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Se regarder en chiens de faïence

Se regarder en chiens de faïence

D’où vient l’expression « se regarder en chiens de faïence » ?

Quand deux personnes se regardent ou s’observent sans dire un mot on dit qu’elles se  »regardent en chiens de faïence ». Il y a  souvent de l’animosité dans l’air.

Le mot « faience » vient de la céramique réputée pour sa qualité, originaire de Faenza en Italie. On y fabrique depuis des siècles de la vaisselle de céramique. A partir de cette petite localité, la faience a conquis l’Europe dont la France.

Très populaire dès le 17ème siècle, il est logique que l’expression soit née à cette même époque. Elle trouve son origine dans la pratique d’antan de disposer des petites sculptures ou statues de chiens en guise d’élément de décoration dans les intérieurs et en particulier sur les cheminées, seules sources de chaleur pendant longtemps.

A les observer se regarder froidement on comprend aisément comment l’expression est née et pourquoi elle s’applique si bien aux rapports humains.

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Comme cul et chemise

Comme cul et chemise

Quelle est l’origine de l’expression « comme cul et chemise » ?

Deux personnes qui sont « comme cul et chemise » ont entre elles une très grande complicité. Elles sont inséparables. Cette métaphore de l’amitié entre deux personnes est souvent utilisée dans un sens légèrement péjoratif.

Antoine Oudin dès 1640 utilise une expression très proche: « Ce n’est qu’un cul et une chemise. Ils sont toujours ensemble ; ils ont de grandes intelligences ».

La mention du cul et de la chemise, souligne simplement le caractère inséparable des deux parties, comme le lien qui existe entre le corps (« le cul ») et le vêtement qui l’habille (« la chemise »).

Car les chemises de l’époque n’étaient pas identiques à celles que nous connaissons aujourd’hui. Elles ressemblaient plutôt à de longues chasubles qui en font véritablement l’ancêtre des sous-vêtements modernes. La « chemise » atteignait ainsi le « cul ».

Il y avait donc bien entre deux personnes la même promiscuité que celle existant entre le vêtement et le corps humain.

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Mener à la baguette

Mener à la baguette

Pourquoi dit-on « mener à la baguette » ?

Cette expression signifie commander avec dureté ou autorité. On peut se demander de quelle baguette s’agit-il ? Est-ce une référence à la baguette du boulanger ? A celle du batteur ? Du chef d’orchestre ? Ou encore à celles qui peuvent remplacer les fourchettes ? Aucune de celles-ci.

Selon les auteurs, deux types de baguettes candidates peuvent être retenues. Même si au fond il s’agit du même objet.

Le mot même de « baguette » viendrait du latin baculum qui veut dire « bâton ».

D’abord l’expression puiserait ses origines dans le monde des armées dans lequel les plus hauts gradés dirigeaient leurs troupes avec une épée. Celle-ci ressemblait à une règle en bois, assimilable à une baguette.

Mais si la baguette reste bien le même objet en bois, celle de l’expression serait pour certains autres auteurs une référence directe aux baguettes utilisées par les instituteurs pour faire obéir leurs élèves.

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Prendre des vessies pour des lanternes

Prendre des vessies pour des lanternes

Quelle est l’origine de l’expression « prendre des vessies pour des lanternes » ?

« Prendre des vessies pour des lanternes » consiste à être naïf, se faire des illusions, bref se tromper lourdement.

L’origine de cette expression semble remonter au 13ème siècle, une époque à laquelle on disait « vendre vessie pour lanterne ». Des vessies de porc ou de bœuf étaient alors récupérées puis séchées afin d’être utilisées comme récipients. En raison de leur fine paroi elles pouvaient être opaques et laisser passer la lumière. Aussi certains plaçaient une simple bougie à l’intérieur et s’en servaient de lanternes. Les vessies pouvaient donc servir accessoirement de lanternes de fortune.

De ce fait des personnes pas très observatrices ou naives pouvaient facilement penser que ces vessies étaient de véritables lanternes.

La forme de la vessie et la lueur dégagée par les bougies autorisaient même les marchands à faire passer les vessies suspendues au plafond de leur boutique pour des lanternes et les vendre ainsi.

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Laisser le chat aller au fromage

Laisser le chat aller au fromage

Connaissez-vous l’origine de l’expression « laisser le chat aller au fromage » ?

Cette expression est certes quelque peu oubliée de nos jours mais elle a bien eu cours. Elle s’applique à une jeune fille qui cède aux avances d’un homme avant le mariage. Elle exprime donc l’idée traditionnellement contraire à la morale de consommer un mariage avant même sa célébration.

On en trouve les premières traces au 16ème siècle. Des interrogations demeurent sur l’animal choisi. En effet ce sont plutôt les souris ou les rats qui s’intéressent au fromage, et non pas les chats. Mais s’il s’agit d’un chat et non d’un rongeur, c’est en référence au sexe féminin.

Quant au fromage il est le symbole même de la tentation. Déjà dans la fable de La Fontaine, Le corbeau et le renard, le fromage est la proie tant convoitée par les animaux : « Maître Corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l’odeur alléché… ».

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ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval

Quelle est l’origine de l’expression « ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval » ?

On dit d’une chose rare et le plus souvent de grande valeur, qu’elle « ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ».

Cette expression date du 18ème siècle. Peu avant, un siècle plus tôt pour être précis, on avait recours à l’expression approchante  »dans le pas d’un cheval ». Le « pas » étant la trace. Aujourd’hui le sabot a remplacé la trace mais le sens est resté le même.

Mais pourquoi ne peut-on pas trouver de choses rares sous le sabot d’un cheval ? Tout simplement parce qu’à cet endroit on trouve le plus souvent l’inverse, à savoir une matière sans grande valeur. Vous l’avez compris, on trouve dans la trace ou sous le sabot d’un cheval du crottin, c’est-à-dire quelque chose sans rareté ni valeur considérable (même si certains le ramassaient pour l’utiliser comme fumier). D’où le recours à la forme négative dans l’expression.

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Envoyer à Dache

envoyer à Dache

D’où vient l’expression « envoyer à Dache » ?

« Envoyer à Dache » un individu signifie s’en défaire, s’en débarrasser ou encore l’envoyer promener. On pourrait même traduire l’expression par « envoyer au diable ». Et justement le diable n’y est pas étranger.

Cette expression qui date de 1866, utilise le mot « dache » qui est une altération de ‘diache’, venant de ‘diable’, et qui fut en particulier utilisée dans le nord de la France où elle faisait partie de l’argot courant des ouvriers.

Par extension « à dache » tout seul signifie « au diable », « très loin ». On retrouve l’usage de cette expression familière, chez de nombreux écrivains parmi lesquels Louis-Ferdinand Céline ou Paul de Sémant.

Et justement, Jean Maillet souligne qu’à la fin du 19ème siècle les militaires du Second Empire avaient recours à la formule : « à Dache, perruquier des zouaves ».

A noter que « diable » a donné lieu à de nombreuses altérations comme par exemple « diantre ».

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kif-kif

kif kif

Quelle est l’origine de l’expression « kif-kif » ?

« Kif » est un dédoublement du mot arabe ‘kif’ qui signifie ‘comme’. Cette expression qui veut dire « la même chose » et dont la première trace remonte à la fin du 19ème siècle vient d’Algérie. Proche, « Kif-kif bourricot » se traduit littéralement par « pareil à l’âne ». Celle-ci nous serait parvenue grâce aux soldats engagés en Afrique du Nord.

Au début du 20ème siècle l’expression «c’est du kif» signifiant «c’est la même chose» voit le jour. Mais de nos jours elle peut prêter à confusion puisque  « kif » désigne aussi le cannabis. En réalité le kif-cannabis vient de l’arabe « kef », c’est-à-dire «béatitude». Le verbe « kiffer» en est dérivé.

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Bête à bon Dieu

bête à bon Dieu

Pourquoi dit-on la « bête à bon Dieu » ?

La « bête à bon Dieu » est le nom populaire donné à la coccinelle.

Ce surnom trouve son origine au Moyen Âge. Selon une légende, un homme alors accusé à tort d’un crime était sur le point d’être décapité. Mais une fois sa tête sur le billot, on raconte qu’une coccinelle se posa sur son cou. Malgré les efforts du bourreau pour s’en débarrasser la coccinelle resta en place. On dit alors que le roi Robert II le Pieux qui assistait à l’exécution vit dans l’entêtement de l’insecte un signe divin. Il décida de gracier le condamné.

Mais certains voient plutôt dans cette histoire une simple légende. Ceux-là préfèrent retenir pour origine de l’expression, le travail bénéfique effectué par la coccinelle et ses larves dans la lutte contre les pucerons dans les jardins. Ce trvail parfaitement naturel ne demande aucun effort; il est « divin » !

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Langue de bois

langue de bois

Pourquoi dit-on une « langue de bois » ?

Pratiquer la langue de bois consiste à éviter d’énoncer une réalité par le recours à des tournures de phrase d’ordre général. La langue de bois permet ainsi de détourner une conversation pour éviter de répondre à des questions gênantes.

Cette expression date du XXe siècle en Russie. Avant la révolution on parlait en effet de « la langue de chêne » pour désigner la bureaucratie tsariste, et plus généralement une administration trop lente, trop codifiée et dure, justement tout comme l’arbre.

Ensuite la locution est passée en Pologne pendant le mouvement Solidarność qui la modifie à son tour. Elle devient ainsi « langue de bois » dans ce pays, où elle sert à critiquer le régime soviétique. Elle est ensuite reprise par les journaux français.

Il s’agit donc d’une expression très récente dans notre pays. Elle n’a que 30 ou 40 ans et s’utilise aujourd’hui le plus souvent dans le domaine du discours politique.