Les situations de stress peuvent susciter une réponse émotionnelle pouvant entraîner une perte de sommeil, à en croire les conclusions d’un ouvrage qui résume plusieurs études.
Ce livre est récemment paru en anglais sous le titre « Sleep and Affect: Assessment, Theory and Clinical Implications ».
« Nous avons vu que si une personne perdait une nuit de sommeil, elle répondait de façon plus émotionnelle à des ‘facteurs de stress’ reproduits en laboratoire », explique Matthew T. Feldner, professeur de psychologie au J. William Fulbright College of Arts and Sciences (Arkansas). « Ces résultats ont prolongé des recherches précédentes qui avaient relié un manque de sommeil chronique à l’anxiété et aux troubles de l’humeur. »
Certaines composantes de l’émotion semblent particulièrement liées au sommeil, précise le Dr. Felder.
« Ce que nous appelons les ‘facteurs de stress’ tendent à être plus sensibles aux émotions chez les personnes qui n’ont pas bien dormi, et l’excitation émotionnelle semble aussi interférer avec la qualité du sommeil », précise-t-il.
Le Dr. Felder et son équipe ont travaillé avec la spécialiste Kimberly A. Babson et ont poursuivi les recherches de cette dernière sur le sommeil.
« Notre étude figure parmi les premières à montrer que ce n’est pas le nombre de facteurs de stress, mais la manière dont on réagit qui détermine la probabilité d’insomnie », explique l’auteur Vivek Pillai, chercheur au Henry Ford Hospital de Detroit (Michigan).
Pour cette étude, parue dans la revue « Sleep », le Dr. Pillai et son équipe ont travaillé avec 2.892 sujets qui n’enregistraient pas d’antécédents d’insomnie.
« Alors qu’un événement stressant peut entraîner une mauvaise nuit de sommeil, c’est ce que vous faites en réponse au stress qui peut faire la différence entre quelques mauvaises nuits et une insomnie chronique », développe le Dr. Pillai.
Au début de cette étude, les participants ont rapporté les différents événements stressants auxquels ils ont dû faire face au cours de l’année qui s’était écoulée (divorce, maladie grave, problèmes pécuniaires…).
Les chercheurs ont identifié leurs mécanismes mis en place pour faire face à ces situations par le biais d’un questionnaire. Un rendez-vous de suivi (avec un autre questionnaire) une année plus tard a permis d’identifier plusieurs sujets ayant souffert de troubles insomniaques en lien avec leur stress.
Dans leurs cas, ces « troubles insomniaques » signifiaient qu’ils éprouvaient des difficultés pour dormir trois nuits par semaine pendant au moins un mois.
« Cette étude nous rappelle que des événements stressants et de grands changements de vie causent souvent des insomnies », a souligné le président de l’American Academy of Sleep Medicine, le Dr. Timothy Morgenthaler.
Comme l’ouvrage précité, cette étude permet d’identifier des pistes potentielles d’intervention thérapeutique afin d’aider les patients à adopter de meilleures stratégies d’adaptation à ces événements.