Près de la moitié des adolescents ont confiance en l’avenir, les trois-quarts reconnaissent avoir besoin de limites, et la plupart estime que les adultes s’inquiètent trop à leur sujet, selon une grande enquête coordonnée par l’Inserm, publiée jeudi.
L’enquête « portraits d’adolescents », réalisée en 2013 à l’aide d’auto-questionnaires, confronte les perceptions de 15.235 jeunes scolarisés, âgés de 13 à 18 ans, sur leur propre adolescence.
La génération des adolescents d’aujourd’hui est souvent présentée comme inconsciente, désenchantée, paresseuse et dépendante des objets plus que des liens. L’étude montre elle que près de la moitié des adolescents (48,4%) a confiance en l’avenir (surtout les garçons, 58,6% contre 38,9% de filles).
Une grande majorité se sent bien dans ses relations avec ses parents, et pense que ces derniers posent un regard positif sur eux, même si la plupart estime que les adultes en général sont trop inquiets à leur sujet (72,8%).
Loin d’être submergés par le consumérisme, 88% des ados (90,3% des filles et 85,5% des garçons) considèrent que leur propre valeur ne dépend pas du nombre d’objets qu’ils possèdent, selon l’enquête. La valeur qu’ils s’accordent est liée à l’image qu’ils donnent aux autres, à leurs résultats scolaires, mais aussi à leur créativité.
Leurs avis sur les prises de risque reflètent l’ambivalence de ces âges. Si plus de la moitié pense que les adultes posent trop de limites, ils sont encore plus nombreux à reconnaître en avoir besoin (74,9%), note l’Inserm. Mais, plus des 3/4 d’entre eux (77%) pensent que trop de limites poussent, au contraire, à prendre des risques. Et un peu plus d’un tiers des ados interrogés (34,1%) estiment que pour vivre bien, « il faut prendre des risques sans les calculer ».
L’adolescence n’est pas toujours une période facile, reconnaissent 56% des jeunes interrogés. Mais, phénomène inquiétant, les tentatives de suicide semblent être plus fréquentes qu’auparavant : 7,8% des jeunes en ont déjà effectué une, 3,7% plus d’une, souligne l’Inserm. La dépression touche 16,8% des filles et 7% des garçons. Et, par ailleurs, 38,9% des jeunes ont déjà pensé que « la vie ne valait pas la peine d’être vécue ».
« Des chiffres alarmants, d’autant qu’une très grande majorité des adolescents (74,5% de filles et 57,6% de garçons), privilégient l’isolement » lorsqu’ils se sentent mal. Une attitude qui peut rendre difficile le repérage de leur mal-être par les autres, les amis ne représentant que la 3e ressource, derrière l’écoute de la musique (surtout les filles) ou les jeux vidéo (surtout les garçons) », d’après les auteurs.
L’enquête (182 pages) sur divers sujets (santé physique et mentale, consommations, loisirs, sexualité) est co-signée de Catherine Jousselme, psychiatre (Inserm « santé mentale et santé publique », chef de service et du Pôle universitaire de la Fondation Vallée à Gentilly), Mireille Cosquer (psychologue clinicienne, statisticienne) et Christine Hassler (Inserm).