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Un nom à coucher dehors

Coucher dehors

D’où vient l’expression «un nom à coucher dehors» ?

« Un nom à coucher dehors» est un patronyme très compliqué qu’il est difficile de garder en mémoire avec exactitude.

L’origine de cette expression se situe au Moyen Age. Quand les auberges étaient pleines, leurs propriétaires étaient contraints de choisir leurs clients sur le critère social. Le rang primait. Et pour le connaitre les aubergistes se fiaient aux noms des clients. Ceux qui étaient nobles (et qui portaient donc une particule) ou ceux dont le nom était celui d’une profession de haut rang social se voyaient plus facilement attribués une chambre. Il en allait de même pour ceux dont le nom avait clairement une résonance chrétienne.

Les autres dormaient avec les chevaux et ceux encore bien moins lotis en raison de leur nom n’avaient plus comme solution que de coucher dehors.

L’expression a traversé les siècles tout en conservant son caractère péjoratif.

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Cracher au bassinet

Cracher au bassinet

Quelle est l’origine de l’expression « cracher au bassinet » ?

Cracher au bassinet signifie payer à contrecœur.

Dès le 16ème siècle on note l’apparition de l’expression « cracher au bassin ». Le « bassin » était alors le récipient à aumône utilisé pendant les cérémonies religieuses. Plus simplement c’était le panier servant à recueillir l’argent lors de la messe. Y mettre de l’argent pouvait s’avérer une tâche effectuée sans enthousiasme.

Mais pourquoi donc utiliser le verbe « cracher » ? Certains soulignent qu’au 19ème siècle celui qui crache au bassinet a autant de mal à donner son argent dans le panier qu’un malade à expectorer ses mucosités. Si l’image semble satisfaisante elle est erronée. En réalité dès le 15ème siècle « cracher » signifie en argot « parler ». Puis il prend le sens de « passer aux aveux » sous la contrainte, pour enfin prendre le sens de « payer » de façon aussi pénible que si on devait avouer une faute.

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Snob

Snob

Pourquoi dit-on « snob » ?

Un snob est une personne qui aime les manières ou adopte des postures à la mode dans des microcosmes qui se pensent distingués et qui entretiennent un mépris pour ceux qui n’adhèrent pas à leur mode de vie.

L’usage de l’expression « snob » remonte au 18ème siècle en Angleterre. Le mot est la contraction du latin «sine nobilitate» (sans noblesse), et s’écrivait «s.nob.». Cette mention figurait sur les registres d’inscription de l’université de Cambridge afin de préciser que l’étudiant en question était issu de la petite bourgeoisie et non de la noblesse. Il s’agissait donc d’une information écrite à caractère personnel figurant dans un fichier scolaire.

Or parmi ces élèves qui n’appartenaient pas à la noblesse certains voulaient imiter par jalousie les manières des aristocrates. A défaut d’appartenir à l’élite, ils tendaient à reproduire le comportement de cette classe sociale qui s’estimait supérieure. Les aristocrates eux n’appréciaient guère ce comportement et en retour les traitaient de «snobs».

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Vieux comme Hérode

Vieux comme Hérode

Pourquoi dit-on « vieux comme Hérode » ?

L’expression «vieux comme Hérode» signifie d’un âge très avancé. Il s’agit d’une référence au roi Hérode Ier, roi de Judée au Ier siècle avant J.-C.

Il est possible que son nom ait été repris dans l’expression car « Hérode le Grand» vécut très âgé pour l’époque, 69 ans, soit près de 10 ans de plus que l’espérance de vie des personnes appartenant à la couche supérieure de la population. Quand le peuple lui ne pouvait guère espérer vivre plus de 40 ans.

Hérode rendit la Judée extrêmement puissante en ayant recours à des méthodes jugées cruelles. Il tua entre autre ses propres enfants pour rester plus longtemps sur le trône.

Mais pour certains, malgré sa longévité respectable ce n’est pas l’âge atteint par Hérode qui explique l’expression. Elle serait plutôt une allusion à l’époque d’Hérode plutôt qu’à son personnage lui-même. Une période très ancienne.

Enfin pour d’autres spécialistes l’expression trouverait en réalité son explication dans le cumul des règnes des six différents Hérode qui se succédèrent entre 73 avant J.C. et 93 après JC.

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Mettre sous le boisseau

Mettre sous le boisseau

Quelle est l’origine de l’expression « mettre sous le boisseau » ?

« Mettre sous le boisseau » consiste à garder un secret, cacher la vérité.

On trouve l’expression à plusieurs reprises dans l’Evangile, dont ce passage dans Matthieu (V, v. 15) : « Et l’on n’allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau ; mais on la met sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. »

Mettre sous le boisseau a donc dès l’origine le sens de cacher la vérité aux hommes. Au contraire l’injonction de l’Evangile est de la divulguer pour apporter la lumière.

Mais qu’est-ce qu’un boisseau ? Il semblerait qu’il s’agisse d’un récipient destiné à contenir des matières sèches pour les mesurer. Aussi si vous retournez le boisseau et placez un objet quelconque dessous il sera parfaitement caché. Remplacez l’objet par une vérité et vous détenez la clef de la métaphore !

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Monter le bourrichon

Monter le bourrichon

Pourquoi dit-on « monter le bourrichon » ?

Le bourrichon est « la tête » en langage familier.

On doit les expressions « monter le bourrichon » et « se monter le bourrichon » (dont les sens sont légèrement différents) à Gustave Flaubert.

« Se monter le bourrichon » signifie « se monter la tête » ou encore « se faire des illusions ». On trouve cette expression pour la toute première fois dans la lettre de Gustave Flaubert à Louis Bouilhet : « Oh ! Comme il faut se monter le bourrichon pour faire de la littérature ! Et que bien heureux sont les épiciers ! »

Quant à « monter le bourrichon » à un tiers, cela consiste à lui donner des illusions. Flaubert encore en 1860 : « il faut que je monte joliment le bourrichon à mon public : il faut que je fasse baiser un homme, qui croira enfiler la lune, avec une femme qui croira être baisée par le soleil ».

A noter enfin que le bourrichon vient de la « bourriche », un panier sans anses servant à transporter différents produits.

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Treize à la douzaine

Treize à la douzaine

D’où vient l’expression «treize à la douzaine» ?

L’expression « treize à la douzaine » signifie en grand nombre. Elle est utilisée de nos jours souvent péjorativement dans le cas d’une trop grande quantité. Deux explications ont cours.

Selon la première, l’expression aurait une origine médiévale. Au 13ème siècle en Angleterre, pour lutter contre la fraude le roi Henri III décida que les boulangers auraient pour obligation d’ajouter un article supplémentaire pour toute douzaine vendue. L’objectif de cette loi nommée «The Baker’s Dozen » était de compenser une tromperie souvent pratiquée par les boulangers qui consistait à réduire la taille des pains sans en changer le prix ni en informer l’acheteur. Une pratique qu’il faut espérer révolue.

La seconde explication est beaucoup plus optimiste sur la nature humaine y compris marchande. L’expression daterait du milieu du 18ème siècle, une époque à laquelle les commerçants offraient souvent un treizième produit pour tout achat de douze.

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Un bouc émissaire

Bouc émissaire

Pourquoi dit-on un «bouc émissaire» ?

Un bouc émissaire est une personne à qui on attribue injustement la responsabilité d’une faute.

Les origines de cette expression sont religieuses.

Durant Yom Kippour, le jour du pardon chez les juifs, le grand prêtre d’Israël devait tirer au sort un bouc pour permettre à la population d’évacuer ses péchés. L’animal était alors envoyé dans le désert d’Azazel, portant symboliquement le fardeau de toutes les mauvaises actions.

Le nom de ce bouc en latin donna « caper emissarius » ou « le bouc envoyé ».

Dès lors celui qui porte la responsabilité pour les autres alors qu’il n’a rien fait subi le même sort que cet animal.

Georges Clemenceau dira dans le cadre de l’affaire Dreyfus : « Tel est le rôle historique de l’affaire Dreyfus. Sur ce bouc émissaire du judaïsme, tous les crimes anciens se trouvent représentativement accumulés. ».

On trouve cette expression dès le dictionnaire de Furetière au XVIIe siècle.

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Passer au crible

Passer au crible

D’où vient l’expression « passer au crible » ?

« Passer au crible » consiste à examiner avec soin pour distinguer le vrai du faux, analyser quelque chose en détail.

On trouve la première trace de cette expression dans la Bible. Lors de la Cène, dans le chapitre 22 de l’Evangile de Luc, Jésus utilise l’image du crible, c’est-à-dire un instrument de travail des paysans; une sorte de tamis permettant de trier la terre, la farine ou le blé. Le crible sert notamment à conserver à séparer les grains à conserver de tous les parasites et résidus comme la paille. Cette métaphore est utilisée pour rendre accessible la notion de bien et de mal.

Ainsi Jésus indique à Pierre, un des apôtres, que Satan allait «les passer au crible comme le froment». Il allait donc les examiner en détail avant de les soumettre à la tentation. Cette épreuve déterminerait quel type de grain est Pierre.

L’expression est progressivement sortie du seul domaine religieux pour gagner le langage courant.

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Au four et au moulin

Au four et au moulin

Pourquoi dit-on « au four et au moulin » ?

Le plus souvent utilisée dans sa forme négative cette expression signifie « ne pas pouvoir être partout en même temps », « être dans l’incapacité d’exécuter plusieurs tâches à la fois ».

Elle est apparue à l’époque féodale, quand les paysans utilisaient le moulin et le four du seigneur pour faire leur pain, contre paiement d’une redevance « sur fours, moulins et pressoirs » justement. Cette taxe fut abolie à la Révolution par l’Assemblée constituante le 15 mars 1790.

Les deux tâches, moudre le grain dans le moulin puis faire cuire le pain dans le four, devaient être exécutées successivement. Il était impossible de les réaliser en même temps. Puisque chaque opération devait être réalisée distinctement, il était impossible d’être à la fois au four et au moulin.

Malgré la tradition strictement orale de transmission de cette expression on sait aujourd’hui qu’elle apparut dans le langage courant à partir du 17ème siècle.