Par la suite l’expression s’est simplifiée pour devenir « « faire un tabac » et son utilisation a dépassé le strict cadre des représentations artistiques. Aujourd’hui dans tous les domaines,on peut « faire un tabac » ou « faire un bide ».

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Être baba

etre baba

Pourquoi dit-on « être baba » ?

« Etre baba » ou « rester baba » consiste à être surpris, stupéfait. Le recours au terme « baba » peut sembler énigmatique. Créé à la fin du 18ème siècle, il vient du mot ‘batare’ en bas-latin, qui avait pour signification « ébahi » ou « ouvrir la bouche ».

Mais il semble que « baba » ait été auparavant une onomatopée utilisée pour indiquer un état de grand étonnement. La personne qui était baba ne pouvait ainsi prononcer de mots intelligibles compte tenu du degré d’ébahissement. Il semble que l’expression « rester comme Baba » ait également existé.

Mais attention car ce baba ci est différent du baba de l’expression « l’avoir dans le baba » qui signifie « se faire avoir » et dont le baba désigne le sexe féminin. A la fin du 19ème siècle l’expression perd son allusion obscène et connait le sens que nous lui attribuons de nos jours.

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Avoir la poisse

Avoir la poisse

D’où vient l’expression « avoir la poisse » ?

« Avoir la poisse » signifie être frappé de grande malchance avec une connotation de récurrence. Celui qui a la poisse n’est pas seulement malchanceux. Il manque de réussite sur le long terme. Il a des souvent des ennuis et parfois de façon consécutive.

Le terme « poisse » vient du mot « poix », une sorte de colle épaisse et gluante fabriquée au Moyen Âge avec de la résine de pin ou de goudron de bois. Elle était si visqueuse et gênante qu’elle était déversée brulante sur les assaillants des châteaux.

Cette substance donna le verbe « poisser » signifiant « enduire de poix ». Puis « la poisse » se mit naturellement à désigner quelque chose qui colle et dont on n’arrive pas à se défaire, une malchance.

« Avoir la poisse » devint ainsi synonyme d’avoir de la malchance sur une longue période.

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Se faire du mouron

se faire du mouron

Quelle est l’origine de l’expression « se faire du mouron » ?

L’expression  »se faire du mouron » signifie qu’une personne se fait beaucoup de souci.

Le mot « mouron » est pour le moins énigmatique. Il désigne des herbes de très petite taille que l’on trouve à la campagne. Or depuis le 19ème siècle on utilise ce mot en argot pour parler d’une touffe de poils, de la chevelure.

L’expression signifie donc littéralement « se faire des cheveux » qui n’est que la forme simplifiée d’une autre expression « se faire des cheveux blancs ». Par ricochet, « se faire du mouron » s’est mis à signifier au 20ème siècle « se faire de la bile », autre expression au sens équivalent.

On remarque que ces expressions qui ont toutes la même signification, font toute référence à une production involontaire du corps humain. Comme si l’impossibilité ou l’incapacité à en contrôler le surgissement ou la transformation (dans le cas de la couleur blanche des cheveux) était source d’une grande inquiétude pour les hommes.

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C’est là que le bât blesse

c’est là que le bât blesse

Pourquoi dit-on « c’est là que le bât blesse » ?

L’expression « c’est là que le bât blesse » qui est née au 15ème siècle, désigne la cause d’une difficulté ou d’une souffrance et sert à la pointer explicitement.

Pour saisir sa signification il faut en premier lieu nous attarder sur la définition d’un bât (et non d’un bas). Un bât était un dispositif en bois placé sur le dos des mulets ou des ânes. Il servait à accrocher des objets, le plus souvent de lourdes charges. Compte tenu du poids porté par l’animal, si le bât était mal fixé il pouvait souffrir. Le bât pouvait en effet le blesser et l’endroit de la blessure devenait son point faible.

Appliquée aux hommes l’expression revient ainsi à désigner la raison d’une souffrance, le plus souvent d’ordre psychologique.

A noter que l’adjectif « bâté » existe et se retrouve dans l’expression « un âne bâté » qui désigne un individu à la fois bête, ignorant et ridicule.

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Ça fait des lustres

ça fait des lustres

D’où vient l’expression « ça fait des lustres » ?

« Ça fait des lustres » signifie « ça fait très longtemps ». L’expression date du 17ème siècle.

Les « lustres » en question ne sont pas des appareils d’éclairage suspendus au plafond des salons. Le lustre fait ici référence à l’unité de temps du même nom qui correspondait à une durée de 5 ans dans la Rome antique. A cette époque le lustre était plus précisément une cérémonie de purification effectuée avant les recensements réalisés tous les cinq ans. A cette occasion les censeurs, c’est à dire les hauts magistrats, le plus souvent choisis parmi les anciens consuls, étaient élus.

Mais le lustre désignait tout aussi bien la cérémonie que le laps de temps s’écoulant entre deux « lustres ». Par extension, utilisé au pluriel, « des lustres » ont pris le sens d’une période toute à la fois de étendue et imprécise.

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Faire un pataquès

faire un pataquès

Quelle est l’origine de l’expression « faire un pataquès » ?

Faire un pataquès signifie donner une importance considérable à une situation ou un évènement qui ne le mérite pas.

Cette expression a pour origine une faute de liaison dans le langage oral. Ainsi selon le grammairien du 18ème siècle Domergue, par ailleurs journaliste et membre de l’Académie française de 1803 à 1810, le spectateur d’une pièce de théâtre assis à coté de deux dames peu instruites aurait trouvé un éventail. Il leur demanda s’il leur appartenait et se vit répondre : « Il n’est point-z-à moi » par l’une et « « il n’est pas-t-à moi » par l’autre. Face à cette erreur de liaison il aurait répondu  »alors je ne sais pas-t-à-qu’est-ce ! ».

Cette expression liée aux fautes grossières aurait ensuite été reprise dans le langage courant en se fixant, sans que l’on puisse réellement dire pourquoi, sur l’agitation et l’énervement en raison de choses sans grande importance.

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À tue-tête

à tue-tête

Pourquoi dit-on « à tue-tête » ?

Celui qui chante à tue-tête a une voix si forte et puissante que le son qu’il émet peut faire mal à la tête. Il est en tous cas le plus souvent dérangeant.

Dès le 12ème siècle « tuer » était utilisé dans diverses expressions afin d’exprimer l’idée d’évanouissement. Mais la locution « à tue-tête » trouve son origine bien plus tard, au XVIe siècle. A cette époque le terme « tuer » ne signifiait pas seulement enlever la vie. Il pouvait être également être utilisé pour exprimer l’idée de frapper le plus souvent à la tête ou bien signifier « fatiguer » ou « exténuer ». Cette dernière signification explique l’expression aujourd’hui disparue « à tue-chevaux » signifiant « très vite ».

Dès lors, le sens de l’expression qui nous intéresse est apparu naturellement et n’a pas évolué malgré les siècles. Quelqu’un qui chante ou crie à tue-tête a de fortes chances de fatiguer ceux qui l’entourent.