Mieux repérer la maltraitance, surtout lorsqu’elle est « peu visible », pour améliorer sa prise en charge : voilà le plan de lutte contre les violences faites aux enfants, lancé par la ministre des Familles, qui comptera une vingtaine de mesures.
Le « premier plan interministériel de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants », est prévu sur trois ans (2017-2019) et a été lancé le 1er mars 2017. Il aura quatre objectifs : quantifier et comprendre les violences, sensibiliser et prévenir, former les professionnels et accompagner les victimes.
Lors d’une conférence de presse, la ministre a déclaré que l’« on est ému par les drames, incontestablement trop nombreux, mais ce n’est pas la plus grande masse des violences faites aux enfants. Le vrai sujet, c’est le quotidien de milliers d’enfants qui en sont victimes, qu’on ne décèle pas, ou qu’on tait car on ne sait pas à qui le dire ».
Depuis le 1er mars 2017, une campagne nationale a été lancée, avec des affiches et des vidéos ayant comme slogan : « Enfants en danger : dans le doute, agissez ! ». Son but est de faire connaître le 119 (Allo enfance en danger) et « d’alerter la société sur le fait que l’immense majorité des violences sont commises dans le cadre familial », a poursuivi la ministre.
Un phénomène mal connu en France
Chaque année, le 119 signale 47 000 cas de maltraitance d’enfants, mais les statistiques officielles manquent. Les plus vulnérables restent les nourrissons : « il y a un nombre de cas non négligeable de crimes qui passent inaperçus, mis au compte de la mort inexpliquée », a dit Mme Rossignol, appelant les médecins à « être suspicieux ».
La prévention du syndrome du « bébé secoué » est également intégrée au plan, grâce à une actualisation de ce thème dans le carnet de santé et la distribution du guide « Jeunes parents », envoyé par les CAF au 5e mois de grossesse. Pour les médecins, qui ne font que 5 % des signalements d’enfants, selon la ministre, un « référent maltraitance » sera désigné dans chaque hôpital, une des mesures phares de ce plan.
Le reste des mesures prises entend également prôner une « éducation non violente », briser le tabou de l’inceste, éloigner les enfants de la pornographie ou revoir les formations des magistrats, travailleurs sociaux, personnels de la petite enfance et médecins.
À deux mois de la fin du quinquennat justement, Mme Rossignol a déclaré que ce plan devait « inciter (ses) successeurs à inscrire ce combat dans la durée en le complétant par d’autres plans comme on l’a fait pour les violences faites aux femmes ».