Depuis le mercredi 22 mars 2017, le casque est obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans à vélo.
Cette mesure qui avait été annoncée en octobre 2015, à l’occasion d’un Conseil interministériel de sécurité routière, oblige toutes les personnes transportant ou accompagnant un enfant de moins de 12 ans sans casque à vélo, à payer une amende de 4e classe, soit de 90 euros.
Pour certains, le port du casque est une évidence, à l’image de Stéphanie, une trentenaire parisienne qui a ressorti son vélo pour aller chercher sa fille Marine, quatre ans, à l’école. La mère et la fille portent un casque. « C’était pas déjà obligatoire ? Même sans loi, c’est du bon sens ! Qui ne met pas de casque à son enfant ? », s’étonne-t-elle.
Le casque est reconnu pour son rôle protecteur. Selon les chiffres donnés par la Sécurité routière, il diminue le risque de :
• Blessure sérieuse à la tête de 70 %,
• Blessure mineure de 31 %,
• Blessure au visage de 28 %.
Il est d’ailleurs obligatoire dans 12 pays de l’Union européenne :
• A tout âge en Finlande,
• Jusqu’à 18 ans en République tchèque et en Lituanie,
• Jusqu’à 16 ans en Espagne, en Croatie et en Estonie,
• Jusqu’à 15 ans en Suède, en Slovaquie et en Slovénie,
• Jusqu’à 12 ans en Autriche et en Lettonie,
• Et jusqu’à 10 ans à Malte.
« Il s’agit d’attirer l’attention de tous à travers une mesure qui est facile à accepter », précise le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe.
« C’est une mesure douce, qui a aussi une valeur pédagogique envers les parents », explique-t-il : « si un parent n’en met pas, l’enfant va demander+Pourquoi tu ne mets pas de casque ?+. On veut passer le massage par la voix des enfants ».
Une mesure pas forcément pertinente
La mortalité des cyclistes en France est repartie à la hausse en 2016 : 159 morts sur les routes (10 de plus qu’en 2015, + 7 %).
Le mois de février 2017 a été le plus clément : 203 morts. C’est le mois le moins meurtrier depuis mars 2013.
Malgré ces chiffres, la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette) estime que cette mesure n’est « pas la plus pertinente ».
« On n’est pas contre mais espérer que ça va changer la sécurité routière du cycliste, c’est un non-sens », précise Olivier Schneider, le président de la FUB. Il rappelle aussi qu’un seul enfant de moins de 12 ans est mort à vélo l’an dernier.
« Une véritable mesure de sécurité routière serait de systématiser l’apprentissage de la mobilité vélo à l’école primaire, pour savoir faire du vélo sur la voie publique (…) Ce n’est pas parce qu’on porte un casque qu’on va savoir éviter les accidents », précise-t-il.
« Et ça envoie le signal que faire du vélo est dangereux. Si on impose le casque aux cyclistes, pourquoi ne pas l’imposer aux passagers de voiture et aux gens qui prennent les escaliers ? Il y a 400 personnes qui tombent chaque année dans les escaliers et ont des traumatismes crâniens aigus », ironise-t-il.
Ce qui étonne le plus, c’est que cette mesure ne soit pas appliquée à l’ensemble de la population, et notamment aux personnes âgées qui sont celles qui paient le plus lourd tribut à deux-roues.
Une telle obligation pour les cyclistes pourrait entraver leur nouvel engouement pour les déplacements à vélo, que l’on doit aux systèmes de libre-service (Vélib’, Velo’v etc.) qui se développent depuis une dizaine d’années.