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Le harcèlement scolaire décrypté par la thérapeute Emmanuelle Piquet

Harcèlement scolaire

Tous les ans, la thérapeute Emmanuelle Piquet, auteur de « Te laisse pas faire », reçoit 2 000 enfants victimes de harcèlement scolaire. Pour aider ces jeunes victimes, elle a créé il y a dix ans, les centres chagrin scolaire, afin de les armer face aux attaques qu’ils subissent dans les cours de récréation. Délivrées en trois sessions, ces stratégies de défense se basent sur des jeux de rôle.

Le harcèlement scolaire gagne-t-il du terrain en milieu scolaire ?

Oui, j’observe un syndrome de popularité grandissant ces dernières années, dès la primaire. Il ne faut surtout pas être un sans-ami fixe, un « bolos » sous peine d’être marginalisé. Il faut absolument faire partie du « bon » groupe, être très populaire ou dans le sillage d’un copain populaire. Phénomène plus nouveau, les parents sont très inquiets des relations de leur enfant à l’école, plus que des notes. Les mères, par exemple, comptent les invitations aux anniversaires de peur que leurs enfants soient délaissés. Ces angoisses se transmettent aux enfants qui craignent de se retrouver tout seul sur un banc dans la cour.

Quels sont les types de violence qui ressortent le plus des consultations ?

Ce qui revient le plus, c’est l’isolement. L’enfant avec qui on ne joue pas, ne parle pas, à qui on ne donne pas la main. Ensuite, il y a le harcèlement symbolique qui consiste à donner des surnoms horribles, coller des étiquettes du type « trop bon » à l’école ou « pas assez ». Il n’y a pas de profil type d’enfant harcelé. Tout enfant peut être en situation de vulnérabilité avec, par exemple, le chômage d’un parent ou le décès d’un grand-parent. Le harceleur est plutôt un gamin qui a de la répartie et le sens de l’humour, d’où sa popularité.

Comment un enfant peut-il concrètement se défendre ?

On l’aide d’abord à quitter la croyance selon laquelle il ne peut pas avoir d’impact sur la situation. Ensuite, on va se servir des insultes et des attaques du harceleur. Une des armes infaillibles pour casser la popularité et le pouvoir est l’humour et l’autodérisation. Pour cela, l’enfant doit apprendre à accepter l’attaque et en jouer. Il faut ridiculiser l’enfant harceleur dans son action en public et non personnellement. Parfois regarder l’autre dans les yeux peut suffire à désamorcer les attaques.

Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Les réseaux sociaux – souvent source d’attaque et de moquerie – peuvent constituer une arme de défense très puissante. On a eu une jeune fille que les élèves appelaient Zlatan, ce qui n’est pas très agréable quand on a 16 ans… Cette jeune fille a donc changé sa photo de profil et elle a mis une image de Zlatan. Une façon de dire « Allez-y, j’adore, je trouve ça tellement drôle ». Ça les a calmés, ce n’est plus intéressant quand la personne ne se débat plus.

Quels conseils donneriez-vous aux parents ?

Il ne faut pas agir sans l’accord de l’enfant pour ne pas renforcer sa vulnérabilité. On ne pose pas trop de questions le soir pour éviter de créer un climat anxiogène. Si l’enfant manque de confiance en lui pour s’affirmer et rétorquer, on peut mettre en place des jeux de rôle à la maison en faisant jouer le méchant à la maman ou aux frères et soeurs, jusqu’à ce que la bonne réplique sorte.

Pour aller plus loin : « Te laisse pas faire ! » et « Je me défends du harcèlement » d’Emmanuelle Piquet (Editions Payot et Albin Michel).

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Comment lutter contre la phobie scolaire ?

Enfant qui a peur d'aller à l'école.

Sous le terme de « phobie scolaire », se cache un trouble du comportement anxieux plus qu’un refus d’aller à l’école. L’association Phobie scolaire, rend compte d’un phénomène en augmentation et livre des pistes pour y remédier.

Quand l’école rend malade

La phobie scolaire représenterait 1 à 5% des enfants scolarisés dans les pays occidentaux. Absentéisme, difficultés croissantes pour se rendre à l’école voire déscolarisation totale, le terme de « phobie scolaire » que réfutent les psychologues, masque une véritable détresse de l’enfant qui refuse d’aller en classe parce qu’il ressent une angoisse liée à l’établissement et à l’environnement scolaires.

Ce trouble peut se traduire par différents signes avant-coureurs comme les nausées, les maux de tête, des crises d’angoisse ou de spasmophilie.

Le Dr Marie-France Le Heuzay, responsable de l’unité de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert Debré à Paris l’explique par différents facteurs qui sont personnels à chaque élève. On y retrouve la peur excessive de l’échec ou du jugement, la confrontation à des situations de harcèlement ou encore la peur ancienne de la mort et de la séparation réactualisée par un traumatisme récent.

Les jeunes atteints de phobie scolaire multiplient les absences, restent parfois enfermés chez eux, renoncent à leurs loisirs et s’isolent, ne parvenant même plus, pour certains, à se lever le matin. Or, selon le Dr Le Heuzay, il est impératif que l’enfant bénéficie d’une prise en charge sans tarder, au risque de compliquer plus encore le retour en classe.

Organiser la prise en charge

La phobie scolaire doit être diagnostiquée par un médecin qui orientera le jeune en difficulté vers un spécialiste pouvant alors proposer une alternative médicamenteuse, une psychothérapie, voire une hospitalisation, en fonction du degré du trouble.

Différentes structures sont aussi à même d’aider ces élèves comme les Centres médico-psychologiques (CMP), les Centres médico-psycho-pédagogique (CMPP), les maisons des adolescents ou encore les Points accueil écoute jeunes (PAEJ). La reprise de la scolarisation est progressive. Au sein de l’unité de psychopathologie de l’hôpital Robert Debré, les enfants et adolescents qui souffrent de phobie scolaire peuvent aller dans le centre scolaire dédié, encadrés par les enseignants de l’Éducation nationale.

À l’Espace méditerranéen de l’adolescence de l’Hôpital Salvator de Marseille, fondé par le pédopsychiatre Marcel Rufo, de nombreux phobiques scolaires ont le loisir de suivre des ateliers de parole, de sophrologie, de relaxation ou de web radio, ainsi que des cours dispensés par des professeurs de l’Éducation nationale. Ils peuvent même y passer leurs examens.

Réinsertion scolaire

Si en France, il n’existe pas encore d’école spécialisée, la Belgique vient elle de créer « Les Ados de Robert Dubois », une nouvelle section de cette école de l’enseignement spécialisé à destination des enfants phobiques.

Si les cours par correspondance sont déconseillés, les phobiques scolaires peuvent parfois bénéficier du Service d’accompagnement pédagogique à domicile (SAPAD) ou d’aménagements comme le Projet d’accueil individualisé (PAI) qui module l’emploi du temps de l’élève.

L’Association Phobie scolaire (APS) a vu le jour pour faire reconnaitre cette maladie et a créé un réseau de correspondants régionaux destinés à venir en aide aux familles concernées.

www.phobiescolaire.org