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Être un pigeon

Un pigeon

D’où vient l’expression « être un pigeon » ?

Celui qui est ou passe pour un pigeon, s’est fait duper. Pourquoi donc cette métaphore animale fait du pigeon une victime dès le 15ème siècle ?

A l’origine le mot « dupe » est une déformation de la « huppe », un oiseau fort apprécié par les classes aisées de l’époque et possédant une crête imposante. Lui ôter sa huppe, le « dé-hupper » donc, consistait à le plumer, rapidement devenue « duper ». Appliquée aux hommes, celui qui s’est fait plumer à bien été victime d’une malhonnêteté, d’un mauvais tour.

Mais le pigeon étant moins rare que la huppe, il a vite servi à désigner le « dupe », celui qui s’est fait avoir et qui en conséquence est parfois la cible de moqueries.

A noter par ailleurs qu’au Moyen Âge les pigeonniers étaient signes de richesse. Certains pouvaient tromper sur le nombre de volatiles en leur possession pour tromper autrui sur leur fortune personnelle.

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Joindre les deux bouts

joindre les deux bouts

Quelle est l’origine de l’expression « joindre les deux bouts » ?

Avoir des difficultés à joindre les deux bouts signifie avoir des fins de mois difficiles, se trouver dans une situation financière problématique.

Cette expression trouverait son origine dans une mode vestimentaire datant du XVIème siècle, la collerette. A cette époque la tendance des cols montants à dentelle pour les femmes gagne les hommes. Au milieu du siècle la collerette devient un accessoire distinct de la chemise et prend le nom de « fraise ». Elle devient rapidement un signe de réussite sociale et financière.

Aussi certains nobles peu fortunés se faisaient confectionnés des fraises démesurément grandes pour laisser croire à une immense richesse. Mais en conséquence cela élargissait considérablement la taille de leur tour de cou une fois habillé. Aussi durant les repas, leur serviette, dont il n’avait pas ajusté la taille proportionnellement à celle de la collerette, se trouvait être trop petite pour être nouée. Ils avaient donc au sens propre du mal à «joindre les deux bouts».

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De derrière les fagots

de derrière les fagots

Pourquoi dit-on « de derrière les fagots » ?

On dit que quelque chose sort de « derrière les fagots » pour souligner son caractère surprenant ou précieux. Cette expression est apparue au XVIIIème siècle au sujet du vin.

Les bouteilles des meilleurs crus étaient alors conservées derrière des fagots de bois afin de les protéger de la convoitise d’éventuels visiteurs, mais aussi pour maintenir les conditions optimales de leur conservation y compris durant les rudes mois d’hiver. Ces fagots servaient par ailleurs à faire démarrer les feux dans les cheminées.

Quant aux bouteilles elles étaient réservées aux grandes occasions ; idée d’excellence et de rareté que l’expression évoque parfaitement encore de nos jours. Mais progressivement le sens de cette expression s’est élargi et diversifié au point de ne plus être strictement limité au domaine viticole. Elle permet aujourd’hui de mettre en évidence la préciosité de toutes choses.

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De joyeux drilles

de joyeux drilles

Pourquoi dit-on « de joyeux drilles » ?

« De joyeux drilles » désignent d’heureux camarades.

Si l’adjectif « joyeux » ne pose pas de difficulté, « drille » semble plus énigmatique. Au 17ème siècle il sert à nommer les militaires quelque peu vagabonds. Rarement seuls ils se déplaçaient en groupe. Fréquemment éméchés, ils avaient la réputation d’être des fêtards qui se comportaient entre eux comme de bons camarades, s’aidant mutuellement quelles que soient les situations rencontrées.

Dès lors on comprend pourquoi l’image des joyeux drilles, ces compagnons rigolards, qui a traversé les siècles reste positive malgré leurs éventuels méfaits.

Aujourd’hui les « joyeux drilles » qui ne sont plus seulement des soldats, peuvent être parfois qualifiés de « joyeux lurons ». Certains affectionnent encore cette autre expression légèrement surannée au sens approchant, « Roger Bontemps », pour désigner plus spécifiquement une personne qui vit dans la bonne humeur, sans souci.

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Frais comme un gardon

frais comme un gardon

Pourquoi dit-on « frais comme un gardon » ?

Celui qui est « frais comme un gardon » est en pleine forme. Cette métaphore date du XVIIème siècle. A une époque où ni le réfrigérateur ni le congélateur n’était encore disponible il fallait consommer les aliments peu de temps après les avoir achetés, chassés ou pêchés. Justement nous devons notre expression au domaine de la pêche.

Un poisson était particulièrement apprécié, le gardon. En effet par ces temps où les périodes de disette étaient assez fréquentes, il avait la particularité de pouvoir être conservé bien plus longtemps que les autres poissons. Il fallait le sécher certes mais ensuite il pouvait être conservé sur de longues périodes. Il restait donc « frais », c’est-à-dire comestible.

Ainsi en raison de sa conservation bien supérieure à la moyenne, il devint sur les marchés une référence pour vanter la fraicheur d’un produit.

L’expression s’appliqua ensuite progressivement aux individus dont on voulait souligner l’état de forme physique.

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Sous la houlette

sous la houlette

Pourquoi dit-on « sous la houlette » de quelqu’un ?

On peut dire de quelqu’un qui se trouve sous le commandement, la protection ou la conduite d’une autre personne, qu’elle est « sous sa houlette ». Ainsi par exemple des adolescents qui souhaitent devenir sportifs professionnels peuvent être placés pour la durée d’un stage « sous la houlette » d’un entraineur célèbre et respecté.

Cette expression est une métaphore pastorale datant du XIIIème siècle. La « houlette » est en effet un bâton de berger particulier utilisé depuis cette époque. Sa forme recourbée en son extrémité forme un crochet, un peu à la façon de la crosse des évêques. Grâce à cet appendice on peut attraper facilement les animaux par leurs pattes.

De plus à son extrémité se trouve une plaque métallique incurvée, qui permet aux bergers de saisir et de projeter des cailloux ou des mottes de terre sur les animaux, brebis, vaches ou moutons, qui sortiraient du troupeau.

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Coincer la bulle

coincer la bulle

D’où vient l’expression « coincer la bulle » ?

« Coincer la bulle » consiste à ne rien faire.

Datée du XXème siècle, cette expression vit le jour dans le domaine des armées. Au cours d’exercices de tirs de mortiers à l’Ecole militaire de Saint-Cyr les soldats devaient s’assurer que cette arme était parfaitement à l’horizontale. Pour vérifier que tel était le cas, ils utilisaient un niveau, cet instrument connu en maçonnerie qui présente en son centre un petit réservoir de liquide et une bulle d’air coincée à l’intérieur. Quand la bulle est au milieu, exactement entre deux marques, cela signifie que le support sur lequel le niveau est posé est bien à l’horizontale.
Une fois que les artilleurs avaient constaté que tel était le cas sur le niveau posé sur l’arme, ils avaient « coincé la bulle » et n’avaient plus qu’à attendre les instructions.

Cette marque de passivité fut ensuite reprise dans le langage courant.

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S’attirer des bricoles

s’attirer des bricoles

D’où vient l’expression « s’attirer des bricoles » ?

Personne ne veut « s’attirer des bricoles » c’est-à-dire des ennuis, dont la gravité pousse souvent leur auteur devant les tribunaux.

Le terme « bricole » date du Moyen Age. Il s’agissait d’une arme semblable à une catapulte avec balancier et contrepoids, utilisée à partir du 11ème siècle. Fort redoutée, elle permettait d’envoyer des boulets et autres projectiles sur les positions ennemis à quelques dizaines de mètres.

Cette arme tire son nom du caractère hâtif de sa conception. Elle était en effet souvent fabriquée avec le matériel trouvé sur le champ de bataille. Néanmoins elle était extrêmement dangereuse. Les personnes se trouvant dans son périmètre d’action prenaient de grands risques. Plus tard, bien que perfectionnée pour envoyer des charges plus lourdes, elle perdit toute utilité avec l’essor des canons. Devenue obsolète sur les terrains d’affrontements militaires elle a cependant traversé les siècles dans notre langage.

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À la Saint-Glinglin

à la Saint-Glinglin

D’où vient l’expression « à la Saint-Glinglin » ?

Ce qui doit avoir lieu « à la Saint Glinglin » n’arrive jamais. Il s’agit en effet d’un jour fictif auquel il est fait référence pour fixer à une date éloignée et indéterminée la réalisation d’un évènement.

Apparue à la fin du XIXème siècle, l’expression utilise le mot « Saint » par déformation de « seing » du latin « signum » qui désigne une signature. Mais en ancien français il désignait une cloche.

Quant à « Glinglin » deux hypothèses existent. Pour certains linguistes il s’agit du doublement de l’onomatopée « glin », le son produit par les cloches. Pour d’autres « Glinglin » viendrait du verbe « glinguer » signifiant « sonner ».

Donc dans les deux cas « à la Saint Glinglin » signifie « quand les cloches sonneront ». Le problème est que nul ne sait de quelles cloches il s’agit ! Et quand sonneront-elles ? Peut-être « quand les poules auront des dents » !

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Malin comme un singe

malin comme un singe

Pourquoi dit-on « malin comme un singe » ?

Aujourd’hui « malin comme un singe » signifie futé, preuve d’un esprit ingénieux, une intelligence tactique. Mais à l’origine, c’est-à-dire au XVIIIème siècle, le sens de cette expression était différent.

En latin, « malignus » qui donna « malin » faisait référence à une personne perfide et déloyale. Elle portait en elle une partie du Mal. Ainsi dans la culture chrétienne du Moyen Age, le « malin » était une créature maléfique, démoniaque, dont le singe était considéré comme l’incarnation. Il est donc logique que le singe fut « malin ». Il ne s’agissait donc pas de faire un compliment à l’animal mais bien au contraire de le comparer au Diable.

Avec le temps et la distance prise par la société avec la religion, tout comme les progrès scientifiques dans le domaine de la connaissance animale, le sens de l’expression évolua pour désigner avec une certaine pertinence, l’ingéniosité d’un individu.