Sous le terme de « phobie scolaire », se cache un trouble du comportement anxieux plus qu’un refus d’aller à l’école. L’association Phobie scolaire, rend compte d’un phénomène en augmentation et livre des pistes pour y remédier.
Quand l’école rend malade
La phobie scolaire représenterait 1 à 5% des enfants scolarisés dans les pays occidentaux. Absentéisme, difficultés croissantes pour se rendre à l’école voire déscolarisation totale, le terme de « phobie scolaire » que réfutent les psychologues, masque une véritable détresse de l’enfant qui refuse d’aller en classe parce qu’il ressent une angoisse liée à l’établissement et à l’environnement scolaires.
Ce trouble peut se traduire par différents signes avant-coureurs comme les nausées, les maux de tête, des crises d’angoisse ou de spasmophilie.
Le Dr Marie-France Le Heuzay, responsable de l’unité de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert Debré à Paris l’explique par différents facteurs qui sont personnels à chaque élève. On y retrouve la peur excessive de l’échec ou du jugement, la confrontation à des situations de harcèlement ou encore la peur ancienne de la mort et de la séparation réactualisée par un traumatisme récent.
Les jeunes atteints de phobie scolaire multiplient les absences, restent parfois enfermés chez eux, renoncent à leurs loisirs et s’isolent, ne parvenant même plus, pour certains, à se lever le matin. Or, selon le Dr Le Heuzay, il est impératif que l’enfant bénéficie d’une prise en charge sans tarder, au risque de compliquer plus encore le retour en classe.
Organiser la prise en charge
La phobie scolaire doit être diagnostiquée par un médecin qui orientera le jeune en difficulté vers un spécialiste pouvant alors proposer une alternative médicamenteuse, une psychothérapie, voire une hospitalisation, en fonction du degré du trouble.
Différentes structures sont aussi à même d’aider ces élèves comme les Centres médico-psychologiques (CMP), les Centres médico-psycho-pédagogique (CMPP), les maisons des adolescents ou encore les Points accueil écoute jeunes (PAEJ). La reprise de la scolarisation est progressive. Au sein de l’unité de psychopathologie de l’hôpital Robert Debré, les enfants et adolescents qui souffrent de phobie scolaire peuvent aller dans le centre scolaire dédié, encadrés par les enseignants de l’Éducation nationale.
À l’Espace méditerranéen de l’adolescence de l’Hôpital Salvator de Marseille, fondé par le pédopsychiatre Marcel Rufo, de nombreux phobiques scolaires ont le loisir de suivre des ateliers de parole, de sophrologie, de relaxation ou de web radio, ainsi que des cours dispensés par des professeurs de l’Éducation nationale. Ils peuvent même y passer leurs examens.
Réinsertion scolaire
Si en France, il n’existe pas encore d’école spécialisée, la Belgique vient elle de créer « Les Ados de Robert Dubois », une nouvelle section de cette école de l’enseignement spécialisé à destination des enfants phobiques.
Si les cours par correspondance sont déconseillés, les phobiques scolaires peuvent parfois bénéficier du Service d’accompagnement pédagogique à domicile (SAPAD) ou d’aménagements comme le Projet d’accueil individualisé (PAI) qui module l’emploi du temps de l’élève.
L’Association Phobie scolaire (APS) a vu le jour pour faire reconnaitre cette maladie et a créé un réseau de correspondants régionaux destinés à venir en aide aux familles concernées.
www.phobiescolaire.org