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Prendre son pied

Prendre son pied

Pourquoi dit-on « prendre son pied » ?

C’est aux corsaires du 18ème siècle que l’on doit cette expression. Rappelons ici que les corsaires sont des marins au service du roi, contrairement aux pirates. Quand ces marins attaquaient et pillaient un bateau ils devaient partager le butin de façon équitable entre le roi, l’armateur et l’équipage. Pour se faire ils avaient recours à la longueur d’un pied, soit 33 centimètres, comme unité de mesure de l’or ou autres marchandises trouvés à bord. Les corsaires prenaient donc au sens propre leur pied pour s’attribuer leur part.

Quant à la connotation sexuelle de l’expression elle serait liée à l’utilisation faite ensuite par les corsaires d’une partie de leur argent. Ils prenaient leur pied en allant passer du bon temps avec les prostituées.

Selon une autre explication l’expression ferait référence à une position sexuelle datant de l’Antiquité. Pendant l’acte, elle consisterait pour la femme à attraper son pied dans le but d’avoir plus de plaisir. Et il est vrai que sur de nombreuses représentations la femme est représentée à l’apogée de son plaisir son pied en main.

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Comme un coq en pâte

expression comme un coq en pate

Pourquoi dit-on «comme un coq en pâte» ?

Être comme un coq en pâte c’est être choyé, vivre sans souci et placé dans un état de grand confort. Il existe deux explications à cette expression.

Selon la première, « être comme un coq en pâte » aurait pour origine une mixture utilisée lors des concours agricoles du 17ème siècle. Une pâte, une lotion particulière préparée par les fermiers étaient alors appliquée aux poules dans le but de les embellir ou du moins de faire briller leurs plumes.

Selon une seconde théorie, il s’agit de comparer une situation à un coq dans une cage, engraissé par gavage à base de pâtée ou bien d’un coq enfermé dans un pâté. Ainsi dans le dictionnaire de l’Académie de 1835 on compare à ce coq dont la tête sort d’un pâté un homme glissé confortablement dans son lit et dont seule la tête et visible. C’est donc la position du coq entouré de pâte qui serait l’explication.



Dans un cas comme dans l’autre la locution proverbiale a progressivement migré dans le langage populaire où elle s’est fixé jusqu’à aujourd’hui.

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Faire la cour

faire-la-cour

Pourquoi dit-on «faire la cour» ?

L’expression «faire la cour» a d’abord eu une signification en lien avec la flatterie. Aucun rapport avec l’amour, en tous cas à l’origine. En effet on en trouve la première trace au 16ème siècle à la cour du roi. Elle désigne à cette époque le comportement de ceux qui entourent le monarque. Sa cour.

Du latin « curia », le terme de « «cour » est au sens premier un groupe d’hommes. Autour de la personne du roi, il adoptait des attitudes et précautions pour obtenir faveurs et avantages. Il fallait flatter et courtiser. La cour faisait donc la cour.

Puis dès lors que quelqu’un essayait de s’attirer la sympathie d’une autre personne le peuple s’est mis à utiliser la même expression. En dehors même du cadre royal.

Et enfin un siècle plus tard on a appliqué l’expression «faire la cour» aux rapports de séduction amoureuse.

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Une Épée de Damoclès

expression épée de Damoclès

Pourquoi dit-on «une Épée de Damoclès » ?

L’expression une « épée de Damoclès » signifie un danger permanent.

Elle tire son origine de l’Antiquité mais ne fut utilisée couramment qu’à partir du 19ème siècle. Damoclès était un artisan de la ville de Syracuse, en Sicile, roi des orfèvres et courtisan du monarque Denys. Ce tyran vivait dans un château sous haute protection et grande surveillance. Son inquiétude naturelle ne s’assagissait qu’au contact de courtisans généreux en flatteries.

Parmi eux figurait  Damoclès qui n’avait de cesse de flatter son maître sur la chance qu’il avait de tenir la position de tyran de Syracuse.

Cet excès de flatterie agaça le roi qui lui fit la proposition de monter sur le trône pour une journée. Pour lui faire comprendre la charge et le danger que représentait cette position il fit placer lors d’un festin, une épée suspendue et pointée vers le bas, retenue très fragilement par un crin de cheval, juste au dessus de la tête de Damoclès et faisant peser sur lui un risque mortel permanent.

Ainsi depuis le 19ème siècle on utilise l’expression une « épée de Damoclès » pour désigner une situation excessivement risquée.

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22 v’là les flics

Expression 22 vla la-es flics

Pourquoi dit-on «22 v’là les flics !» ?

On dit parfois que le « Vingt-deux » signifie « couteau » dans l’argot français du 19ème siècle. Et l’arme favorite des brigands était le « couteau d’arsouille » avec sa lame de 22 centimètres. 22 signifierait donc « tous à vos armes » face à un danger.

Mais c’est une autre explication, datant du 19ème siècle elle aussi qu’il est préférable de retenir car elle fait presque consensus. Dans les imprimeries de l’époque ceux dont le rôle était de composer les textes avant impression, les linotypistes, avaient mis en place un code typographique pour prévenir de l’arrivée d’un responsable

En imprimerie, la taille des lettres s’appelle le corps. Elle est désignée par des chiffres. Si les corps 9 et 10 sont de tailles ordinaires, le corps 11 commence déjà à être plus grand. Le corps 22 est donc très grand. Il convenait parfaitement pour signifier l’importance hiérarchique d’un arrivant. Si l’un des ouvriers criait «22», ses collègues comprenaient tout de suite que le contre maitre était en vue. Il semble même que le «44» fut un temps utilisé pour prévenir de l’arrivée d’un responsable encore plus important.

Mais c’est le 22 qui est resté pour désigner l’autorité puis la police.

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Sainte-nitouche

Expression sainte nitouche

Pourquoi parle-t-on d’une « sainte-nitouche » ?

Une sainte nitouche est une personne hypocrite. Elle prend des airs innocents et prudes alors qu’elle est en réalité tout l’inverse. Elle se donne l’apparence d’une femme chaste et innocente pour cacher sa véritable nature.

On en trouve la première trace dans Gargantua de Rabelais paru en 1534. Une déformation phonétique serait à l’origine de l’expression.

« Nitouche » est formé à partir de l’expression « n’y touche pas » qui est selon les interprétations, soit une remontrance adressée à quelqu’un qui désirerait effectuer une tentative de séduction, soit une façon d’indiquer à une tierce personne que telle jeune fille ne peut être convoitée car elle n’est pas dévergondée comme on le croit.

Il existe également une autre explication. Une sainte est une personne qui a fait voeu de chasteté avant le mariage. On ne peut donc pas y toucher, « on n’y touche pas » déformée avec le temps en « on nitouche pas ».

Dans tous les cas c’est le recours ironique à cette expression qui lui a permis de passer à la postérité.

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Faire du boucan

Faire du boucon

Pourquoi dit-on « faire du boucan » ?

L’action de « faire du boucan » consiste dans le langage familier à faire beaucoup de bruit.

Le mot « boucan » vient directement du mot « bouc » dont le verbe « boucaner » signifie en ancien français du 17ème siècle, imiter le cri du bouc. Et dans la Bible il est un animal maudit. Plus tard il prit un sens additionnel puisque le boucan devint synonyme de « bordel », lieu qui a son tour pouvait facilement évoquer le vacarme. La prostituée était la « boucanière » et « boucaner » consistait à fréquenter ces lieux de débauche.

En raison du bruit que pouvaient générer les maisons closes, faire du boucan signifia rapidement « faire un bruit excessif ».

On retrouve d’ailleurs le mot « boucan » dans un certain nombre d’autres expressions dans lesquelles il revêt une signification amplifiée comme « faire un boucan d’enfer ».

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Travailler du chapeau

Travailler du chapeau

Pourquoi dit-on « travailler du chapeau » ?

De nos jours beaucoup pensent simplement que le chapeau de l’expression est une métaphore de la tête et que le fait de travailler de cette partie du corps signifie être trop agité, comme dans l’expression « travailler de la toiture ». Mais en réalité l’expression a une toute autre origine.

« Travailler du chapeau » c’est à dire souffrir de troubles mentaux ou tout simplement ne plus avoir toute sa tête, trouve son origine dans les chapelleries du 19ème siècle. Dans ces ateliers de confection on utilisait le feutre comme matière de base pour fabriquer les chapeaux. Le feutre était lui-même obtenu à partir de poils d’animaux et de nitrate de mercure en guise de forte colle. Or ce produit chimique intoxiquait les ouvriers qui le manipulaient ou le respiraient. Car le nitrate pouvait rester en suspension dans l’air de l’atelier tout en s’évaporant. Et ces vapeurs étaient ensuite facilement assimilées par les organismes, causant des dommages cérébraux.

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Être de mèche

être de mêche

Pourquoi dit-on «être de mèche» ?

« Etre de mèche » marque la complicité, la connivence d’une personne avec une autre dans l’accomplissement d’un acte le plus souvent répréhensible.

Dans la langue provençale le terme «mech» signifie « moitié ». Et en italien on dit « mezzo ». De la même racine latine, le terme de « mèche » fut utilisé dès le 18ème siècle dans le monde du banditisme. L’expression « être de mèche » signifiait alors faire « moitié moitié » sur l’argent d’un coup, être de moitié dans une affaire. Ainsi les voleurs ou les criminels qui étaient de mèche faisaient 50/50.

Le langage courant a ensuite retenu la complicité au détriment du partage équitable des fruits lors d’une action illégale.

A noter enfin qu’on retrouve le mot « mèche » dans l’expression « vendre la mèche », c’est-à-dire vendre sa moitié. Mais il ne s’agit pas de la même mèche puisque celle-ci est celle qui à la fin du 16ème siècle permettait de faire exploser des mines.

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A la queue leu leu

A la queue leu leu

Quelle est l’origine de l’expression « à la queue leu leu » ?

Cette expression date du Moyen Âge. En français médiéval un «leu» signifie un « loup ». Ces animaux sont alors beaucoup plus fréquents que de nos jours dans les forêts. Il n’est pas rare d’en croiser dans les campagnes de France. Le loup comme le renard tiennent ainsi une place importante dans l’imaginaire des peuples vivant à cette époque.

Dès le 11ème siècle on utilise le terme « leu », dérivé du latin « lupus », pour parler d’un loup. Or quand ils se déplacent, les loups sont souvent les uns derrière les autres.  Ainsi on a vu naitre naturellement l’expression «à la queue du leu, un leu» pour dire que « c’est à la queue d’un leu qu’on trouve un autre leu » ou en français moderne que c’est derrière un loup que l’on trouve un autre loup.

Avec le temps l’expression a été simplifiée par l’abandon des articles.On en trouve la première trace écrite au XVIe siècle pour désigner un jeu dans Gargantua de Rabelais