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La cigarette électronique est-elle réellement sans risque ?

Depuis son arrivée sur le marché français en 2013, la e-cigarette est devenue un véritable objet du quotidien pour certain. Guillaume Beltramo, pneumologue au CHU de Dijon, nous éclaire sur les risques d’allergies respiratoires pour les fumeurs de cigarettes électroniques.

Cigarette électronique

Depuis son arrivée sur le marché français en 2013, la e-cigarette est devenue un véritable objet du quotidien pour certain. Guillaume Beltramo, pneumologue au CHU de Dijon, nous éclaire sur les risques d’allergies respiratoires pour les fumeurs de cigarettes électroniques.

Connaît-on les risques sur le long terme de la cigarette électronique ?

À l’heure actuelle, nous n’avons pas assez de recul et peu de données, car la mise sur le marché date de 2009. En revanche, on peut la mettre en cause dans des pathologies chez certains consommateurs peu nombreux, mais qui pourront prendre de l’importance à l’avenir avec la prolongation de l’exposition à la cigarette électronique. Sur le plan respiratoire, on observe des détresses respiratoires comme des pneumopathies lipidiques du poumon qui sont des réactions du poumon aux constituants de l’e-cigarette.

Les allergies respiratoires peuvent-elles être provoquées par la cigarette électronique ?

Oui, il y a un lien direct entre l’e-cigarette et les allergies respiratoires. On pourrait observer une augmentation des cas d’allergies avec une consommation prolongée massive des cigarettes électroniques dans la population. Des études ont montré que la cigarette électronique provoque des modifications de l’immunité locale, des colonisations des voies aériennes par staphylocoque doré, qui est un facteur de risque de sensibilisation aux allergènes de l’air ambiant (pollens, acariens) et une aggravation de la réponse aux allergènes chez les patients non allergiques.

Quels composants de la cigarette électronique peuvent être néfastes ?

Les toxiques et les arômes, notamment l’arôme de cannelle, qui est fortement impliquée sur la part infectieuse et l’allergie. Par ailleurs, le diacéthyle, un additif alimentaire qui donne le goût de beurre au pop-corn, peut être dangereux en inhalation. Le glycol et la glycérine végétale qui sont les diluants principaux des e-liquides (70-90 %) n’ont pas d’effets secondaires. Par contre, chauffés, ces produits ont un risque de toxicité, notamment le diacétyle, carcinogène. Une utilisation déraisonnée ou abusive va conduire à la formation de ces impuretés et à la libération de toxiques via les plastiques et les métaux de la cigarette.

Toutes les e-cigarettes se valent-elles et peuvent-elles être utilisées sur la durée ?

Il vaut mieux utiliser des produits qui rentrent dans le cadre des réglementations françaises Afnor. Une norme européenne va homogénéiser les normes en 2017-2018. Aujourd’hui en France, les produits qui ne contiennent pas de nicotine ne sont pas soumis à règlementation. Dans les prochaines années, on saura probablement les arômes à éviter, qui font l’objet de travaux actuellement. Il faut rappeler que le but n’est pas l’utilisation à long terme de la cigarette électronique, mais d’arrêter de fumer. Le plus grand risque est de continuer à fumer tout en vapotant ce qui augmente l’exposition aux polluants. Il faut également se méfier des troisièmes générations d’e-cigarettes qui peuvent aboutir à des surchauffages des liquides qui provoquent une combustion des toxiques et carcinogènes.

L’e-cigarette est-elle conseillée lorsque l’on veut arrêter de fumer ?

On ne peut pas prouver l’efficacité de l’e-cigarette en termes de sevrage tabagique ni sa sûreté d’utilisation. En revanche, elle semble moins dangereuse, car elle contient moins de constituants chimiques qui sont 9 à 450 fois moins dosés que dans la cigarette classique. C’est un outil intéressant pour le sevrage de certains patients, car le but est d’éviter à tout prix le tabac. Les dernières recommandations françaises de santé préconisent en première intention les substituts nicotiniques (patchs, gommes à mâcher, inhalateur). Ceci dit, on ne ferme pas la porte à la cigarette électronique dans le cadre d’un sevrage.

D’après le baromètre de l’Inpes paru en février 2015, c’est la France qui compte le plus de vapoteurs en Europe, devant le Royaume-Uni. Presque 3 millions de français utilisent la cigarette électronique régulièrement, et la moitié d’entre eux fument tous les jours.

À partir du 1er octobre 2017, « vapoter » dans certains lieux publics et au travail sera passible d’une amende de 150 euros.

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