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A la bonne franquette

à la bonne franquette

Pourquoi dit-on « à la bonne franquette » ?

Passer une soirée “à la bonne franquette” signifie sans complications, sans chichi ni manières inutiles. Si une invitation se passe « à la bonne franquette » alors les petits plats ne sont pas mis dans les grands !

Dès le 17ème siècle on trouve l’expression « à la franquette ». Le mot « franquette » vient de « franc » qui est d’origine normande. La locution est utilisée à cette époque pour dire « en toute franchise ». Un siècle plus tard elle est remplacée par « à la bonne franquette » et prend dès lors le sens de « en toute simplicité ».

Mais il faut ajouter que Jean Maillet souligne que jusqu’à la fin du 18ème siècle, le peuple disait « parler à la franquette » ou « agir à la franquette » pour exprimer l’absence de manières et façons.

Il semble aussi qu’avant le mot « franquette » on utilisait celui de « Flanquette ». « « Agir à la flanquette » signifiait donc « agir franchement ». La lettre «L » ayant par la suite était roulée en « R ».

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Amuser la galerie

amuser la galerie

Quelle est l’origine de l’expression « amuser la galerie » ?

« Amuser » ou « épater » la galerie consiste à faire rire le public.

Cette expression au caractère légèrement péjoratif a une origine sportive et date du 17ème siècle. Le tennis et d’autres jeux de raquettes viennent du jeu de paume, jeu pratiqué depuis un millénaire. Le long des terrains de ce jeu, dont les joueurs sont munis d’une raquette que depuis le début du 16eme siècle, se trouvait une galerie. Elle accueillait les spectateurs.

Rapidement le mot « galerie » s’est mis à désigner non plus seulement la structure accueillant le public mais le public lui-même.

Pour amuser les spectateurs, la galerie donc, les joueurs du jeu de paume réalisaient des acrobaties et tentaient d’effectuer des coups spectaculaires. Puis dans un élargissement progressif et continu de sa signification, l’opinion publique.

Pour la petite histoire la France commença à délaisser le jeu de paume dès le 18ème siècle.

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Une vie de bâton de chaise

une vie de bâton de chaise

Pourquoi dit-on « une vie de bâton de chaise » ?

« Mener une vie de bâton de chaise » signifie mener une vie agitée, désordonnée.

L’expression a une origine incertaine. Mais on l’explique généralement de la façon suivante. Les « bâtons de chaise » sont les bâtons de chaise à porteurs sous l’Ancien Régime. Celles-ci présentaient en effet deux bâtons latéraux qui servaient à porter littéralement la chaise et son passager.

Or pour déplacer le tout il fallait fréquemment manipuler ces bâtons. Ils avaient la vie dure. Ils étaient soulevés, tirés, posés, courbés. Et par analogie on se mit à décrire une vie à l’activité excessive en ayant recours à cette image.

Si on date cette expression de la fin du 19ème siècle, date à laquelle les chaises à porteurs avaient disparu, c’est tout simplement que de nombreux spectacles relataient alors la vie de cette époque, donnant une actualité à ce mode de déplacement pourtant disparu. D’où la référence anachronique aux bâtons de chaise.

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Le jeu en vaut la chandelle

le jeu en vaut la chandelle

D’où vient l’expression « le jeu en vaut la chandelle » ?

L’origine de cette expression date du 16ème siècle. A cette époque les foyers s’éclairaient à la bougie. L’électricité n’existait bien sûr pas encore. Pour passer le temps ou s’adonner à son vice les gens pouvaient le soir jouer aux cartes ou aux dés. Pour y voir quelque chose il leur fallait s’éclairer à la bougie ou à la chandelle.

Mais éclairer ces parties de jeux nocturnes avait un coût. Ainsi les joueurs n’étaient prêts à consentir à payer pour cet éclairage que si les montants des gains potentiels étaient élevés. Il fallait pouvoir espérer gagner une grosse somme ou au moins rentrer dans ses frais.

Si les gains potentiels n’étaient pas énormes et pour pouvoir quand même jouer les participants aux revenus modestes donnaient une petite somme à celui qui avait accueilli la partie en dédommagement du coût des chandelles. Mais s’ils n’avaient vraiment pas de chance au jeu alors celui-ci n’en valait pas la chandelle !

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Poser un lapin

poser un lapin

Pourquoi dit-on « poser un lapin » ?

« Poser un lapin » consiste à ne pas se rendre à un rendez-vous sans prévenir la personne qui vous attend.

Signalons d’abord que durant l’Antiquité, le lapin était un symbole de fécondité. Celui qui n’en avait pas était donc mis dans la pauvreté.

Mais l’expression exacte remonte à la fin du 19ème siècle. Elle avait cependant à l’époque un sens différent. Elle signifiait ne pas rétribuer les faveurs d’une femme dite de « petite vertu ». Le « lapin » désignait donc le refus de payer. Et le « poseur de lapin » était celui qui faisait attendre la femme dont il avait profité.

Le sens que nous connaissons aujourd’hui serait apparu vers 1890 chez les étudiants et semble venir d’une autre locution, « laisser poser », qui signifiait « faire attendre quelqu’un ».

Mais il y a eu sans aucun doute un glissement progressif dans le langage courant d’une attente de paiement non honoré (la faveur sexuelle) vers une autre attente non satisfaite (la venue de la personne attendue).

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ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval

Quelle est l’origine de l’expression « ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval » ?

On dit d’une chose rare et le plus souvent de grande valeur, qu’elle « ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ».

Cette expression date du 18ème siècle. Peu avant, un siècle plus tôt pour être précis, on avait recours à l’expression approchante  »dans le pas d’un cheval ». Le « pas » étant la trace. Aujourd’hui le sabot a remplacé la trace mais le sens est resté le même.

Mais pourquoi ne peut-on pas trouver de choses rares sous le sabot d’un cheval ? Tout simplement parce qu’à cet endroit on trouve le plus souvent l’inverse, à savoir une matière sans grande valeur. Vous l’avez compris, on trouve dans la trace ou sous le sabot d’un cheval du crottin, c’est-à-dire quelque chose sans rareté ni valeur considérable (même si certains le ramassaient pour l’utiliser comme fumier). D’où le recours à la forme négative dans l’expression.

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Ça sent le roussi

ça sent le roussi

Quelle est l’origine de l’expression « ça sent le roussi » ?

Une situation sent le roussi si un problème ou un danger s’annonce. L’expression s’utilise généralement au cours d’un processus dont la tournure n’apparait pas favorablement. L’évolution des évènements est alors inquiétante.

Cette expression date du 19ème siècle. A cette époque elle est utilisée pour parler d’individus dont les opinions choquantes et la vie privée contraire aux bonnes moeurs ou à la morale, les mettaient au ban de la société. Leur comportement faisait peser sur eux le risque de finir dans les flammes de l’enfer. L’odeur du roussi parvenait déjà aux narines des commentateurs.

Il ne faut pas la confondre cette expression avec « ça sent le sapin » qui fait référence à l’utilisation répandue dès le 17ème siècle, du bois de sapin pour la fabrication des cercueils. A tel point qu’on surnomma le cercueil, « redingote de sapin ». Il apparut donc naturel de mentionner la proximité olfactive de ce bois dès lors que le décès d’une personne semblait imminent.

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Payer les violons

payer les violons

D’où vient l’expression « payer les violons » ?

« Payer les violons » signifie faire les frais d’une situation alors qu’une autre personne en tire les profits. Il s’agit donc d’une expression ironique pour dire que quelqu’un a eu tout l’embarras d’une situation quand des tiers en ont eu, eux, tous les bénéfices.

Elle trouve son origine dans la locution latine « Delirant reges, plectuntut archivi » dont la traduction littérale est : « les grands font des fautes et le peuple en porte la peine ».

Molière l’utilise dans sa pièce la « Comtesse d’Escabagnas ». Dans la scène II un des personnages dit : « Je ne sais de quelle façon M. Tibaudier a été avec vous, mais M. Tibaudier n’est pas un exemple pour moi et je ne suis pas d’humeur à payer les violons pour faire danser les autres. ».

La tradition à l’époque consistait à donner des sérénades sous les balcons de celle que l’on voulait conquérir. Or il arrivait bien sûr que celui qui payait les violons ne soit pas récompensé par la belle !

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Le dindon de la farce

le dindon de la farce

Pourquoi dit-on « le dindon de la farce » ?

Il existe plusieurs explications au sujet de cette expression signifiant « être la victime ridicule dans une affaire, se faire rouler » que l’on trouve dès 1790.

Selon la première hypothèse, l’expression serait une référence aux pères dindons des comédies bouffonnes du Moyen Âge. Le personnage traditionnel du père dindon était le père crédule, dupé par ses enfants qui lui manquaient de respect. Le dindon symbolisait alors le ridicule, et la farce était une pièce comique.

La seconde hypothèse est liée aux spectacles forains. Au 18ème et 19ème siècle, un spectacle à la mode dans les fêtes foraines consistait à placer des dindons sur une plaque métallique qui était chauffée progressivement. Les dindons se mettaient ainsi à sautiller sur un fond musical. Le spectacle c’est à dire la farce des dindons torturés faisait rire à l’époque.

En 1844, ce « ballet des dindons » fut interdit, en même temps que les combats d’animaux.

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Montrer patte blanche

Quelle est l’origine de l’expression: « Montrer patte blanche » ?

« Montrer patte blanche » signifie donner un signe de reconnaissance pour être autorisé à entrer dans un lieu. Par ce geste on prouve que l’on est digne de confiance.

Cette expression semble trouver son origine, ou du moins l’explication de sa popularisation, dans une fable de Jean de La Fontaine qui date de 1668 : Le loup, la chèvre et le chevreau. Dans cette histoire, la chèvre s’absente et doit laisser son chevreau seul. Elle lui recommande durant son absence de n’ouvrir à personne, d’être méfiant et d’attendre son retour.
Consigne supplémentaire, le chevreau devra demander à voir la patte du visiteur avant d’ouvrir, pour s’assurer qu’elle est bien blanche, comme celle de sa mère et non pas sombre comme celle du loup.

Il faudra attendre plus de deux siècles après la mort de La Fontaine pour trouver cette expression reprise dans un ouvrage.