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Une Épée de Damoclès

expression épée de Damoclès

Pourquoi dit-on «une Épée de Damoclès » ?

L’expression une « épée de Damoclès » signifie un danger permanent.

Elle tire son origine de l’Antiquité mais ne fut utilisée couramment qu’à partir du 19ème siècle. Damoclès était un artisan de la ville de Syracuse, en Sicile, roi des orfèvres et courtisan du monarque Denys. Ce tyran vivait dans un château sous haute protection et grande surveillance. Son inquiétude naturelle ne s’assagissait qu’au contact de courtisans généreux en flatteries.

Parmi eux figurait  Damoclès qui n’avait de cesse de flatter son maître sur la chance qu’il avait de tenir la position de tyran de Syracuse.

Cet excès de flatterie agaça le roi qui lui fit la proposition de monter sur le trône pour une journée. Pour lui faire comprendre la charge et le danger que représentait cette position il fit placer lors d’un festin, une épée suspendue et pointée vers le bas, retenue très fragilement par un crin de cheval, juste au dessus de la tête de Damoclès et faisant peser sur lui un risque mortel permanent.

Ainsi depuis le 19ème siècle on utilise l’expression une « épée de Damoclès » pour désigner une situation excessivement risquée.

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22 v’là les flics

Expression 22 vla la-es flics

Pourquoi dit-on «22 v’là les flics !» ?

On dit parfois que le « Vingt-deux » signifie « couteau » dans l’argot français du 19ème siècle. Et l’arme favorite des brigands était le « couteau d’arsouille » avec sa lame de 22 centimètres. 22 signifierait donc « tous à vos armes » face à un danger.

Mais c’est une autre explication, datant du 19ème siècle elle aussi qu’il est préférable de retenir car elle fait presque consensus. Dans les imprimeries de l’époque ceux dont le rôle était de composer les textes avant impression, les linotypistes, avaient mis en place un code typographique pour prévenir de l’arrivée d’un responsable

En imprimerie, la taille des lettres s’appelle le corps. Elle est désignée par des chiffres. Si les corps 9 et 10 sont de tailles ordinaires, le corps 11 commence déjà à être plus grand. Le corps 22 est donc très grand. Il convenait parfaitement pour signifier l’importance hiérarchique d’un arrivant. Si l’un des ouvriers criait «22», ses collègues comprenaient tout de suite que le contre maitre était en vue. Il semble même que le «44» fut un temps utilisé pour prévenir de l’arrivée d’un responsable encore plus important.

Mais c’est le 22 qui est resté pour désigner l’autorité puis la police.

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Sainte-nitouche

Expression sainte nitouche

Pourquoi parle-t-on d’une « sainte-nitouche » ?

Une sainte nitouche est une personne hypocrite. Elle prend des airs innocents et prudes alors qu’elle est en réalité tout l’inverse. Elle se donne l’apparence d’une femme chaste et innocente pour cacher sa véritable nature.

On en trouve la première trace dans Gargantua de Rabelais paru en 1534. Une déformation phonétique serait à l’origine de l’expression.

« Nitouche » est formé à partir de l’expression « n’y touche pas » qui est selon les interprétations, soit une remontrance adressée à quelqu’un qui désirerait effectuer une tentative de séduction, soit une façon d’indiquer à une tierce personne que telle jeune fille ne peut être convoitée car elle n’est pas dévergondée comme on le croit.

Il existe également une autre explication. Une sainte est une personne qui a fait voeu de chasteté avant le mariage. On ne peut donc pas y toucher, « on n’y touche pas » déformée avec le temps en « on nitouche pas ».

Dans tous les cas c’est le recours ironique à cette expression qui lui a permis de passer à la postérité.

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Steak tartare

steack tartare

Pourquoi dit-on un « steak tartare » ?



La recette du steak tartare consiste en un plat à base de viande de bœuf ou de viande de cheval crue, généralement hachée. Son origine est lointaine. Les tribus nomades des steppes de Mongolie, les Tatars ou Tartares, se déplaçaient à cheval entre l’est de la Mongolie et l’actuel Kazakhstan.



Pour se nourrir, cet ancien peuple turc découpait des morceaux de viande qu’ils salaient puis plaçaient juste sous la selle de leurs chevaux. Lorsqu’ils cavalaient, les mouvements de la monture malaxaient naturellement la viande et le poids du cavalier permettait d’évacuer l’excès de sang. Quelques heures suffisaient pour l’attendrir complètement. Pour la consommer il suffisait ensuite d’enlever l’excès de sel et de la hacher grossièrement, sans cuisson préalable.



Nous tenons ces informations de l’ingénieur et cartographe du XVIIe siècle Guillaume Levasseur de Beauplan, qui après avoir servi en Pologne-Lituanie, a publié un livre intitulé « Description de l’Ukranie » contenant des descriptions détaillées des pratiques des peuples nomades locaux.

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Avoir un Jules

Avoir un jules

Pourquoi dit-on “avoir un Jules” ?

Le « Jules » de l’expression a réellement existé. Il s’agit d’une référence directe à une véritable personne qui vécut au 18ème siècle dans l’entourage de Marie-Antoinette.

Contrairement à ce que laisse penser le prénom, Jules était une femme, proche de la reine et nommée Madame de Polignac. Femme de Jules de Polignac elle était parfois surnommée le « Jules de la reine ». Une intense amitié lia les deux femmes dès 1774. Avec sa confidente Marie Antoinette passait énormément de temps, y compris dans son château du Petit Trianon.



Madame de Polignac devient duchesse en 1780. Vite jalousée on fit courir la rumeur que les deux amies étaient amantes, en prenant soin de surnommer la confidente «Jules» pour ne pas insinuer trop clairement que la reine était homosexuelle.



Mais avec la Révolution la reine dut s’exiler. Elle quitta son amie avec tristesse. Madame de Polignac mourut cinquante jours seulement après la reine.

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Boire à tire-larigot

A tire larigot

Quelle est l’origine de l’expression « boire à tire-larigot » ?

L’origine de cette expression se situe en Normandie. Au 13ème siècle, un archevêque du nom d’Odon Rigaud fit un cadeau, une cloche, à la ville de Rouen. Celle-ci fut installée à la cathédrale et prit le nom de La Rigaud.

Les dimensions et le calibre de l’objet étaient inédits pour l’époque. Elle pesait plus de 6 tonnes. Aussi, sonner la cloche nécessitait un effort considérable. Un effort qui mettait ceux qui s’y épuisaient dans un état de fatigue similaire à ceux qui avaient bu beaucoup d’alcool. Suivant la même idée ils devaient pour reprendre des forces boire énormément. Assoiffés par l’effort ils buvaient ‘à tire la Rigaud’. La Rigaud devenant progressivement larigot.

Il existe cependant une explication qui diffère totalement. Selon celle-ci l’expression serait née à la fin du 15ème siècle de l’association du verbe « tirer » c’est-à-dire aspirer un liquide et du nom d’une flûte appelée « larigot ». « Boire à tire larigot » aurait alors désigné le fait de siffler le vin des bouteilles à la manière de ceux qui jouaient de l’instrument.

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Recevoir une avoinée

recevoir une avoinée

Quelle est l’origine de l’expression «recevoir une avoinée» ?

«Une avoinée» sert en argot à désigner une punition sévère, le plus souvent reçue par un enfant ayant une commis une bêtise.

L’expression date du 19ème siècle. A l’époque «l’avoine de cocher» désigne les coups de fouet administrés aux chevaux pour faire avancer de force un attelage.
La référence à l’avoine s’explique pour la raison suivante : pour faire avancer un cheval un coup de fouet avait la même efficacité que le fait de lui présenter de l’avoine à manger. En effet les graines d’avoine sont des céréales qui entrent depuis des siècles dans l’alimentation des chevaux et dont la promesse est pour eux une incitation efficace.

« Recevoir une avoinée » est donc une métaphore. Par extension l’avoine est devenue en langage familier «une série de coups ». Et le verbe « avoiner » désigne l’action de donner une correction à un individu.

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Faire du boucan

Faire du boucon

Pourquoi dit-on « faire du boucan » ?

L’action de « faire du boucan » consiste dans le langage familier à faire beaucoup de bruit.

Le mot « boucan » vient directement du mot « bouc » dont le verbe « boucaner » signifie en ancien français du 17ème siècle, imiter le cri du bouc. Et dans la Bible il est un animal maudit. Plus tard il prit un sens additionnel puisque le boucan devint synonyme de « bordel », lieu qui a son tour pouvait facilement évoquer le vacarme. La prostituée était la « boucanière » et « boucaner » consistait à fréquenter ces lieux de débauche.

En raison du bruit que pouvaient générer les maisons closes, faire du boucan signifia rapidement « faire un bruit excessif ».

On retrouve d’ailleurs le mot « boucan » dans un certain nombre d’autres expressions dans lesquelles il revêt une signification amplifiée comme « faire un boucan d’enfer ».

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Travailler du chapeau

Travailler du chapeau

Pourquoi dit-on « travailler du chapeau » ?

De nos jours beaucoup pensent simplement que le chapeau de l’expression est une métaphore de la tête et que le fait de travailler de cette partie du corps signifie être trop agité, comme dans l’expression « travailler de la toiture ». Mais en réalité l’expression a une toute autre origine.

« Travailler du chapeau » c’est à dire souffrir de troubles mentaux ou tout simplement ne plus avoir toute sa tête, trouve son origine dans les chapelleries du 19ème siècle. Dans ces ateliers de confection on utilisait le feutre comme matière de base pour fabriquer les chapeaux. Le feutre était lui-même obtenu à partir de poils d’animaux et de nitrate de mercure en guise de forte colle. Or ce produit chimique intoxiquait les ouvriers qui le manipulaient ou le respiraient. Car le nitrate pouvait rester en suspension dans l’air de l’atelier tout en s’évaporant. Et ces vapeurs étaient ensuite facilement assimilées par les organismes, causant des dommages cérébraux.

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Être de mèche

être de mêche

Pourquoi dit-on «être de mèche» ?

« Etre de mèche » marque la complicité, la connivence d’une personne avec une autre dans l’accomplissement d’un acte le plus souvent répréhensible.

Dans la langue provençale le terme «mech» signifie « moitié ». Et en italien on dit « mezzo ». De la même racine latine, le terme de « mèche » fut utilisé dès le 18ème siècle dans le monde du banditisme. L’expression « être de mèche » signifiait alors faire « moitié moitié » sur l’argent d’un coup, être de moitié dans une affaire. Ainsi les voleurs ou les criminels qui étaient de mèche faisaient 50/50.

Le langage courant a ensuite retenu la complicité au détriment du partage équitable des fruits lors d’une action illégale.

A noter enfin qu’on retrouve le mot « mèche » dans l’expression « vendre la mèche », c’est-à-dire vendre sa moitié. Mais il ne s’agit pas de la même mèche puisque celle-ci est celle qui à la fin du 16ème siècle permettait de faire exploser des mines.