C’est un fait, vous mangez de moins en moins de viande, mais davantage de charcuterie, jugée plus simple et plus rapide à préparer. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe la viande dite « transformée », essentiellement la charcuterie, dans la catégorie des agents « cancérogènes pour l’homme ».
L’établissement public FranceAgriMer — qui s’occupe d’appliquer les mesures prises par la politique agricole commune, et de mener à bien certaines actions nationales en faveur des filiales agricoles —, rapporte que la consommation de viande en France par habitant recule depuis maintenant une quinzaine d’années : 86 kg (non désossés) en 2014, contre 94 kg en 1998. Les consommateurs privilégient la volaille et les produits élaborés au détriment du porc et du bœuf.
Les raisons de cette tendance ?
– Le prix des viandes qui augmente plus vite que l’inflation à l’exception du porc.
– Selon FranceAgriMer, vous recherchez davantage « de produits ayant un long délai de conservation, et peu de préparation, ne demandant pas ou peu de préparation, avec un temps de cuisson réduit et faciles à préparer ». Vos choix se portent donc naturellement sur les cordons bleus, steaks hachés, découpes de volaille, charcuteries… Même si les prix sont parfois plus élevés.
– Les effets de la crise économique ont également pu accentuer cette tendance, vous poussant ainsi à privilégier les céréales, le pain ou les produits sucrés.
On observe la même tendance dans le reste de l’Europe. Une baisse significative qui laisse donc la part belle au « prêt-à-manger ».
« La charcuterie est pratique », résume Robert Volu, président de la Fédération française des industriels charcutiers-traiteurs (Fict). « Les tranches de jambon sont prêtes, les tranches de saucisson sont faciles à faire, le pâté peut se consomme rapidement, les rillettes aussi, les andouillettes ont déjà été précuites. Ce sont des produits qui sont prêts à manger », ajoute-t-il. Pour preuve, le secteur affiche une légère croissance entre 0 et 1 % par an depuis une quinzaine d’années. Il s’en est d’ailleurs vendu 1,1 million de tonnes en 2014, dont les 450 références pour la production domestique représentent près de 87 %.
Une tendance étonnante lorsque l’on sait que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) – l’agence cancer de l’organisation mondiale de la santé (OMS) – s’est basé sur plus de 800 études pour classer la viande dite « transformée », essentiellement la charcuterie, dans la catégorie des agents « cancérogènes pour l’homme », tandis que les viandes rouges (incluant porc et veau) font partie de la catégorie « probablement cancérogène ».
Pour autant rien n’est perdu, puisque le niveau de consommation de charcuterie des Français est largement inférieur au seuil des 50 grammes par jour au-delà duquel le risque de cancer colorectal augmente de 18 %. Sur les résultats de l’étude « Inca 2 » menée en 2006-07 par l’Agence nationale de l’alimentation (Anses), nous en consommons en réalité 34,3 grammes en moyenne par jour.
Par ailleurs, à l’initiative du syndicat des Jeunes agriculteurs (JA), des éleveurs ont investi les grandes surfaces alimentaires dans le but d’étiqueter les viandes dont la provenance était non déterminée, d’un autocollant « viande de nulle part ». « Il y a eu beaucoup de dénigrements de grandes marques de charcuterie de la part des éleveurs. L’accusation +viande de nulle part+ ne crée pas un mouvement positif par rapport à nos charcuteries », précise Robert Volu. Un mouvement qui a peut-être induit une baisse de la consommation (1 %) de viandes prêtes à manger sur les 12 derniers mois.